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Les 12 lauréats du Prix Art Éco-Conception

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Ce mardi 10 janvier 2023, au Palais de Tokyo, l’association Art of Change 21 a remis le Prix Art Éco-Conception à 12 artistes qui bénéficieront d’un accompagnement en éco-conception par des professionnels et experts reconnus et investis dans le secteur de l’art. Une première qui réunit pour la première fois des artistes et des experts en éco-conception et apporte une véritable dimension scientifique et technique au secteur de l’art.

Après le succès du « Prix Planète Art Solidaire » d’une dotation de 42 000 euros remis à 21 artistes en 2021 avec le mécénat de la Maison Ruinart, Art of Change 21 poursuit son engagement auprès des artistes, avec la création du Prix Art Éco-Conception. Il s’agit du second Prix unissant les univers de l’art contemporain et de l’environnement que l’association Art of Change 21 décerne à des artistes.

Face aux enjeux climatiques, de pollution ou de biodiversité, un nombre grandissant d’artistes s’interroge sur l’impact de leur création et constate que les matériaux employés (béton, verre, peinture acrylique…), les techniques utilisées (fours, logiciels…) ainsi que les modes de transport de leurs œuvres, se trouvent davantage du côté des causes de la crise écologique que des solutions. Désireux d’agir, ils manquent souvent de méthodes et de solutions facilement accessibles autour d’eux. Le Prix Art Éco-Conception a pour ambition de leur apporter cette aide pour créer de manière plus écologique.

Cette initiative est une première : elle réunit pour la première fois des artistes et des experts en éco-conception et apporte une véritable dimension scientifique et technique au secteur de l’art.

Eva Jospin, « Forêt », 2019
carton et bois 90,5 x 130 x 20 cm
Portrait, crédit : Raphaël Lugassy

L’éco-conception, une nouvelle venue dans le monde de l’art contemporain

L’éco-conception est née dans les années 70 aux États-Unis, dans le cadre d’une production industrielle ayant déjà de nombreux impacts environnementaux et si étonnant que cela puisse être, Coca-Cola en fut un pionnier.
Sa définition concerne au départ un produit de consommation, mais elle concerne désormais des services, des objets et des œuvres !

« Approche méthodique qui prend en considération les aspects environnementaux du processus de conception et développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit » (Norme ISO 14006)

L’éco-conception a de nombreux atouts : elle permet de se comparer, de fixer des objectifs communs et de mesurer ses progrès dans le temps. Elle correspond à l’évolution de la règlementation. Tant à l’échelle française et européenne (Norme Européenne (EN 15804+A2), qu’à l’international (normes ISO 14040, ISO 14044 et NF X30-264), l’éco-conception devient la référence méthodologique préconisée. Et surtout : elle ne répond pas qu’à un seul enjeu environnemental (carbone/climat). C’est une approche globale nécessaire face à la crise écologique.

Au cœur de l’éco-conception se trouve l’Analyse de Cycle de Vie (ACV). Appliquée à la création artistique, l’ACV analyse l’impact environnemental d’une oeuvre pendant toute sa durée de vie, de l’extraction des matières à sa fin de vie, en incluant toutes les étapes de production et de monstration ainsi que son éventuelle fin de vie. Ses résultats sont chiffrés, sur plus d’une dizaine d’enjeux préalablement identifiés.

« Les indicateurs sont au rouge. L’année 2022, marquée par les canicules, a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, tout comme les sept années précédentes, preuve inéluctable d’un réchauffement climatique qui s’emballe. La limite fixée à +1,5°C à horizon 2100, prévue par l’Accord de Paris en 2015, est désormais inatteignable. Cette hausse des températures s’accompagne de la montée du niveau des mers, qui va affecter de nombreuses villes côtières, dont de grandes capitales artistiques, comme NewYork. À côté du climat, la pollution de l’air dégrade les conditions de vie de nombreux pays (Inde, Chine…) et la biodiversité est elle aussi dans une chute inquiétante, même si le récent Accord de Montréal qui entend protéger 30% de la planète d’ici 2030, donne quelques espoirs.

Face à ces enjeux, un nombre grandissant d’artistes s’interroge sur l’impact de leur création et constate que les matériaux employés (béton, verre, peinture acrylique…), les techniques utilisées (fours, logiciels…) ainsi que les modes de transport de leurs œuvres, se trouvent davantage du côté des causes de la crise écologique que des solutions. Dès 2009, l’ouvrage précurseur Long Horizons : An Exploration Of Art + Climate Change publié par Julie’s Bicycle abordait le sujet et partageait, entre autres, les confidences et les engagements d’Anthony Gormley : « Il est de ma responsabilité de gérer mes propres impacts, y compris l’empreinte carbone du studio et de toutes ses activités ». L’artiste avait déjà fait un bilan carbone, réduit le fret aérien, isolé son atelier, et s’apprêtait à installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de son studio. Les bonnes pratiques des artistes s’accumulent depuis cette date, notamment sous l’impulsion de la COP21 à Paris : transport d’oeuvres d’Allemagne au Japon sans utiliser l’avion, réalisation de bilans carbone d’installations (Olafur Eliasson), exposition alimentée en énergie solaire (Julian Charrière)…

Thomas Lévy-Lasne « Au Biodôme », 2019,
Huile sur toile, 150 x 150 cm
Portrait, crédit : Paul Rousteau

De leur côté, les musées (Le Louvre, Musée Guggenheim, Palais des Beaux-Arts de Lille…), les galeries (Galleries Commit, Gallery Climate Coalition…), les biennales (Helsinki, Venise…) font des bilans carbone, réduisent leur impact environnemental, ou encore décident de programmations engagées (Serpentine Galleries, Palais de Tokyo, lille3000…). Les foires d’art avancent elles aussi, avec notamment Art Paris qui réalise la première « analyse de cycle de vie ».

Mais au-delà de ces efforts, l’ensemble des acteurs du secteur de l’art regrette et pourtant contribue à l’accélération constante du nombre d’expositions temporaires, de foires, de biennales… avec l’injonction d’avoir toujours une actualité abondante, au détriment parfois du travail de recherche, de la mise en valeur de l’existant, du temps de visite ou de modèles économiques plus inclusifs. Seule une « nouvelle culture » semble pouvoir freiner cette course en avant.  Et si c’était celle de l’éco-conception ?

Pierre Clément, « Tumb-SAT /wd-Ghi:sDARpa », 2020
Fibre de verre, jesmonite, peinture OTAN, vernis, cordelettes polyester 185 x 185 x 85 cm
Crédit : Lev Ilizirov
Portrait, crédit : Salim Santa Lucia

L’éco-conception adresse l’ensemble du « cycle de vie » d’une oeuvre, d’une exposition ou d’un musée, et couvre de nombreux enjeux environnementaux. Elle s’impose aujourd’hui comme la méthode la mieux adaptée et la plus complète pour mesurer et réduire son impact environnemental, mais elle est pourtant quasi inexistante dans le champ de l’art contemporain. Pourquoi ? Trois raisons expliquent cela : une vision des enjeux limitée au réchauffement climatique, le coût de l’expertise en éco-conception et enfin l’absence de recherche et de cas pratiques en éco-conception dans le champ de l’art contemporain, cette méthode étant historiquement utilisée pour évaluer des produits industriels ou de consommation.

Une avancée de l’éco-conception dans l’art soulève plusieurs interrogations. Peut-elle porter atteinte à la liberté de création ? Nullement, l’artiste reste maître du choix de ses matériaux, techniques, types de transport, il possède l’information pour prendre ses décisions, à aucun moment l’éco-conception n’est une injonction. Comment la financer, si « produire plus vert coûte plus cher » ? Des associations comme Art of Change 21 initient la démarche, certaines aides publiques existent, mais demain, une mutualisation intelligente d’outils en ligne permettra d’en donner un accès libre et gratuit. Cette expertise accessible à tous doit fédérer l’ensemble des acteurs. Enfin, change-telle la mission de l’art ? Non, mais elle en pose la question. Les évaluations environnementales se comparent à l’échelle d’un « service rendu », qui relève du champ social et sociétal. L’éco-conception est même un formidable levier pour innover dans le champ de l’art et pour en élargir l’accès. »
Alice Audouin, présidente fondatrice d’Art of Change 21

Agata Ingarden, « Sleeping Beauty Corp. », 2022
Acier galvanisé, cuivre, bronze, laiton, verre, marbre, musique, cordes d’instruments, roues, boulons,
métal, plaque gravée
Vue de l’installation de l’exposition collective History of Absence, commissaire Elina Axioti, organisée
par AMA House, Spetses School AKSS, île de Spetsess.

Le prix Art Eco-Conception

Depuis 2014, l’association Art of Change 21 relie l’art contemporain et les grands enjeux environnementaux. En 2021, Art of Change 21 a remis le Prix « Planète Art solidaire » d’une dotation de 42 000 €, avec le soutien de la Maison Ruinart. Ce Prix a récompensé 21 jeunes artistes travaillant sur le thème de l’environnement et confrontés à la pandémie. Le choix d’avoir 21 lauréats (recevant chacun 2 000 €) défendait une approche plus collective et moins compétitive, chère à l’association et aux artistes de cette mouvance.

Après le succès de ce Prix, Art of Change 21 poursuit son engagement auprès des artistes avec le Prix Art Éco-Conception. Il vise à promouvoir la culture et la pratique de l’éco-conception dans la création artistique et réunit pour la première fois des artistes et des experts dans ce domaine.
Soutenu par la Maison Ruinart, le Prix Art Éco-Conception est organisé en partenariat avec le Palais de Tokyo. Il a pour partenaires institutionnels le ministère de la Culture et l’ADEME (Agence de la transition écologique) ainsi que pour mécène la Maison Guerlain.

Il a pour objectif d’accompagner les artistes dans la réduction de leur impact environnemental. Il s’adresse aux plasticiens vivant en France et couvre l’ensemble des pratiques artistiques (sculpture, peinture, vidéo, digital, performance, photographie…). Le fait d’avoir déjà une démarche environnementale n’est pas un critère de sélection.

Gardant la dynamique collective initiée en 2021, le Prix Art Éco-Conception récompense 12 lauréates et lauréats, désignés par un Jury prestigieux. Préalablement, 36 finalistes ont été choisis par un Comité de sélection parmi 278 candidats. L’appel à candidatures, qui s’est effectué sur le site d’Art of Change 21, consistait en un simple questionnaire (il ne s’agit pas d’un appel à projets). La cérémonie du Prix Art Éco-Conception s’est tenue le 10 janvier 2023 au Tokyo Art Club, au Palais de Tokyo.

La récompense consiste en un accompagnement en éco-conception par des professionnels et experts reconnus et investis dans le secteur de l’art, sur une période de trois jours et par groupes (en présentiel, au Palais de Tokyo). De plus, deux artistes parmi eux bénéficient d’une Analyse de Cycle de Vie (ACV). Calculée par des ingénieurs en éco-conception, l’ACV apporte une évaluation scientifique complète de l’impact d’une création sur les principaux enjeux environnementaux. La récompense (l’accompagnement et les deux ACV) correspond à une valeur de 40 000 €. Par ailleurs, à l’issue de leur accompagnement, les artistes pourront demander une gratification de 1000 €.

L’éco-conception est une méthode qui dépasse le seul périmètre de l’empreinte carbone pour intégrer également d’autres enjeux environnementaux (biodiversité, eau, climat, raréfaction des ressources…). Elle intervient en amont, au moment de la conception et de la production de l’œuvre, en intégrant son cycle de vie jusqu’à l’éventuelle « fin » de l’œuvre. Si l’adoption et la diffusion de pratiques plus écologiques se propagent rapidement dans l’art, il s’agit ici d’apporter une véritable dimension scientifique et technique.

Les experts des cabinets Karbone Prod et Solinnen, partenaires en éco-conception d’Art of Change 21, seront les principaux « accompagnateurs » des lauréats. 
 Interviendront également de manière active : un « artiste invité » Fabien Léaustic, chercheur et pionnier en matière d’éco-conception, Lisa Seantier, directrice de la production des expositions du Palais de Tokyo, Alice Audouin, présidente fondatrice d’Art of Change 21, ainsi que des intervenants extérieurs.

Dans le cadre de cet accompagnement, matériaux, techniques de production, transports, systèmes de monstration et conservation, seront explorés afin d’identifier des alternatives innovantes et moins impactantes. Les principaux résultats de cette expérimentation seront publics. Un document destiné au partage d’expertise et d’expériences sera publié par Art of Change 21 et accessible à tous.

L’objectif, au-delà de ce Prix, est d’impulser une dynamique plus globale, avec d’autres éditions. Parmi les suites de cette initiative, des journées d’échanges, la publication d’un guide, un webinaire ainsi qu’un outil de calcul en ligne, seront explorés.

Ce Prix est la première étape d’un mouvement qui vise à doter les artistes français d’une culture environnementale qui leur permettra de s’adapter et d’anticiper les grandes mutations à venir.

Les lauréats

Les 12 lauréates et lauréats du Prix Art Éco-Conception ont été révélés ce mardi 10 janvier 2023 au Tokyo Art Club, au Palais de Tokyo. Ils ont été désignés par un Jury prestigieux parmi 36 finalistes préalablement choisis par un comité de sélection entre 278 candidats.

Les deux lauréates de l’analyse de cycle de vie

  • Eva Jospin
  • Louisa Marajo

La récompense

La récompense consiste en un accompagnement en éco-conception par des professionnels et experts reconnus et investis dans le secteur de l’art, sur une période de trois jours et par groupes. De plus, deux artistes parmi eux bénéficient d’une Analyse de Cycle de Vie (ACV). Calculée par des ingénieurs en éco-conception, l’ACV apporte une évaluation scientifique complète de l’impact d’une création sur les principaux enjeux environnementaux. La récompense (l’accompagnement et les deux ACV) correspond à une valeur de 40 000 €. Par ailleurs, à l’issue de leur accompagnement, les artistes pourront demander une gratification de 1 000 €.

Dans le cadre de cet accompagnement, matériaux, techniques de production, transports, systèmes de monstration et conservation, seront explorés afin d’identifier des alternatives innovantes et moins impactantes.

Le Jury

  • Alice Audouin – Présidente fondatrice d’Art of Change 21
  • Anne Bourrassé – Commissaire d’expositions, directrice artistique du Consulat Voltaire
  • Julian Charrière – Artiste
  • Guillaume Désanges – Président du Palais de Tokyo
  • Fabienne Leclerc – Directrice de la galerie In Situ
  • Cécile Lochard – Directrice du développement durable chez Guerlain
  • Emmanuel Tibloux – Directeur de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris
  • Fabien Vallérian – Directeur International Art & Culture chez Ruinart

L’agenda

  • 1 novembre – 4 décembre 2022 : Appel à candidatures
  • 12 décembre 2022 : Délibération du jury
  • 10 janvier 2023 : Cérémonie de remise du Prix
  • 27 janvier – 26 mai 2023 : Accompagnement
  • 1er février – 1er juin : Analyses de cycle de vie
  • Juillet 2023 : Publication

Les accompagnants des lauréats

Une équipe sur-mesure, composée d’experts, d’un artiste invité pionnier de l’éco-conception, et d’intervenants extérieurs va accompagner les lauréates et lauréats dans la compréhension des enjeux et impacts liés à leur pratique, dans l’élaboration d’une méthode de travail et dans la recherche d’alternatives.

Les experts des cabinets Karbone Prod (Fanny Legros) et Solinnen (Philippe Osset et Aurore Philippe Delvigne) partenaires en éco-conception d’Art of Change 21, seront les principaux « formateurs » des lauréates et lauréats.
Interviendront également de manière active :

– Un artiste invité, Fabien Léaustic, qui intègre de manière avancée l’éco-conception,

– Lisa Seantier, directrice de la production des expositions du Palais de Tokyo, qui apportera un témoignage unique sur les pratiques, contraintes et marges de manoeuvre en matière d’éco-conception au Palais de Tokyo, avec un cas pratique,

– Alice Audouin, présidente fondatrice d’Art of Change 21, qui mettra à profit ses 20 années d’expertise dans le développement durable et le lien entre l’art contemporain et l’environnement,

– Des intervenants extérieurs partageront leurs expertises ciblées, comme par exemple Alexia Venot, designer-artiste-chercheuse indépendante, qui interviendra sur les biomatériaux et le textile.

Concernant les deux analyses de cycle de vie, elles seront pilotées par les cabinets Solinnen et Karbone Prod.

Au-delà de ce Prix

L’objectif, au-delà de ce Prix, est d’impulser une dynamique plus globale, avec d’autres éditions. Parmi les suites de cette initiative, des journées d’échanges, la publication d’un guide, un webinaire ainsi qu’un outil de calcul en ligne, seront explorés. Ce Prix est la première étape d’une dynamique qui vise à doter les artistes français d’une culture environnementale qui leur permettra de s’adapter et d’anticiper les grandes mutations à venir.

Les principaux résultats de cette expérimentation seront publics. Un document destiné au partage d’expertise et d’expériences sera publié par Art of Change 21 et accessible à tous.

Photo d’en-tête : Œuvre Haroon Mirza, Stone Circle, Ballroom Marfa, vue de l’installation – avril 2018 Photographie par Rowdy Dugan

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