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L’art est-il un instrument de guerre ?

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L’art, instrument de guerre. C’est ce qu’a dû se dire Pablo Picasso en offrant Guernica au gouvernement républicain espagnol en 1937. De même, l’artiste conceptuel Jean-Pierre Raynaud offre aujourd’hui au peuple ukrainien « Guernica1937-Ukraine 2022« , une œuvre de la même dimension que le célèbre tableau de Picasso. Une version moderne du Guernica de Picasso, symbole universel de la dénonciation par l’art des horreurs de la guerre, dont l’artiste français reprend aujourd’hui les dimensions monumentales exactes afin d’en réaliser, près d’un siècle plus tard, le pendant selon ses propres codes esthétiques. 

Cette aventure aussi guerrière qu’artistique fait l’objet d’une nouvelle publication, Guernica / Ukraine aux éditions Jannink. Un éclairage complet sur l’œuvre inédite donnée par Jean-Pierre Raynaud à l’Ukraine, version moderne du Guernica de Pablo Picasso, symbole universel de la dénonciation par l’art des horreurs de la guerre. Jean Pierre Raynaud reprend aujourd’hui les dimensions monumentales exactes afin d’en réaliser le pendant selon ses propres codes esthétiques, pour une opération caritative en soutien à l’Ukraine, portée par les éditions Jannink.

Plus d’un an après le début de l’invasion russe, Jean-Pierre Raynaud, les éditions Jannink, Sorbonne Artgallery et tous ceux qui les accompagnent, entendent rejoindre la coalition des artistes qui se font l’écho de ce conflit dans le monde entier.

L’art, plus que tout, peut encourager le soulèvement d’une puissance collective et le refus de toute résignation. Cette initiative fait écho à l’appel du Président Volodymyr Zelensky, prononcé à la Biennale de Venise en avril 2022, dans lequel il exhortait les acteurs européens et internationaux de la culture et de l’art à soutenir l’Ukraine. Le dévoilement de cette œuvre inédite a eu lieu le 24 février 2023 dans la cour d’honneur du Centre Panthéon de la Sorbonne, temple de la connaissance et de la jeunesse européenne.

Non la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi. »
Pablo Picasso

Guernica, représentation puissante des horreurs de la guerre

Guernica1937 – Ukraine 2022 – Photo : DR

Guernica, réalisée en 1937, est le symbole universel de la dénonciation par l’art des horreurs de la guerre. Avec cette toile de plus de sept mètres de long, Picasso a non seulement rendu un hommage vibrant aux victimes, mais a surtout fait du monde entier le témoin des exactions nazies.

Cette icône culturelle a été utilisée pour dépeindre de nombreux conflits, et rappeler qu’une telle violence contre des innocents ne devrait jamais être justifiée. Elle résonne d’autant plus aujourd’hui, un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Jean-Pierre Raynaud s’empare aujourd’hui de ce chef-d’œuvre pour protester contre cette période troublée, agressive et agressée. Picasso fait don de ce tableau au peuple espagnol mais refuse de l’y envoyer tant que son pays sera gouverné par un dictateur. Guernica ne revient donc à sa patrie qu’en 1981, à la mort de Franco, et ne quittera plus jamais Madrid, symbolisant la victoire de la démocratie dans le pays.

Le sens de l’œuvre de Jean-Pierre Raynaud

Jean-Pierre Raynaud reprend aujourd’hui les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette toile emblématique afin d’en réaliser la version moderne selon ses propres codes esthétiques. Très lié au Nouveau Réalisme français, l’artiste s’inscrit parfaitement dans la démarche initiée par Picasso près d’un siècle auparavant. Glaciale et distante, son œuvre fait état des absurdités de notre rapport au monde en présentant le drame avec une distanciation presque chirurgicale. Rien n’est exprimé, tout est montré.

L’œuvre de Jean-Pierre Raynaud est stockée au Musée Picasso, attendant la fin de la guerre pour retourner à l’Ukraine. En attendant ce dénouement, l’œuvre, comme la liberté des peuples, sera mise en danger par son exposition extérieure. Comme Guernica, l’œuvre de Jean Pierre Raynaud est pensée comme une allégorie intemporelle antiguerre : rien ne fait allusion à des circonstances politiques concrètes. Le symbolisme incarné par la signalétique permet non seulement d’échapper à tout contextualisation, mais également de désigner universellement et brutalement l’entrave à la liberté que présentent la guerre, la violence et la barbarie. « Signes et signaux sont mon alphabet. Dans la signalisation routière, on trouve les signes les plus radicaux et, parmi eux, le sens interdit en leader absolu. Regarder quelque chose d’inévitable de front impose une immédiateté de perception. D’urgence. Sa perfection m’interdit de le compliquer. » explique Raynaud. C’est le propre de tout signe : c’est le propre de cette œuvre. Jean-Pierre Raynaud n’est pas un peintre ; il est artiste.

La représentation de Guernica est une impression photographique à l’échelle 1, et l’œuvre de Jean-Pierre Raynaud, sans titre, est une impression sur toile. Placés face à face, les deux tableaux mesurent précisément 7,77 mètres de long par 3,49 mètres de large pour rendre ce dialogue artistique plus sensible. Le sens interdit central, signe intégré dans le travail conceptuel de Jean-Pierre Raynaud dès les années soixante, se voit doublé d’un demi-sens interdit sur la gauche, et flanqué de deux rayures noires verticales à droite. La composition se livre, se lit, comme une énigme. Le sens interdit, repris pour moitié sur la gauche, signifie ici l’infini : « Détail de quelque chose de plus vaste ». De même que pour les verticales noires à l’opposé. « Les proportions sont extrêmement calculées », complète l’artiste, qui a travaillé l’espacement rigoureusement, avec des écarts identiques entre les sens interdits alors qu’entre les barreaux, il a doublé l’écartement.

À la suite des deux barreaux, l’écartement change justement pour signifier symboliquement « la dimension du possible ».

Pourquoi le sens interdit ? Il s’agit d’abord d’un rappel des signes de son vocabulaire plastique puisque l’artiste l’intègre dès 1962 dans sa démarche : « C’est un signe que l’on rencontre dans le monde entier, un signal universel compris de tous, comme les barreaux d’une prison le sont aussi. » Car les bandes verticales noires évoquent effectivement des barreaux. Mais c’est surtout « la dualité des signes », qui intéresse Jean-Pierre Raynaud : « Les barreaux sont-ils là pour nous emprisonner/oppresser ou pour nous protéger ? De même, le sens interdit, est-ce une impossibilité ou bien une protection ? » Et de conclure : « Je pense à la jeunesse internationale, c’est elle l’espoir. Vive l’art et vive la créativité. »

Cette initiative bénéficie de l’aimable autorisation de Picasso administration.

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