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Concrete Jungle, dans les jungles, la ville

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Dans les veines du bois, la jungle pousse : Anton Laborde, lauréat des Ateliers d’Art de France, dévoile sa première exposition personnelle à Bordeaux, du 11 avril au 30 mai 2025 avec la Galerie REVEL. Et si la jungle n’était pas à l’extérieur, mais au cœur même de nos architectures les plus maîtrisées ? Et si, entre deux moulures haussmanniennes, on trouvait des feuillages taillés dans du bois rare, des figures humaines aux paupières closes et des objets oubliés du quotidien, brouettes ailées, pompes à essence, réfrigérateurs, égarés dans un enchevêtrement végétal métaphysique ?

C’est ce que propose Anton Laborde — 25 ans, plasticien français, lauréat des Ateliers d’Art de France, à la trajectoire singulière — dans Concrete Jungle, dans les jungles, la ville. Sa première exposition personnelle est présentée du 11 avril au 30 mai 2025 à Bordeaux chez Christie’s Maxwell-Baynes, dans le cadre d’un partenariat inédit entre la Galerie REVEL et le monde de l’immobilier de prestige.

Au croisement d’une technique ancienne — la marqueterie — et d’une vision résolument contemporaine, l’artiste compose des fresques en bois précieux, entre figuration et abstraction, qui interrogent avec une rare justesse nos liens au vivant, aux objets, à la mémoire. Dans un monde saturé d’images, Laborde taille dans la matière un contre-récit : lent, silencieux, minutieux — mais chargé d’une tension politique sourde.

Loin d’un accrochage conventionnel, Concrete Jungle est une proposition immersive, hybride, à lire comme une cartographie mentale de notre époque.

Anton Laborde, Le Jardinier, 2023. Technique mixte. Feuille d’or, Collage d’essences de bois précieux naturel et teinté à la main, sur panneau de bois. Dim. : 90 × 120 cm. © Courtesy Galerie REVEL

Une jungle foisonnante au cœur de Bordeaux

Un œil fermé puis l’autre. Le silence s’installe. Entre les feuillages et les paysages sculptés dans le bois, des figures émergent. Elles ne parlent pas. Elles regardent vers l’intérieur. Autour d’elles, des pompes à essence, des réfrigérateurs, des objets domestiques transfigurés par une jungle débordante.

Ce n’est pas un mirage, ni un songe tropical : c’est Concrete Jungle, dans les jungles, la ville — première exposition personnelle du plasticien Anton Laborde, présentée par la Galerie REVEL du 11 avril au 30 mai 2025 à Christie’s Maxwell-Baynes, à Bordeaux.

Dans cet espace inattendu — une agence immobilière de prestige transformée pour l’occasion en lieu d’exposition — s’élève une œuvre rare : des fresques en marqueterie, entre figuration et abstraction, réalisées délicatement au prix d’innombrables heures de travail. Bois précieux assemblés à la main, narration plastique à la fois méditative et critique.

L’artiste installe dans ce lieu, situé en plein cœur de la ville de Bordeaux, une jungle — non pas pour l’exotiser, mais pour en faire un espace énigmatique — à la fois matrice, mythe et miroir de l’humanité contemporaine.

Anton Laborde, Le Frigo qui cache la forêt, 2025. Techniques mixtes. Dim. : 50 × 50 cm. Feuille d’argent, collage d’essences de bois précieux naturel et teinté à la main sur panneau de bois. Marqueterie hybride © Courtesy Galerie REVEL

Entre introspection et critique sociale

Dans les compositions de Laborde, la jungle n’a pas de frontière. Elle envahit tout sans cadre ni hiérarchie. Elle devient territoire d’ambiguïté, espace de cohabitation entre le vivant, l’objet manufacturé et la figure humaine. Ces dernières – souvent féminines, les yeux clos – flottent en apesanteur dans un écosystème saturé. Elles sont présences silencieuses, presque sacrées, qui incarnent le repli, l’intimité, mais aussi la résistance.

L’historienne de l’art Nathalie Viot résume : “Ses fresques monumentales, exclusivement consacrées aux jungles, sont à la fois figuratives et métaphoriques. Pour lui, la jungle contient tout : elle incarne l’humanité, ses tensions et son harmonie. […] Il n’y a pas de cadre, la jungle déborde vers un univers infini, une turbulence cosmique.” Cette turbulence prend la forme de brouettes ailées, d’objets du quotidien surgis de l’enchevêtrement végétal, comme autant de symboles d’un monde en transition.

Une mémoire gravée dans le bois, le parcours d’Anton Laborde

Portrait photo Anton Laborde par David Loridan. Courtesy Galerie REVEL

Anton Laborde n’a pas choisi la marqueterie par hasard. Il s’y initie dès l’âge de 15 ans, auprès des Compagnons du Tour de France, et apprend les gestes fondateurs aux côtés du marqueteur d’art Dominique Ciamarone, Meilleur Ouvrier de France. Très tôt, il comprend que cette technique ancienne peut devenir un langage contemporain. En résidence chez le designer irlandais Joseph Walsh, il affine cette intuition : détourner l’artisanat pour l’inscrire dans une narration critique, sensible, poétique.
Son enfance passée à Auroville, cité expérimentale fondée en 1968 sur une terre désertifiée du sud de l’Inde, nourrit en profondeur sa manière de voir le monde. Là-bas, les utopies collectives, la spiritualité laïque et la confrontation à un environnement recréé ont laissé des empreintes.

Mais Anton Laborde s’en détache : “Je ne fais pas de la nature un sujet, mais un terrain d’écriture”, semble-t-il dire à travers ses œuvres. Les références picturales sont nombreuses : Rousseau pour les atmosphères végétales, Klimt pour les compositions denses, Botticelli pour la finesse des figures, Van Gogh pour l’énergie de la matière.

Mais rien n’est citation, tout est réinvention. Laborde compose sa propre mythologie, où le bois, teinté ou brut, est la matière première d’un théâtre mental. Ses œuvres lui valent plusieurs distinctions précoces : Prix des Compagnons (2017), Prix national du Concours Général des Métiers et Prix du Rotary Club (2018), Prix Jeune Création des Métiers d’Art – Ateliers d’Art de France (2022). Son travail a été salué dans la presse spécialisée (Financial Times, IDEAT, ELLE Décoration, Le Figaro).

Depuis 2019, il vit et travaille dans le Sud-Ouest de la France.

Une exposition dans le cadre d’un partenariat inédit

Vue d’exposition. Œuvre exposée : Anton Laborde, L’apaisement de l’indomptable, 2025. Technique mixte— marqueterie hybride. Essences de bois précieux naturel et teinté à la main sur panneau de bois. Dim. : 180 × 270 cm. © Courtesy Galerie REVEL · Photo : David Loridan.

Depuis 2024, la Galerie REVEL et l’agence Christie’s Maxwell-Baynes à Bordeaux mènent un projet original : intégrer des expositions d’art contemporain dans un lieu dédié à l’immobilier de prestige, créant des correspondances inattendues entre patrimoine et création artistique.

Concrete Jungle, dans les jungles, la ville est la troisième exposition née de ce partenariat. Ce format hors normes permet de décloisonner l’expérience artistique, d’attirer un public nouveau, et de redéfinir l’espace d’exposition comme lieu de friction fertile entre architecture, art et société.

Exposition Concrete Jungle, dans les jungles, la ville, du 11 avril au 30 mai 2025  – Chez Christie’s Maxwell-Baynes, 28 Cours du Chapeau-Rouge, 33000 Bordeaux 

www.galerierevel.com

Photo d’en-tête : Anton Laborde, Danser sous les étoiles, 2025. Technique mixte : collage de bois naturel et teinté à la main sur panneau de bois, feuille d’argent et nacre, marqueterie hybride. Dim. 90 x 120 cm © Courtesy Galerie REVEL

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