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« Climat », un opéra ludique, inédit sur la question écologique

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L’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie présente Climat, un opéra inédit autour de la question écologique. Climat raconte nos questionnements par la voix de la jeunesse : les notions d’éco-anxiété, d’éco-dépendance et de surconsommation sont abordées. Ce spectacle original est un symbole puissant qui invite à prendre conscience des problèmes écologiques et à engager un dialogue entre générations. Un spectacle émotionnel et ludique sur un sujet de société réaliste et concret.

Destiné à grands et petits (dès 6 ans), cet opéra inédit produit par l’Opéra Orchestre de Montpellier souhaite sensibiliser les spectateurs à la question du réchauffement climatique : il met en scène Juliette, une lycéenne qui prend conscience de la crise climatique et reproche à sa mère Alice, employée dans une usine de peintures, de ne pas se soucier des retombées environnementales de son travail.

Les membres de l’équipe artistique de création, en particulier Damien Robert, metteur en scène, aux côtés de Noëlle Thibon-Gokelaere, cheffe de chœur, d’un musicien dumiste (Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant / Cité des Arts), de Coralie Ortiz et Julie Canonge, intervenantes de l’association C’Mai qui promeut la permaculture, conduisent 250 élèves d’une école élémentaire dans les coulisses de l’Opéra pour conceptualiser, écrire et interpréter un spectacle éco-responsable : travail de fabrication d’instruments, d’éléments de décors et de costumes inspirés par la nature et par notre temps, via notamment des costumes récupérés dans les stocks de l’Opéra ou en friperie, interprétation de chants, nourris par l’observation de la biodiversité et une réflexion sur les gestes éco-citoyens.

Un défi de créativité dans une démarche permacole, de la cour de l’école aux couloirs de l’Opéra, pour créer une véritable « Symphonie du Climat ». Au cours de cette année scolaire, les 250 élèves auront également l’occasion de visiter l’Opéra, d’assister à des ateliers menés par des musiciens de l’Orchestre national Montpellier Occitanie et d’assister à une représentation scolaire de Climat.

Pour Valérie Chevalier, directrice générale Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie, « La Culture peut et doit jouer un rôle dans la transition écologique, par la mise en place de nouvelles pratiques pour œuvrer à la décarbonation de notre secteur et par une programmation qui sensibilise le spectateur au réchauffement climatique. Cet opéra au sujet bien particulier, ancré dans une contemporanéité critique, souhaite interroger la place du citoyen face au politique. »

Cette nouvelle production est une commande pour les 30 ans d’Opéra Junior, véritable « compagnie d’opéra » par et pour les jeunes (de 6 à 25 ans). La mobilisation des jeunes face au changement climatique – les grèves dans les écoles, les nombreuses manifestations, la passion et la conviction exprimées – ont été une importante source d’inspiration pour les concepteurs qui souhaitent, avec ce nouvel opéra, valoriser le dynamisme politique de la jeune génération.

Afin de rendre ce spectacle accessible au plus grand nombre, il sera chansigné : une forme d’expression artistique qui consiste à s’exprimer en langue des signes au rythme de la musique. Depuis Don Pasquale à l’Opéra Comédie en 2019, premier opéra chansigné au monde, l’Opéra Orchestre national de Montpellier Occitanie prend soin de proposer chaque saison une offre accessible aux personnes sourdes et malentendantes.

Maquettes décors © Thibault Sinay

Un opéra accessible à tous

Les scolaires

« Ça chauffe …! » – Projet annuel avec l’école élémentaire Spinoza, Montpellier
Les membres de l’équipe artistique de création, en particulier Damien Robert, metteur en scène, aux côtés de Noëlle Thibon-Gokelaere, cheffe de chœur, d’un musicien dumiste (Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant / Cité des Arts), de Coralie Ortiz et Julie Canonge, intervenantes de l’association C’Mai qui promeut la permaculture, conduisent 250 élèves d’une école élémentaire dans les coulisses de l’Opéra pour conceptualiser, écrire et interpréter leur propre spectacle éco-responsable : travail de fabrication d’instruments, d’éléments de décors et de costumes inspirés par la nature et par notre temps, interprétation de chants, nourris par l’observation de la biodiversité et une réflexion sur les gestes éco-citoyens. Un défi de créativité dans une démarche permacole, pour créer une véritable «Symphonie du Climat» au sein de l’école.

Au cours de cette année scolaire, les 250 élèves auront également l’occasion de visiter l’Opéra, d’assister à des ateliers menés par des musiciens de l’Orchestre national Montpellier Occitanie et d’assister à une représentation scolaire de Climat.

Une émission radio avec Oaqadi
Un groupe de jeunes suivis par la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse et des mineurs non accompagnés réalisera une émission de radio autour de Climat avec l’association Oaqadi*. Après une visite de l’Opéra, les jeunes auront l’occasion de rencontrer et d’interviewer le metteur en scène Damien Robert et le scénographe Thibault Sinay qui leur feront découvrir les coulisses du spectacle (montage du décor, matériaux utilisés, costumes, accessoires, lumières…) puis de deux chanteurs d’Opéra Junior, en vue de créer des pastilles audio autour de la thématique environnementale. Le groupe assistera à une représentation scolaire de Climat.

*Fondée en 2006 par des éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, Oaqadi (On a quelque chose à dire) est une association reconnue d’intérêt général qui fait réaliser à ses publics des émissions radio de qualité professionnelle diffusées sur Internet et sur les ondes de plusieurs radios associatives partenaires : Radio Clapas, FM Plus, Radio Larzac, Radio Saint-Affrique, Radio Pays d’Hérault… Oaqadi s’associe à l’Opéra Orchestre pour proposer à différents types de publics éloignés de la culture (issus des quartiers prioritaires de la Ville, en décrochage, nouvellement arrivés en France, en situation de handicap, sous-main de justice…) de réaliser des émissions de radio autour de thématiques variées.

Les éducatifs – Représentations avec les scolaires
Deux répétitions générales du spectacle, les 7 et 10 mars 2023, auront lieu en présence des publics scolaires, du CP au CM2. Des élèves sourds et malentendants seront également accueillis, puisque le spectacle est chansigné.

Argument : Pour Damien Robert, metteur en scène, « Nous devons être plus audacieux. Plus courageux. Assez de protestations pacifiques. Si nous ne provoquons pas de désordre, rien ne changera. »

Juliette est une jeune lycéenne. Elle vit avec sa mère, Alice, qui a un poste important dans une grande usine de peinture industrielle. Un jour, elle fait la rencontre d’un groupe de jeunes activistes lors d’une manifestation pour la protection de la planète. Un débat se crée autour de l’engagement, de l’utilité de se faire entendre et de défendre ses propres convictions. Juliette prend conscience que rien n’est réellement fait pour contrer le désastre qui vient frapper à notre porte. Elle commence à paniquer, va interroger sa mère sur ce qu’elle fait, elle, de son côté pour éviter l’inévitable. A-t-elle essayé de changer certains fonctionnements dans sa propre usine afin de proposer la fabrication de peintures écologiques ? Malheureusement cela n’est pas possible. Une dispute éclate. Une mésentente générationnelle. Les reproches fusent : « Ta génération est fautive », « Tu ne dois pas mettre de côté tes études à cause de ton combat ». Juliette finira par trouver du réconfort dans l’organisation d’actions collectives. « Il y a de la joie ».
Maintenant, il faudra être plus radical dans la façon de faire passer les messages…

« Aujourd’hui, les images d’actions collectives qui nous parviennent montrent souvent une jeunesse en colère, parfois les mains collées au bitume, aux murs ou aux œuvres d’art et parfois même, très récemment, attachée au décor d’un spectacle d’opéra. C’est troublant pour moi, dans cette période charnière, de mettre en scène ces jeunes interprètes. Ils et elles ont, pour la plupart, l’âge de Juliette et doivent certainement partager les craintes, les angoisses et les incertitudes de notre protagoniste. Je vais, moi aussi, rentrer en échange avec ce groupe ; moi qui, quoi qu’on en dise, appartiens à la génération d’Alice. J’ai envie, avant tout, de raconter sensiblement cette relation mère/fille. La « petite histoire » imbriquée dans la grande. Gratter profondément dans le matériau humain. Chercher avec les interprètes la vibration juste de ce rapport ténu d’amour. Comprendre d’où peuvent naître les fêlures d’incompréhension.
Je rêve d’un spectacle dynamique, corporel, émotionnel et ludique. Le sujet que nous traitons avec Climat est un sujet de société réaliste et concret. Je souhaite convoquer des corps poétiques sur scène, travailler chorégraphiquement les états émotionnels de chaque personnage. Rendre charnel ce tourbillon quotidien de nos vies dans lequel vient s’immiscer l’espoir d’un monde meilleur. »Damien Robert

Un opéra qui valorise le dynamisme politique des jeunes  – Par Helen Eastman, librettiste

« C’est toujours un honneur d’avoir l’occasion d’écrire un opéra pour le jeune public. Il me tient à cœur d’écrire des opéras en prise avec le monde dans lequel nous vivons, recourir à cette technique pour permettre aux jeunes d’entamer des conversations sur leur monde et les choses qui leur tiennent à cœur. Je suis convaincue que l’opéra peut se révéler actuel et pertinent.

J’ai été à la fois impressionnée et inspirée par la mobilisation des jeunes face au changement climatique : les grèves dans les écoles, les nombreuses manifestations, la passion et la conviction exprimées. Je voulais écrire un opéra qui valorise le dynamisme politique des jeunes et qui nous invite à les observer dans l’acte de protestation ; un opéra qui ne permette pas aux adultes de « se défiler ». Le conflit intergénérationnel est inhérent à la crise climatique. Ma génération a échoué à bien des égards ; nous disposions de toutes les informations scientifiques, mais nous avons fait bien peu pour changer radicalement notre mode de vie. Je pense que les adolescents ont bien raison de nous tenir pour responsables de cette situation et c’est ce conflit qui s’invite au cœur de l’opéra, tel qu’il se joue entre la mère et la fille : une mère qui estime être un parent exemplaire, mais qui est critiquée par sa fille pour ne pas avoir fait tout son possible pour léguer à la future génération une planète saine et viable. En écrivant cet opéra, j’ai été attentive aux propos de nombreux jeunes qui parlaient de la planète et à leurs réflexions sur la crise climatique. J’ai essayé de reproduire leur style de langage pour aborder ce sujet et d’en valoriser les cadences et le lyrisme. J’ai fait preuve d’humilité et de respect vis-à-vis de leur discours et j’espère que cela ressortira. Je suis enthousiaste à l’idée de voir l’opéra sur scène dans la production de Damien Robert et je suis honorée que les jeunes chanteurs d’Opéra Junior présentent cette œuvre pour la première fois à Montpellier. »

Une musique fidèle aux personnages et à leur histoire – Par Russell Hepplewhite, compositeur

« Écrire un opéra pour la jeunesse est l’une des choses les plus agréables que l’on puisse demander. C’est aussi un énorme défi pour un compositeur. La musique doit inspirer la troupe, tout en étant au bon niveau de difficulté pour que chacun soit mis au défi et puisse donner le meilleur de lui-même. Sur le plan musical, le plus important pour moi était de donner à nos jeunes chanteurs un langage musical qui soit honnête et fidèle aux personnages qu’ils interprètent.
Il y a des scènes décontractées et musicalement ludiques, où nous apprenons à connaître les adolescents au cœur de l’histoire, mais à mesure que les personnages centraux en apprennent davantage sur l’urgence climatique et décident d’agir, le langage musical devient plus conflictuel et angoissé.

Au cœur de l’histoire, il y a cette relation cruciale entre une mère et sa fille, et musicalement, il fallait donner à chacune un langage musical très différent. Leurs scènes ensemble ont été parmi les plus intéressantes et les plus difficiles à composer : j’ai essayé de capturer l’amour dans leur relation mère-fille, mais aussi le conflit entre elles lorsqu’elles se retrouvent à lutter pour faire face au comportement de l’autre. Le chœur joue un rôle essentiel dans l’opéra, et on lui confie certaines des parties les plus mélodieuses à chanter. Parfois, ils sont divisés par tranches d’âge, ce qui permet à chaque groupe d’avoir ses moments forts, tandis qu’à d’autres moments ils se rassemblent pour chanter les passages les plus passionnés et les plus politiques. L’opéra est écrit pour un orchestre complet et, bien que certaines parties soient légèrement orchestrées pour permettre aux voix d’être entendues distinctement, il y a encore beaucoup de défis à relever dans la musique pour ces jeunes chanteurs. Après avoir discuté avec ces merveilleux jeunes gens, je sais qu’ils interpréteront Climat avec intégrité, honnêteté et enthousiasme et j’ai hâte de les entendre chanter cette pièce qui leur appartient autant qu’à Helen Eastman et à moi-même. »

L’éco-conception des décors et des costumes – Par Thibault Sinay, scénographe

« Avec la création de l’opéra Climat, nous partageons des valeurs écologiques fortes. Aussi pour agir et répondre à l’urgence climatique, il était inenvisageable de concevoir une scénographie et des costumes sans prendre des engagements éco-responsables pour tenter de réconcilier éphémère et durable. C’est un étrange et passionnant exercice d’équilibriste auquel nous nous sommes livrés avec cet opéra qui compte 17 typologies variées de lieux et environ 100 interprètes au plateau.

L’opéra Climat nécessite d’interroger tout le processus de création et le cycle de vie d’une scénographie, tout en tenant compte des impératifs de temps et de budget et des exigences esthétiques.

J’ai exprimé aux équipes de création la volonté d’une éco-scénographie dès les premiers échanges, bien qu’il fût encore difficile de mettre en place une circularité des éléments de décor. En travaillant en amont avec le metteur en scène Damien Robert et le créateur lumière Mathieu Cabanes nous avons identifié très tôt les accessoires, costumes et éléments de décor dont nous aurions besoin. J’ai proposé une approche pragmatique de la scénographie éco-conçue, avec un dispositif qui inscrit une architecture en mouvement composée de 5 grands modules et 3 petits pour définir les 17 lieux. La scénographie devient ainsi un espace narratif, elle synchronise lumières et espace pour convoquer les couleurs de l’usine de peinture de l’histoire. Pour ce spectacle nous avons imaginé une scénographie “agile“, où l’acteur construit et met en mouvement les espaces qui se transforment à vue du public et deviennent un langage, une poétique qui apportent du sens à l’œuvre. L’attention écologique du projet a suivi quelques préconisations portées par l’UDS (Union des Scénographes). Pour être éco-efficaces, nous avons dû dans notre démarche intégrer un nouveau mode de pensée global. J’ai dessiné les différents modules de manière à garder au maximum la dimension initiale du matériau pour éviter les chutes inutiles. J’ai pris un temps de recherche et développement auprès de fournisseurs pour expérimenter de nouveaux matériaux éco-responsables. J’ai proposé de construire de manière modulaire pour que les concepteurs disposent d’un ensemble de structures de base à très faible empreinte carbone qu’ils peuvent adapter, combiner et habiller. Les notions d’éco-conception obligent à penser au-delà des besoins immédiats que demande la production du spectacle, c’est pourquoi j’ai proposé de construire de manière à pouvoir désassembler facilement pour réutiliser les éléments indépendamment, pour préférer les assemblages réversibles. Les éléments types cyclo (toile cachant le fond et les côtés de la scène) sont indépendants et non fixé à un élément de structure scénographique pour prolonger leur durée de vie. Pour réduire l’empreinte carbone, les éléments de décors sont construits localement dans un atelier privé à proximité de Montpellier. Pour les accessoires et les costumes, nous avons privilégié le réemploi des éléments du stock de l’opéra, et l’achat dans les friperies, les paroisses et les recycleries. »

Trois questions à Valérie Chevalier, Directrice générale de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie

L’écologie est un défi majeur pour notre société. Comment le monde de la culture peut-il participer à la transition ?

Valérie Chevalier : La Culture peut et doit jouer un rôle dans la transition écologique, par la mise en place de nouvelles pratiques pour œuvrer à la décarbonation de notre secteur et par une programmation qui sensibilise le spectateur au réchauffement climatique. Nous savons maintenant que nos établissements ont une empreinte carbone élevée, en raison de l’architecture des bâtiments très énergivores, de la conception des productions, de la mobilité des équipes et des spectateurs, etc… La première étape est de recueillir des données précises sur le fonctionnement des salles de spectacle pour repérer les leviers d’action, la deuxième est de trouver des solutions adaptées pour pouvoir faire évoluer les choses dans le bon sens, rapidement mais intelligemment.

C’est le genre de démarches que proposent des structures dédiées comme Arviva ; des études de référence ont vu le jour, par exemple Le spectacle et le vivant (Sophie Lanoote et Nathalie Moine); autre impulson majeure, un plan pour la transition écologique est en cours de rédaction au Ministère de la Culture. De plus en plus de voix s’élèvent, de plus en plus d’évènements sont organisés autour de cette thématique dans le milieu, et les artistes sont souvent en première ligne: il est très important pour nous de les accompagner dans une démarche aussi essentielle aujourd’hui, en particulier leur besoin d’inventer de nouveaux récits.

Quelles actions sont mises en place par l’Opéra Orchestre national Montpellier pour favoriser la prise de conscience et faire face à l’urgence de l’enjeu écologique ?

VC : Depuis la pandémie nous avons mené des ateliers avec l’ensemble des équipes sur la responsabilité sociétale de notre entreprise c’est-à-dire sur son impact sur l’écosystème au sens large. Outre nos gestes quotidiens, le tri sélectif, l’équipement progressif en LED, la promotion des mobilités douces, nous menons plusieurs pistes de réflexions telles que mesurer notre empreinte carbone ou optimiser nos outils de communication (ratio numérique /imprimé). Nous encourageons beaucoup le dialogue en interne, qui permet l’émergence de nouvelles propositions, et discutons de manière régulière avec d’autres structures et des expert·e·s afin de partager les stratégies adoptées, faire circuler les bonnes pratiques et apprendre des retours d’expérience les plus récents en France et ailleurs. La coopération est un élément clé pour insuffler une véritable dynamique de changement. La crise sanitaire a révélé la fragilité de notre secteur, mais nous avons su nous adapter et poursuivre ; la crise écologique, elle, impacte le long terme et nécessite de manœuvrer un changement en profondeur, impliquant tous les membres de l’Opéra Orchestre (et à fortiori tou·te·s les citoyen·ne·s).

Climat est une commande de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie pour les 30 ans d’Opéra Junior. Comment la musique et l’opéra peuvent-ils contribuer à sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux questions environnementales ?

VC : Climat est avant tout une œuvre lyrique qui devrait émouvoir car elle raconte nos questionnements par la voix de notre jeunesse. On ne peut ignorer l’éco-anxiété qui se développe chez les jeunes, l’urgence est aussi là. Dans nos échanges avec les jeunes artistes en résidence ou à Opéra Junior, la question du réchauffement climatique, celle de l’éco-dépendance et celle de la surconsommation sont abordées. La jeune génération est déjà très sensibilisée à tous ces sujets qui la concernent directement : non seulement elle a conscience de la crise à laquelle nous devons toutes et tous faire face, mais elle souhaite véritablement s’emparer des enjeux liés au développement durable et s’engager de manière proactive pour permettre l’avènement d’un futur viable.

Du côté des concepteurs, Damien Robert et son équipe ont imaginé la production dans un esprit éco-responsable. Ainsi, les matériaux pour le décor et les costumes ont été récupérés dans nos stocks. Faire avec du déjà existant est une dynamique vertueuse et porteuse de sens qui n’est pas nouvelle en soi mais qui n’entre pas (encore) dans les schémas habituels de production d’un opéra. Le spectacle Climat constitue également un excellent outil pédagogique pour les publics scolaires, car les enseignants assistent en nombre avec leurs élèves aux productions de l’Opéra Orchestre après avoir suivi des ateliers préparatoires conçus sur mesure. Et cet opéra au sujet bien particulier, ancré dans une contemporanéité critique qui interroge la place du citoyen face au politique, sera aussi l’occasion de proposer aux adultes des moments forts autour du spectacle, notamment la participation à un atelier la « Fresque du Climat ».

Trois questions à Jérôme Pillement, Directeur de l’Opéra Junior

Quel est aujourd’hui le « visage » d’Opera Junior, comment a-t-il évolué depuis sa création en 1990 ?

Jérôme Pillement : Opéra Junior a un visage aux sourires multiples, traduisant le plaisir d’aborder l’opéra dans sa globalité. Si à sa création, en 1990, c’est bien cette richesse innovante qui a fait son identité, c’est l’ouverture au plus grand nombre qui a marqué son évolution. En effet, le Petit Opéra (6-10 ans) et la Classe Opéra (11-15 ans) ont maintenant accès à l’ensemble du champ opératique, du chant, à la mise en scène et à la chorégraphie. Le nombre d’enfants intégrés est croissant et cherche à s’enrichir de la diversité via le développement d’ateliers hors les murs sur le territoire métropolitain (par exemple, chaque année Opéra Junior accompagne une classe de CE1 de l’école Kurosawa de Montpellier avec un atelier hebdomadaire autour du chant, de la danse et du théâtre, pour préparer un spectacle de fin d’année).

Comment les enfants d’Opéra Junior ont-ils réagi à la thématique très actuelle de Climat et aux préoccupations que la crise climatique suscite, notamment au sein des jeunes générations ?

JP : Surpris qu’un sujet d’actualité puisse être l’objet d’un opéra dans un premier temps, enthousiastes de pouvoir conjuguer leur plaisir de chanter, d’être en scène avec une de leurs préoccupations majeures dans un second temps. Les plus anciens ont aussi pu partager avec les plus jeunes leur expérience de l’opéra participatif mis en scène en 2017 Le Monstre du labyrinthe sur la question des migrants. L’opéra est contemporain, écrit et composé de nos jours bien évidemment, mais profondément ancré dans notre société aussi.

Quelle est l’importance de monter une nouvelle production d’opéra avec Opéra Junior ? À votre connaissance, y a-t-il en France d’autres types de structures qui proposent un travail à 360° avec les jeunes comme Opéra Junior ?

Opéra Junior reste une structure atypique, une « compagnie d’opéra » par et pour les jeunes, destinée à proposer à l’ensemble des publics des spectacles de qualité, réalisés dans des conditions professionnelles aux côtés des équipes artistiques et techniques de l’Opéra Orchestre. Pouvoir associer ce travail avec la création d’un nouvel opéra est une chance exceptionnelle, pouvoir aborder des thématiques actuelles permet de nourrir le lien avec la jeunesse. Il existe des maîtrises ou chorales de jeunes à travers l’Europe qui proposent des spectacles d’opéra, mais Opéra Junior a la chance de bénéficier d’un lien fort et unique avec l’Opéra Orchestre dont il fait maintenant partie à part entière. C’est, à ma connaissance, encore une spécificité de cette structure.

En prélude du spectacle : la Fresque du Climat /Atelier-jeu collaboratif pour comprendre les enjeux climatiques et passer à l’action

Les 8 et 11 mars 2023, une heure avant le spectacle, les animateurs bénévoles de l’association la Fresque du Climat s’installeront au sein de l’Opéra Comédie et proposeront un atelier-quiz pour sensibiliser les participants, de façon ludique et collaborative, au dérèglement climatique. A partir de 10 ans. Gratuit, sur réservation pour les spectateurs ayant une place pour Climat. Créée en 2015, l’Association la Fresque du Climat a conçu un atelier scientifique basé sur 42 cartes illustrées par des images et des données scientifiques issues des travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

Organisé pour un public novice ou éclairé, ce jeu créatif a été soigneusement pensé pour rendre les connaissances sur le dérèglement climatique plus faciles à intégrer : visuels et textes précis, impactants, faciles à retenir. Sous le regard bienveillant d’un animateur, les participants jouent en groupe, discutent et réfléchissent ensemble pour relier les cartes et faire ressortir les causes et les conséquences du changement climatique.

L’objectif ? Partager les ressentis et imaginer des solutions collectives, pour favoriser le passage à l’action. À l’Opéra Comédie, l’atelier la Fresque du Climat sera proposé à plusieurs groupes de 15-20 personnes, en format « Quiz ». Présentées sur un support autoportant, les cartes seront cachées et les participants devineront les liens de causalité avec l’aide de l’animateur. Ce format court permettra d’entrevoir la complexité des enjeux, tout en restant limité dans la durée (20 min).
Pour en savoir plus : www.fresqueduclimat.org

CLIMAT Opéra de Russell Hepplewhite sur un livret de Helen Eastman CRÉATION : Création mondiale | 8 et 11 mars 2023 | Opéra Comédie, Montpellier

Deux représentations à l’Opéra Comédie :

  • Mercredi 8 mars 2023 à 19h
  • Samedi 11 mars 2023 à 17h

Jérôme Pillement – Direction musicale

Damien Robert – Mise en scène

Thibault Sinay – Décors et costumes

Mathieu Cabanes – Lumières

Karina Pantaleo – Chorégraphie

Laetitia Toulouse – Cheffe de chœur

Guilhem Rosa – Chef de chœur

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