Les pensées de l’écologie : un manuel de poche, de Baptiste Lanaspeze et Marin Schaffner – Editions Wildproject, mars 2021 – 300 pages
Qu’est-ce que connaître le vivant ? Comment bien vivre sur Terre ? À partir de quels principes refaire des mondes ?
Depuis un demi-siècle environ, les humanités écologiques recomposent les relations entre nature et culture, homme et animal, éthique et biologie, connaissance et imagination. Sur ces grands enjeux politiques et moraux de notre époque, qui mobilisent les jeunes générations, ce manuel assemble des textes clefs, des autrices et des auteurs, des questions structurantes – mais présente aussi des lignes de faille et de débat.
Ce manuel repose sur une conviction simple : l’écologie n’est pas une nouvelle thématique qui s’ajoute aux autres – mais elle affecte l’intégralité des notions philosophiques et des enjeux de notre temps. Le projet de création d’un tel manuel sur les philosophies de l’écologie remonte à la fondation des éditions Wildproject en 2009. L’apparition d’une communauté grandissante d’auteurs, d’éditeurs, de libraires et de lecteurs le rend à la fois possible et nécessaire.
« Que peut encore la philosophie ? Au fil des pages de ce livre, nous avons vu qu’au cœur des problématiques écologiques actuelles se tient le spectre de la Raison, dans son acceptation occidentale moderne. C’est à une rénovation profonde de ce que penser veut dire que l’écologie appelle. Cette tâche, ce fût celle que se donna la philosophe éco-féministe australienne Val Plumwood (1939-2008) qui posa les bases d’une « écosophie radicale. »
Un panorama inédit sur un siècle de pensées de l’écologie pour tous les étudiants et les curieux.
Un manuel conçu et réalisé par Baptiste Lanaspeze, fondateur des éditions Wildproject, qui a contribué à importer et acclimater en France les pensées de l’écologie, et Marin Schaffner, ethnologue de formation, traducteur et éditeur associé des éditions Wildproject, auteur d’« Un sol commun : lutter, habiter, penser » (2019).
Au XIXe siècle, en Occident, dès qu’un moyen de transport public a pu franchir plus de 25 kilomètres à l’heure, il a fait augmenter les prix, le manque d’espace et de temps. (…) Une vitesse élevée est le facteur critique qui fait des transports un instrument d’exploitation sociale. (…). Entre des hommes libres, des rapports sociaux productifs vont à l’allure d’une bicyclette, et pas plus vite.
Ivan Illich, philosophe (1973)L’un des rôles de la philosophie à l’université a été d’accueillir ceux qui, venant d’ailleurs, avaient besoin de temps pour formuler les questions qui, ailleurs, signifiaient « perte de temps ». Ne pas accepter les questions toutes faites prend du temps, et seules les questions toutes faites seront donc académiquement viables dans l’avenir. Dans cet avenir, il y aura peut-être des philosophes à l’université mais ce seront des philosophes « rapides », publiant dans des revues professionnellement reconnues, lues par d’autres philosophes rapides. Mais ce qui a fait de moi une philosophe n’existera plus, à l’université du moins.
Isabelle Stengers, philosophe (2013)En passant du temps sur ce terrain de la vie et de la mort, j’ai pris conscience que l’extinction n’est jamais un événement brutal et singulier – quelque chose qui commence, se produit rapidement, puis se termine. Au contraire, la crête de l’extinction est plus souvent « diffuse » : un lent effilochage de modes de vie intimement enchevêtrés qui commence bien avant la mort du dernier individu et continue à se propager longtemps après, attirant des êtres vivants de différentes manières.
Thom van Dooren, philosophe (2021)
Extraits du livre « Les pensées de l’écologie : un manuel de poche »
Avec des extraits de :
David Abram – L’Alliance des Gardiens et des enfants de la Terre Mère – Günther Anders – Janine Benyus – Wendell Berry – Augustin Berque – Murray Bookchin – J. Baird Callicott – Rachel Carson – Pierre Clastres – Gilles Clément – William Cronon – Charles Darwin – Gilles Deleuze – Philippe Descola – Thom van Dooren – Vinciane Despret – Sue Donaldson – Arturo Escobar – Françoise d’Eaubonne – Silvia Federici – Vilém Flusser – Jack D. Forbes – Malcom Ferdinand – Michel Foucault – Amitav Ghosh – André Gorz – Félix Guattari – Émilie Hache – Donna Haraway – David Holmgren – Ivan Illich – Kinji Imanishi – Davi Kopenawa – Piotr Kropotkine – Will Kymlicka – Catherine Larrère – Raphaël Larrère – Bruno Latour – Aldo Leopold – Claude Lévi-Strauss – James Lovelock – Achille Mbembe – Lynn Margulis – Carolyn Merchant – Baptiste Morizot – Arne Næss – Val Plumwood – Elisée Reclus – Deborah Bird Rose – Kirkpatrick Sale – R. Murray Schafer – Vandana Shiva – Anne Simon – Gary Snyder – Starhawk – Isabelle Stengers – Christopher Stone – Henry David Thoreau – Anna Tsing – Eduardo Viveiros de Castro – Jakob von Uexküll – Frans de Waa.
Sommaire
1 – Qu’est-ce que connaître le vivant ?
- La science permet-elle de connaître la vie ?
- Le vivant a-t-il une valeur en soi ?
- Faut-il encore parler de nature ?
- Le monde est-il magique ?
- La nature est-elle libre ?
- Comment le vivant fait-il histoire ?
- Comment bien vivre sur Terre ?
- Qu’est-ce que la crise écologique ?
- Comment habiter les territoires de façon écologique ?
- Comment nourrir l’humanité sans détruire la terre ?
- Peut-on penser des techniques écologiques ?
- Qu’est-ce que bien vivre ?
- À partir de quels principes refaire des mondes ?
- Qu’est-ce que la nature humaine ?
- En quoi sommes-nous terrestres ?
- Peut-on faire société sans dominer la nature ?
- Comment articuler justice sociale et justice écologique ?
- Qu’est-ce qu’une esthétique écologique ?
- Qu’est-ce que l’écologie fait à la philosophie ?