Après son lancement à Strasbourg à la Galerie Ritsch-Fisch de Richard Solti et son étape new-yorkaise à l’Outsider Art Fair, l’exposition itinérante Carlo Zinelli, cinquante ans d’héritage artistique atterrit du 3 avril au 17 mai 2024 à Paris à l’Appart Renoma, qui confirme sa programmation d’excellence dans le domaine de l’art brut et des manifestations artistiques qui sortent des sentiers battus. Embarquement pour un voyage vers « l’art des fous », cet art surprenant, insaisissable, qui, à travers ses langages nouveaux, ses inventions propres, une certaine notion de marginalité, bouleverse tous les critères de l’Art. L’œuvre éblouissante de Carlo Zinelli est ici mise à l’honneur, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition de cet artiste hors du commun.
En dialogue avec leur participation à Art Paris, Richard Solti et sa Galerie Ritsch-Fisch honorent l’Appart en lui confiant cette exposition rétrospective inédite qui célèbre le cinquantième anniversaire de la disparition de l’artiste hors du commun, Carlo Zinelli dit « Carlo ». Plus de vingt œuvres de Carlo dans sa période allant de 1960 à 1973 sont présentées : peintures, peintures recto-verso et sculptures en bronze qui offrent une plongée profonde dans l’univers créatif de cette figure majeure de l’art brut dont la production continue de fasciner et d’inspirer le monde entier.
Les œuvres de Carlo – réalisées dans une forme d’urgence à poursuivre son élan créateur sur les deux faces des feuilles de papier – comportent à elles seules toute l’iconographie du paysage mental de Carlo : ses lignes et ses motifs répétitifs, l’utilisation audacieuse de couleurs vives et contrastées et ses figures stylisées emblématiques.
Cet ensemble exceptionnellement réuni a été réalisé dans un hôpital psychiatrique près de Vérone, passant rapidement d’une utilisation abstraite de l’espace, à de grandes compositions narratives mêlant écriture, personnages, symboles et métaphores.
L’œuvre de Carlo
Cette figure de proue de l’art brut, qui en a aujourd’hui largement dépassé les frontières, a acquis une reconnaissance internationale et son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles comme à la Biennale de Venise, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ou au Museo di Castelvecchio de Vérone. Son œuvre est également présente dans de prestigieuses collections privées et publiques dans le monde comme la collection de l’Art Brut de Lausanne, le Centre Pompidou à Paris (depuis 2021), la Collection du Musée d’art moderne Lille Métropole, ou l’American Folk Art Museum à New York.
L’œuvre de Carlo se compose de près de 2000 pièces, comprenant des sculptures et des peintures. Elle est largement reconnue comme l’une des plus importantes de l’Art brut. Sortes de contes illustrant des épisodes ayant précédé son internement, ses dessins itératifs et disloqués dans lesquels la perspective est abolie au profit d’écritures interstitielles, semblent annoncer le concept de « modernité ».
Les créations de Carlo sont immédiatement reconnaissables grâce à leur style figuratif qui combine des silhouettes humaines et animales percées de trous ou d’étoiles, des onomatopées et la répétition de formes et de personnages. Son langage graphique est caractérisé par une accumulation de motifs et par les changements de points de vue et d’échelles. Il peint à la gouache sur le recto et le verso de feuilles de papier des personnages et des animaux de profil, et assortit ses compositions d’inscriptions.
Les peintures de Carlo, bien que présentant une apparente simplicité, dégagent une complexité subtile.
Pour appréhender son univers et son style, il est nécessaire de décrire les éléments figuratifs qui le composent. En détaillant les éléments présents dans une peinture de Carlo, en examinant la palette de couleurs, la variété des motifs et leur agencement, ainsi qu’en percevant la musicalité de la composition, le charme de l’œuvre se dévoile immédiatement.
L’accès au monde de Carlo à travers la trame narrative permet aux spectateurs de créer leur propre interprétation de quelque chose qui, au premier abord, peut sembler dépourvu de sens ou de référence objective. Cependant, au moment où Carlo a créé ces œuvres, elles devaient avoir une signification profonde pour lui et résonner en harmonie avec sa biographie et sa mythologie personnelle.
Quelques éléments récurrents sont le personnage avec un chapeau, le mulet, les outils, les barques, l’étoile, les onomatopées, les croix, les animaux, les plantes, les traces sur la neige.
L’artiste
Carlo Zinelli, le sixième enfant d’une fratrie de sept, est né le 2 juillet 1916 à San Giovanni Lupatoto, dans la province de Vérone en Italie.
Son père est menuisier, sa mère décède deux ans après sa naissance. À l’âge de neuf ans, Carlo quitte son village natal pour travailler dans les champs au service d’une famille proche de la sienne. En 1934, il s’installe à Vérone, où il commence à travailler comme apprenti boucher aux abattoirs municipaux. C’est à cette époque que Carlo développe une passion pour la musique et le dessin.
Après avoir accompli son service militaire en 1938, Carlo est enrôlé dans un bataillon de chasseurs alpins et participe à la guerre d’Espagne l’année suivante. Cependant, il revient deux mois plus tard, profondément marqué par cette expérience. Il passe deux ans en convalescence avant d’être réformé à la fin de l’année 1941.
De 1941 à 1947, Carlo alterne entre des périodes de travail et des crises qui le conduisent à être périodiquement hospitalisé en hôpital psychiatrique, où il subit des électrochocs et des traitements à l’insuline.
Le 9 avril 1947, il est interné définitivement à l’âge de 31 ans, en raison de sa schizophrénie paranoïde. À partir de ce moment, Carlo sombre peu à peu, s’isole et perd l’usage courant du langage.
À partir de 1955, Carlo commence à manifester de véritables pulsions créatives. Les surveillants le trouvent régulièrement en train de graver sur les murs ou de dessiner des motifs au sol. Deux ans plus tard, il bénéficie de l’ouverture d’un atelier d’expression graphique à San Giacomo, dirigé par le sculpteur écossais Michael Noble. Ils ont à leur disposition du matériel tel que des pinceaux, de la gouache, du papier, du fusain et des crayons, mais aucune consigne de travail ne leur est imposée.
Carlo devient rapidement un participant assidu de l’atelier, passant près de huit heures par jour à peindre et dessiner. En 1959, Vittorino Andreoli, alors étudiant en médecine, se passionne pour l’œuvre de Carlo. Après le départ de Noble, il devient le médiateur de son travail, notamment auprès de Jean Dubuffet, qui initialement doutait de la spontanéité de ses créations, mais qui finalement acquiert une soixantaine de dessins.
Devenu psychiatre, Andreoli accompagne souvent Carlo lors de ses sorties, l’emmenant parfois voir des expositions d’art moderne. Rapidement, des expositions de l’œuvre de Carlo sont organisées, d’abord dans une galerie à Vérone, puis à Milan et Rome. Carlo est même le seul peintre italien présent à l’exposition Insania Pigens à la Kunsthalle de Berne en 1963.
À partir de 1969, la production artistique de Carlo ralentit après son transfert au nouveau siège de l’hôpital. Cependant, il continue à peindre jusqu’en 1973, avant de décéder des suites d’une pneumonie le 27 janvier 1974 à l’hôpital de Chievo, à Vérone.
Exposition Carlo Zinelli, cinquante ans d’héritage artistique, du 3 avril au 17 mai 2024 – L’Appart Renoma – 129 bis rue de la Pompe, 75116 Paris (accès par la boutique)
VERNISSAGE le jeudi 4 avril 2024 de 18h à 21h30 – Uniquement sur confirmation à presse@renoma-paris.com