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Les pépites françaises de l’économie numérique qui rivalisent avec les « grands » du secteur

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Deezer, Dailymotion, Viadeo, Criteo : nos quelques champions internationaux ne doivent pas occulter la 20ème place de la France dans l’économie numérique. 

deezerContrairement aux idées reçues, la France possède quelques très belles réussites mondiales dans l’économie numérique. Deezer, Dailymotiom, Viadeo, Criteo, les exemples ne manquent pas. En quelques années, ces start-ups françaises sont parvenues à se faire un nom sur la scène internationale. Réussites essentielles. L’économie numérique, levier majeur de la compétitivité, donc de la croissance économique d’aujourd’hui et de demain.

dailymotionEn France, Internet devrait atteindre un flux d’activité économique de 129 milliards d’euros en 2015, plus de 5 % du PIB. Une raison supplémentaire, s’il en fallait une, pour épauler tout particulièrement les jeunes pousses du digital, dont la faible taille rend l’internationalisationd’autant plus difficile. Nos pépites du numérique ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt.

La croissance sera numérique ou ne sera pas. En la matière, la France possède quelques très beaux champions mondiaux. Leaders sur leur marché domestique, ils ont en moins d’une quinzaine d’années réussi à se faire un nom à l’international. Jeux vidéo, logiciels, publicité digitale, distribution de contenus ou encore réseau social, voilà quelques-uns des secteurs où des Français excellent. Quelles sont donc ces jeunes pousses qui rivalisent avec des compétiteurs du monde entier, le plus souvent Américains et le plus sûrement Californiens ? Le suspense ne tient pas bien longtemps.

Les trop rares pépites françaises

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viadeoChacun d’entre nous a en effet entendu parler et probablement aussi utilisé le service d’écoute musicale Deezer ou celui de lecture vidéo Dailymotion. Créées respectivement en 2007 et 2005, les deux entreprises ont tout de grandes. La première compte plus de 26 millions d’utilisateurs dans près de 100 pays et la seconde 110 millions de visiteurs uniques dans 34 déclinaisons de sa page d’accueil. Les anglo-saxons Spotify (fondé par des Suédois à Londres) ou YouTube, propriété du tout-puissant Google, n’ont qu’à bien se tenir. Les deux plateformes françaises sont plus que des challengers, de véritables compétiteurs mondiaux sur les marchés de la musique et de la vidéo en ligne.

jeuxvideoEgalement b-to-c, mais plus professionnel, la France a aussi son champion mondial dans le monde des réseaux sociaux. Fondé en 2004, Viadeo défie plus que sérieusement le bulldozer américain LinkedIn. 45 millions de membres dans une douzaine des pays, le français affiche de très belles performances, en particulier dans les pays émergents en Chine, Inde et Russie. Longtemps en avance dans le domaine des jeux vidéo, notre pays compte toujours deux éditeurs sur le podium mondial : Activision-Blizzard, propriété de Vivendi, et UbiSoft produisent régulièrement des titres parmi les plus populaires au monde. La série Assassin’s Creed d’UbiSoft s’est vendue à plus de 30 millions d’exemplaires depuis 2007, y compris sur tablettes, le marché en plus forte croissance. La filiale de Vivendi a aussi son blockbuster : la série Call of Duty s’est vendue à plus de 130 millions d’exemplaires depuis sa création en 2003.

Etonnamment, la France compte aussi un leader mondial dans le matériel high-tech. Parrot domine sa « niche », ces appareils sans fils pour la voiture et la maison, en particulier en Bluetooth. Cette société réalise 85 % de son chiffre d’affaires à l’étranger. Un Français leader mondial dans le matériel électronique, du « hardware » nécessitant de la R&D, voilà bien une exception.

catiaTraditionnellement, les Français sont en effet de meilleurs leaders dans le domaine du software à l’instar de Dassault System. Son logiciel de conception en 3D, Catia, est depuis maintenant une trentaine d’années le standard de la conception aéronautique, puis industrielle. Boeing en est le principal utilisateur. Enfin,Criteo ? Cette année, le spécialiste de la publicité ciblée a remporté le premier prix du palmarès Technology Fast 50 de Deloitte avec un taux de croissance sur 5 ans jamais vu. En 2011, la société a réalisé plus de 140 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 80 % à l’international.

Malgré le constat d’une outrageuse domination des Américains dans l’univers du digital, quelques sociétés françaises arrivent à exister au niveau mondial. « Si le nombre de géants mondiaux que l’Internet français a réussi à produire se compte sur les doigts d’une main, je ne suis pas sûr qu’il y ait plus de champions mondiaux de l’Internet en Italie, Allemagne ou Espagne« , précise Gilles Babinet, entrepreneur, digital champion, chargé des relations entre la France et l’Europe sur les enjeux numériques. Dans bien des cas en Europe et en France, les champions locaux sont rachetés avant une introduction en Bourse et d’avoir franchi les frontières. Ibazar, Kelkoo, Pixmania, PriceMinister, les exemples ne manquent pas. Amazon, Google, Apple, eBay, Facebook, Twitter, LinkedIn, pour ne citer que les principaux, la plupart des géants mondiaux du digital sont américains.

siliconvalley2« Les Américains vivent les uns à côté des autres. Il y a une sorte d’émulation qui se crée dans la Silicon Valley, répond Guilhem Bertholet, cofondateur de WeLoveSaaS.com, service d’aide au choix de logiciels pour les entreprises. C’est un peu comme aux Jeux olympiques. Si les athlètes américains remportent autant de médailles d’or, c’est qu’ils ont beaucoup de compétiteurs dans leur pays », résume-t-il.

Taille de marché, langue anglaise, ressources et finances, les entreprises d’outre-Atlantique disposent de nombreux atouts que les Français n’ont pas. Et pourtant, certains rivalisent. « Nous sommes très fiers d’avoir réussi à prendre des positions sur des marchés où peu d’acteurs hexagonaux se sont imposés comme la Chine ou la Russie »,explique Dan Serfaty, le PDG de Viadeo. Son facteur clé de succès numéro 1 : « bien comprendre si le métier possède des particularités locales ou non ». Pour devenir international, Viadeo a choisi la voie d’acquisitions pays par pays. Pour aller plus vite. Dans l’industrie du Net, il y a une facilité : j’ai traduit, donc je suis international. C’est un peu court car il y a un monde entre traduire et prendre des positions solides. Autre qualité nécessaire : la persévérance. Dans le monde des start-ups, le plus brillant ne gagne pas nécessairement à la fin.

« Celui qui l’emporte est celui qui s’accroche le plus longtemps. Après des années de difficultés, une vision des usages ou d’un service est rattrapé par le marché. Et là, enfin la start-up grandit », explique Guilhem Bertholet. Comme un surfeur montant sur la vague, l’acte entrepreneurial peut mener très loin. Dailymotion dans la vidéo, Deezer dans la musique, Parrot dans le sans-fil ou Viadeo dans le social sont tous dans ce cas.

La croissance sera numérique, ou ne sera pas

croissancenumerique« La croissance viendra du numérique ou ne viendra pas », simplifie Guy Manou-Mani, président du Syntec numérique, association représentative des entreprises du secteur. Il est clair que le digital apporte de la compétitivité, de la différenciation et de la modernisation. L’économie numérique est partout, multisectorielle avec le e-commerce, les médias, les réseaux sociaux et les services online. Elle est aussi une composante de la chaîne de valeur de toute entreprise : industrielle, agricole, santé-sociale… En mai 2011, le cabinet de stratégie McKinsey s’est penché sur l’e-économie des pays du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie) ainsi que sur celle du Brésil, de la Chine, de l’Inde, de la Corée du Sud et de la Suède. Selon cette étude, Internet représente 3,4 % du PIB des économies des pays développés.

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internet2Si Internet était un secteur économique, il aurait d’ores et déjà dépassé ceux de l’éducation, de la communication, de l’agriculture, des services publics. Sa contribution totale au PIB mondial est supérieure à celle du PIB de l’Espagne ou du Canada. Au total, Internet génère chaque année plus de 5 500 milliards d’euros. En France, le poids économique de l’Internet devrait atteindre 129 milliards d’euros en 2015, soit un peu plus de 5 % du PIB. Pour Eric Hazan, directeur associé chez Mc Kinsey, « Internet est un petit peu comme l’électricité. Plus on diffuse cette technologie dans l’économie, plus elle sera un facteur d’accélération de la performance des entreprises et donc de la croissance ».

Les externalités positives du numérique sont très fortes : autour de ces technologies du Web, il y a de nombreux emplois induits. Dans les start-ups du Net mais également ailleurs. En fait, le numérique est un facteur de compétitivité pour tous. En intégrant le digital dans leur processus et leur métier, des industriels changent de dimension.

programmeur« En Allemagne, chez le constructeur automobile Audi ou le fabricant de téléphones Gigaset, les ouvriers spécialisés ne sont plus des tourneurs-fraiseurs mais des programmeurs informatiques », illustre Gilles Babinet. Utiliser à bon escient le numérique de manière générale pourrait donc générer des points de croissance supplémentaires. « Le digital a un effet d’entraînement, un effet démultiplicateur comme le disent les économistes. Pour maximiser cet effet, il faudrait bien plus de champions », appuie Frédéric Creplet, directeur général dAtelya, responsable du groupe d’études sur le numérique à l‘Institut Montaigne. Les entreprises technologies importantes servent de moteur d’entraînement. Par exemple, les fondateurs généralement très riches investissent dans des nouveaux projets comme les fondateurs de Google ou ceux d’eBay.

« Le digital est un secteur d’avenir, plaide Marie Ekeland, coprésidente de France Digitale, une association indépendante des start-ups et capitaux-risqueurs, et associée chez Elaia Partners, société de capital-investissement. Les entreprises du Web réalisent en moyenne 39 % de leur chiffre d’affaires à l’international contre 3 % pour les PME « classiques ». Par ailleurs, dans les start-up la moyenne d’âge est de 32 ans et 87 % des contrats sont des CDI. Nous sommes donc sur de l’emploi pérenne pour les jeunes. »

Le 20ème rang de la France

siteinternetMalheureusement, selon les rankings anglo-saxons, la France se situe autour de la 20e place mondiale dans l’économie numérique. Internet est resté à la porte de beaucoup d’entreprises. Deux PME sur trois n’ont toujours pas de site Web ! « Notre pays a du potentiel. Mais son économie doit aller encore plus loin et plus vite pour se retrouver sur une courbe de croissance qui ressemble à celle du Royaume-Uni », commente Eric Hazan. Au niveau mondial, la France n’est sans doute pas là où sa place économique devrait la mettre. C’est d’autant plus rageant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir inventé une technologie du Web pour en bénéficier. La question est plutôt de se l’approprier et la valoriser. Il peut y avoir des start-ups qui inventent des technologies différenciantes, il peut aussi y en avoir d’autres qui utilisent des technologies existantes pour devenir des champions.

Et pourtant les start-up ne manquent pas

startupaventurierEn France, le vivier start-ups est très important. Et de qualité. Chaque année, le cabinet Deloitte classe aussi les meilleures entreprises de croissance européenne : « En 2012, la France est le premier pays contributeur au Fast 500 européen en terme d’entreprise avec 94 start-up », se félicite Ariane Bucaille, associé Deloitte, responsable du secteur technologie-média-télécoms. Le pays ne manque pas d’atouts. Les Français créent de vrais modèles avec de réelles innovations et de bons entrepreneurs. « Nous ne sommes pas spécialisés dans le « me-too » comme les Allemands qui repèrent les business étrangers qui marchent et les reproduisent chez eux », constate Marie Ekeland.

La qualité des ingénieurs français est mondialement reconnue. Nos organismes et instituts de recherches aussi. Nos formations mathématiques sont puissantes et nous avons par ailleurs un large historique et une forte culture des télécoms. Ce n’est pas un hasard si en Californie, les Français représentent la troisième communauté professionnelle après les Espagnols et les Chinois. Il y a 15 % de Français dans les équipes de direction de la Silicon Valley, ce qui fait de la France la première nationalité du top management des sociétés californiennes. Par exemple, le directeur technologique de LinkedIn est un Français. S’expatrier dans le digital n’est plus exceptionnel. Fondé à Paris, Criteo est parti grandir aux Etats-Unis.

« J’ai vu quelques jeunes entrepreneurs du Web à San Francisco, témoigne Dan Serfaty. Mais attention, prévient-il, la Valley est très « networking ». Les réseaux y sont très forts. Ceux qui sont passés par Stanford, Google ou McKinsey seront toujours avantagés. »

conquerirstartupL’état d’esprit des jeunes entrepreneurs change. Aujourd’hui le business plan d’une start-up prévoit d’emblée un déploiement au niveau mondial, principalement dans les pays à forte croissance comme la Chine, Singapour… Ce qui était impensable il y a une dizaine d’années où il fallait d’abord réussir dans l’Hexagone, faire ses preuves sur le marché français pour tenter l’aventure hors frontières, le numérique l’a rendu réalisable. Des conquêtes sur des marchés géographiquement éloignés. Les mentalités évoluent : l’échec n’est plus aussi tabou et le goût du risque sans doute plus prononcé. « Il y a beaucoup plus de start-ups qui se créent et qui disparaissent. C’est bien car ces entrepreneurs travaillent leur courbe d’expérience », ajoute le fondateur de Viadeo.

Les grandes réussites françaises à l’étranger montrent la voie. Guilhem Bertholet ose la comparaison avec le basket : « Pendant longtemps, la France n’a eu aucun joueur en NBA, la ligue professionnelle américaine. Il a suffi qu’un ou deux joueurs percent comme Tony Parker et maintenant il y a une douzaine de Français. »

langueetrangereLancer ses services directement en anglais sur des plateformes de distribution internationales comme iTunes ou Facebook donne également une autre dimension aux start-ups françaises. Avant la dématérialisation de la distribution, il fallait des partenaires à l’étranger. Très lourd et coûteux. Désormais, il est donc beaucoup plus facile d’être mondial. La France est d’ailleurs un des pays qui produit le plus d’applications pour mobiles et smartphones. Néanmoins, tout le volet économie numérique reste diffus, en particulier au plus haut niveau. Le numérique n’est cité que cinq fois (dont trois fois entre parenthèses) dans le rapport Gallois.

Toutefois, une prise de conscience au plus haut niveau se fait jour. Un séminaire interministériel sur le numérique sera organisé en février prochain. Pour faciliter l’éclosion des champions, il va falloir que l’écosystème évolue. En France, 90 % des entreprises du digital font moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour faire sauter ce plafond de verre, plusieurs freins doivent être desserrés.

Lire la suite de l’article sur Le nouvel économiste.fr

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