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« Suivre les ondes » – Lars Fredrikson en dialogue avec les artistes contemporaines Anastasia Ax et Christine Ödlund

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Au printemps 2024, l’Institut suédois présente « Suivre les ondes », une sélection d’œuvres de Lars Fredrikson, en dialogue avec deux artistes suédoises contemporaines, Anastasia Ax et Christine Ödlund. Dans cette exposition, présentée du 8 mars au 16 juin, se mêlent images et sculptures, poésie et lectures, mais aussi objets animés, mouvement et son.


Lars Fredrikson est né en 1926 à Stockholm et est décédé en 1997 à Vevouil, France. Ses premières recherches picturales portent sur la définition de l’espace et la représentation du mouvement. Pionnier et visionnaire, il utilise le dessin, la peinture, la sculpture et l’image pour représenter la relation entre l’espace mental et l’espace réel.

Au milieu des années 1940, Lars Fredrikson, jeune ingénieur radio, tente avec un ami de réaliser des sculptures à l’explosif sur une plage en Suède. La démarche artistique est sensationnelle pour son temps et ouvre la voie à une œuvre singulière et variée. Bientôt, Lars Fredrikson se rend à Paris pour étudier l’art. Après un détour par la marine marchande suédoise qui lui fait faire plusieurs fois le tour du monde, il revient en France et s’installe dans le sud, où il restera jusqu’à la fin de sa vie.

Son œuvre est à la fois prolifique et révolutionnaire dans les domaines de la sculpture cinétique, de l’image, du son et des nouvelles technologies. Une œuvre qui implique de nombreuses collaborations novatrices à la croisée du son et de la poésie, de la sculpture et du mouvement, ainsi que d’importantes avancées technologiques au service de l’art.

Devenu professeur à la Villa Arson de Nice, il consacre également une grande partie de sa vie à la pédagogie innovante, en tant que fondateur et directeur du premier département de son et de recherches électro-acoustiques et visuelles. L’art de Lars Fredrikson est indubitablement en dialogue avec l’esprit de l’époque : espiègle, curieux, ouvert à d’autres disciplines telles que l’art sonore naissant et la littérature. Malgré ces percées importantes, Lars Fredrikson est pratiquement inconnu en Suède et guère plus connu en France, à l’exception d’un petit cercle d’historiens de l’art, de conservateurs et d’artistes.

Suivre les ondes présente une sélection d’œuvres de Lars Fredrikson et de deux artistes contemporaines suédoises, Anastasia Ax et Christine Ödlund. Elles aussi empruntent de nouvelles voies et modifient notre perception de l’art et du monde.

Suivre les ondes © Voyez-Vous (Vinciane Lebrun)

Une exposition audacieuse au service de la matière

Cette exposition d’une soixantaine d’œuvres se déploie dans tous les espaces d’exposition de l’Institut suédois, dont certains ont été inaugurés pour l’occasion. L’une des premières œuvres que le visiteur rencontre est un triptyque en acier inoxydable de Lars Fredrikson qui, en déformant notre perception de l’espace, nous transporte sur un terrain de jeu où tout est possible. Il y a également une large sélection d’œuvres sur papier réalisées avec des machines à fax bien avant que le fax ne devienne un objet courant, un exemple de son ingénierie artistique et de sa fascination pour la transcription des ondes à travers différents médias. L’exposition présente aussi plusieurs de ses œuvres cinétiques, des objets muraux mobiles et motorisés qui redéfinissent les notions de sculpture, mobile et peinture. On peut également voir des pièces sonores, des livres d’artiste ainsi que l’une des fameuses Écritures subversives, sculptures sonores et visuelles créées sur écran de télévision. De nombreuses pièces n’ont encore jamais été montrées et permettent d’appréhender un artiste dont l’énergie créatrice semble inépuisable.

Suivre les ondes © Voyez-Vous (Vinciane Lebrun)

Il semblait à la fois naturel et passionnant de faire se rencontrer l’art d’Anastasia Ax et de Christine Ödlund avec celui de Lars Fredrikson. Bien qu’il s’agisse d’artistes apparemment très différents, il existe de nombreux points de contact entre eux. Anastasia Ax et Christine Ödlund pratiquent toutes deux un art audacieux, polyvalent et expérimental, qui évolue très librement dans un vaste et riche champ d’expressions et de matériaux : la sculpture et diverses formes d’images, la performance, le mouvement et le son. Elles partagent aussi avec Lars Fredrikson une grande fascination pour la manière dont l’énergie se déplace, se transforme et se manifeste dans différents matériaux, ainsi que pour la façon dont la communication s’établit entre différentes formes de vie et d’états.

Suivre les ondes © Voyez-Vous (Vinciane Lebrun)

Ni Anastasia Ax ni Christine Ödlund ne connaissait l’art de Lars Fredrikson avant de commencer à travailler sur l’exposition. Celle-ci ne vise donc pas à pointer une inspiration claire ou une ligne articulée de développement artistique. Il s’agit plutôt de mettre en lumière un champ artistique, un univers, des thèmes et une sensibilité commune, ainsi qu’une relation particulière au monde et à la matière. Les trois artistes remettent en question la notion d’objet d’art stable, immuable et muséal. Ici, l’art sera plutôt en changement constant, réalisé à partir de matériaux instables et mouvants, permettant à l’œuvre de se modifier au fil du temps ou de n’exister qu’à un moment donné.

Les œuvres d’Anastasia Ax

Suivre les ondes © Voyez-Vous (Vinciane Lebrun)

Anastasia Ax présente une série d’œuvres inédites, feuilles de miroir entre lesquelles elle a versé de l’encre avant de les presser entre ses mains, créant ainsi des motifs aléatoires à partir de l’empreinte de ses mains. Son exploration des effets visuels et auditifs créés par différents matériaux – poudre, papier, plâtre, encre, liquide, ondes sonores, matériaux solides – répond aux expériences de Lars Fredrikson autour de l’aléatoire, avec les signaux électriques du fax ou les sculptures à l’explosif.

Tous deux s’intéressent à l’exploration de la physicalité de la vie, à la compréhension de son existence. Ils s’intéressent à ce qui se passe lorsque l’on agit sur le monde, accélérant ou ralentissant son inévitable changement. Tous deux sont très sensibles à l’état du monde et attentifs aux propriétés de la matière et à leur utilisation artistique. Tous deux s’intéressent à la manière dont on peut façonner et maîtriser la vie, à la manière dont on communique à travers différents matériaux et conditions.

Mais si l’œuvre de Lars Fredrikson respire l’optimisme ludique de son époque quant aux possibilités de la technologie au service de l’art, l’œuvre d’Anastasia Ax possède l’énergie plus sombre et violente de notre époque. Dans une performance dense et intense, elle s’engage dans un combat rapproché avec son matériau, le coupant, le brisant, l’écrasant. C’est comme participer à une accélération chorégraphiée du temps géologique où tout est décomposé et remodelé. Ou d’assister à un processus de création où des mondes sont construits pour être ensuite détruits et recréés. Le temps est un concept-clé dans sa pratique, elle alterne entre maîtriser la matière et la laisser vivre sa propre vie, permettant ainsi – comme Lars Fredrikson – au hasard de prendre le relais.

Le travail polysémique et multidimensionnel de Christine Ödlund

Suivre les ondes © Voyez-Vous (Vinciane Lebrun)

Quant aux œuvres de Christine Ödlund, riches, polysémiques et multidimensionnelles, elles se révèlent dans une palette d’expressions infinie : des aquarelles délicates avec des cycles, des partitions, des corps végétaux, des mondes aquatiques, des œuvres vidéo, des installations sculpturales où le visiteur rencontre d’autres organismes vivants, des œuvres sonores qui cherchent à entrer en contact avec la vie.

Entre cour et jardin, une vaste installation présente sculptures en aluminium, vivarium, plantes vivantes et sons pour créer un biotope à part entière, un univers étrange que le visiteur peut habiter. Un monde qui se prolonge dans le jardin où une culture d’orties en serre grandissent en musique. Les formes créées par l’homme rencontrent la puissance créatrice du monde végétal. L’œuvre de Christine Ödlund condense différents types de connaissances : l’art rencontre les sciences naturelles, l’ésotérisme, les croyances populaires et l’expérience individuelle. Ensemble, ils forment un réseau complexe d’expériences du monde qu’il nous appartient de vivre et de comprendre. Dans la salle d’exposition permanente de l’Institut suédois, Christine Ödlund a placé sur une ancienne table de chasse une toile et deux ruches en aluminium, afin de mettre en évidence les liens surprenants entre plantes et insectes, l’abeille en particulier.

Les événements de la saison s’inscrivent dans l’esprit de Lars Fredrikson, qui était celui d’une certaine époque. Car les années 1960-1970 sont aussi celles où Pontus Hultén, qui deviendra plus tard le premier directeur du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, dirige le Moderna Museet à Stockholm. Sous son impulsion, le musée se transforme en un espace vivant et collabore avec des institutions novatrices tel le studio de musique électronique EMS (Elektronmusikstudion). Grâce au studio, Stockholm se positionne à l’avant-garde européenne d’un nouveau genre de musique. En prolongement de cette histoire et en résonance avec le travail des trois artistes, l’exposition est activée par un riche programme de performances, rencontres et concerts, dont deux célèbrent les 60 ans de EMS. L’Institut suédois et son jardin se placent ainsi à la croisée de l’image, du son, de la musique et de la poésie.

Exposition « Suivre les ondes : Lars Fredrikson en résonance avec Anastasia Ax et Christine Ödlund », du 8 mars au 16 juin 2024 – Institut suédois, 11 rue Payenne – 75003 Paris (Mercredi – Dimanche, de 12h à 18h)

Vernissage jeudi 7 mars, de 18h à 20h

www.institutsuedois.fr

Photo d’en-tête : Suivre les ondes © Voyez-Vous (Vinciane Lebrun)

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