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Les Pains perdus d’Avivit Segal

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Du 10 décembre 2022 au 14 janvier 2023, Mémoire de l’Avenir présente les œuvres de l’artiste Avivit Segal (née en 1970). À travers les médiums de la photographie, de la vidéo et de l’installation sculpturale, Avivit Segal explore les qualités conceptuelles et physiques de cet élément vital qu’est le Pain, lui offrant une place centrale dans ses réflexions sur l’humanité, le refuge et la subsistance.

En tant qu’êtres humains, nous sommes indissociablement rattachés aux mouvements cycliques. Les systèmes, tant culturels que naturels, qui régissent nos comportements et notre devenir sont définis par le principe fondateur de la répétition. Ceci, bien sûr, peut être dit de toutes les formes de vie.
Des saisons de la plantation et de la récolte au cycle de la vie et de la mort, ce flux et reflux allant du renouvellement à la décomposition et inversement, peut être considéré comme ce qui soutient toute la réalité observable. À l’heure actuelle, l’interdépendance absolue du vivant – à laquelle l’humanité ne saurait se soustraire – apparaît comme la question cruciale de notre temps et les discours artistiques, scientifiques et philosophiques restent nos sources les plus fiables en matière des clefs qui nous permettraient de transformer la façon dont nous nous engageons physiquement et intellectuellement avec une réalité qui est à la fois en constante évolution et dans un état de retour éternel.

En entrant en dialogue avec le blé, la farine, la pâte et toutes ses transformations dans ses dernières œuvres, Avivit Segal ramène sa pratique artistique à une approche minimaliste, dans laquelle l’artiste se déplace – du rôle de créateur proactif ou faiseur unilatéral à celui du correspondant – celui par lequel les énergies, les éléments et les matériaux peuvent converger, communiquer et se transmuter.  Évacuant les notions figées d’auteur et de technique, les œuvres sont le résultat d’une pratique entièrement préoccupée par le geste, l’observation, la relation et ouvrent au sein du lieu d’exposition conventionnel un espace pour plonger dans la mémoire, la sensation et la contemplation.

Le mur de pain d’Avivit Segal

Le mur de pain exposé au sein de la galerie Mémoire de l’Avenir a d’abord été présenté comme une installation sous le nom de « Not by bread only » à la biennale Craft and Design de Tel Aviv en 2020. Les pains produits et exposés à la biennale sous forme de délicats bols de pâte cuits par l’artiste sont dépeints sur les murs comme des images photographiques hypnotiques. Le mur de pain est aussi présent au moyen d’une vidéo autour de laquelle volent des petits oiseaux dont les chants en chœur résonnent dans l’espace de la galerie.

Le travail et la production de pain a été symbole et source de subsistance depuis la nuit des temps. Le pain est une chose simple, primaire, terre à terre et humble. Le mot Hébreu pour pain, « Lechem », peut aussi signifier rêve, empathie et pardon. Le pain réveille des sentiments profonds de nostalgie, il a des pouvoirs nourriciers, il donne et libère la vie.

Avec le Mur de Pain, l’artiste repousse et explore les limites de la pâte, au-delà de ses usages conventionnels. Pour l’artiste, le pain est synonyme de foyer, de lieu sécure, de chaleur et d’amour. La chaude étreinte du levain qu’elle utilise pour créer ses bols est un organisme sensible et vivant, qui doit être continuellement cultivé, nourri et écouté. L’artiste renouvelle sans cesse sa fascination face à la métamorphose constante de la pâte à travers toutes ses transformations.

Avivit Segal développe un dialogue permanant avec les matériaux qu’elle utilise, tout en cultivant un rapport sensuelle liée au touché, crée par les mouvements circulaires du pétrissage de la pâte, ainsi que les odeurs et goûts alléchants. Elle laisse ses mains effectuer le travail ; pour elle, elles sont l’extension du cœur et de l’intelligence. Son amour de la nature et son choix de matériaux organiques, dégradables, sensibles au passage du temps et aux conditions climatiques lui permettent d’accepter, et de se réconcilier avec le cycle de la vie. La pâte à pain est la glue reliant les morceaux de sa propre vie.

Dans certaines de ses photographies, Avivit Segal occulte des parties qu’elle juge moins importantes pour la compréhension de la scène, en surexposant ou « brûlant » l’image. Les espaces blancs produits par la surexposition sont quant à eux d’une grande importance.

Pour Segal, ils créent un espace entre le physique et la métaphysique, entre le visible et l’invisible. D’une part, c’est une absence, un vide qui se fait présent et qui incarne le silence entre les mots, de l’autre, il vient souligner les images elles-mêmes. Dans sa quête des parties manquantes, l’artiste essaie d’instiller des signes, d’atteindre l’infinie clarté ; en résultent des images qui semblent flotter en arrière-plan. Les photographies ouvrent sur une réalité déconnectée du temps et de l’espace et permettent le démontage de leur réalité.

Pour cette exposition, Avivit Segal crée une expression abstraite à travers les photographies en gros plans de ses œuvres. Chaque œuvre de l’exposition forme une unité autonome, se représentant uniquement elle-même. Toutefois, la présentation des œuvres comme un ensemble détourne le spectateur du singulier vers le collectif.

Si le médium contemporain de la photographie sait documenter un moment et un lieu précis, il est également un outil pour orchestrer une nouvelle réalité. Dans ce travail, la capacité et l’expertise d’Avivit Segal en matière d’observation ainsi que son talent pour déchiffrer la réalité et son habilité à susciter l’émotion sont manifestes.

Pour en savoir plus sur l’artiste : https://www.avivitsegal.com/

Commissariat :

  • Margalit Berriet, Mémoire de l’Avenir – Présidente-fondatrice
  • Ashley Molco Castello, Mémoire de l’Avenir – Responsable galerie
  • Daniella Talmor, co-commisaire

Partenaires associés :

UNESCO-Most
Le Conseil International de la Philosophie et des Sciences Humaines
Humanities, Arts and Society

Exposition Les Pains perdus, à la galerie Mémoire de l’avenir, 45/47 rue Ramponeau Paris 20e – (M° Belleville [L2 – 11]), du 10 décembre 2022 au 14 janvier 2023

Accueil public : Mercredi et samedi 11H – 19H / Les mardis uniquement sur RDV

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