Initiée en 2022, l’ambitieuse entreprise de réaménagement Réenchanter la Villa Médicis s’apprête à franchir une étape décisive. Le 13 juin 2025, à Rome, la Villa Médicis lèvera le voile sur une métamorphose d’envergure : sept chambres d’hôtes et deux jardins historiques réinventés, dans un dialogue sensible entre héritage architectural, paysage, création contemporaine et excellence des métiers d’art.
Fondée en 1666 sous l’égide de Louis XIV, l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, installée depuis 1803 dans une somptueuse villa du XVIe siècle ceinte d’un parc de sept hectares sur le mont Pincio, incarne un trait d’union entre la France et l’Italie, entre passé et création vivante. Établissement public national placé sous l’égide du ministère de la Culture, l’Académie s’articule aujourd’hui autour de trois missions essentielles : accueillir en résidence des artistes, créateurs et créatrices, historiennes et historiens de l’art de haut niveau, pour des séjours longs ou brefs ; proposer une programmation culturelle et artistique ouverte à tous les champs de la création contemporaine ; conserver, étudier, restaurer et partager avec le public son patrimoine d’exception, tant bâti que paysager, ainsi que ses riches collections. Depuis 2020, l’Académie est dirigée par Sam Stourdzé.

Chambre des Muses, Villa Médicis, réménagée par India Mahdavi. Photo © François Halard
Trois ans après son lancement, le programme Réenchanter la Villa Médicis entre en résonance nouvelle en 2025, avec la renaissance de sept chambres d’hôtes et de deux jardins d’agrumes, repensés dans une osmose entre mémoire patrimoniale et regard contemporain.
Après la réinvention des salons de réception par Kim Jones et Silvia Venturini Fendi en 2022, suivie en 2023 par la réinterprétation des chambres historiques sous la main inspirée d’India Mahdavi, ce nouveau chapitre se tisse à travers les regards croisés d’architectes, designers, paysagistes, artistes et artisans d’art.

Projet final à découvrir le 13 juin 2025. Photo © Daniele Molajoli
À cette occasion, chaque chambre d’hôtes a été confiée à une équipe franco-italienne, fruit d’un concours, conjuguant sensibilité artistique et savoir-faire :
- Sébastien Kieffer et Léa Padovani avec l’Atelier Veneer
- Le Studio GGSV (Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard) avec Paper Factor et Matthieu Lemarié
- Le Studio Acte Deux avec Tristan Dassonville
- Le Studio Zanellato/Bortotto avec Incalmi
- Eliane Le Roux (Rocas) et Miza Mucciarelli (Atelier Misto) avec Claudio Gottardi
- Le Studio Constance Guisset avec Signature Murale et Arcam Glass
- Le Studio Sabourin Costes avec Estampille 52
Ces résidences deviennent ainsi de véritables œuvres d’hospitalité, où se trament inspirations romaines, réminiscences de la Renaissance et visions contemporaines. Une expérience unique, à la croisée de l’intime et du sublime.

Ce projet audacieux n’aurait pu voir le jour sans le précieux soutien de la Fondation Bettencourt Schueller, mécène fidèle des métiers d’art depuis un quart de siècle, accompagnée dans cette aventure par la Fondation Banque Populaire et la Maison Tréca Paris.
À l’extérieur, c’est le jardin des citronniers qui se réinvente sous la plume sensible de Bas Smets, architecte de paysages, en complicité avec Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques. Leur geste cherche à révéler la poésie secrète du jardin de Ferdinand de Médicis, suspendu entre ciel et ville, parmi les citronniers baignés de lumière. En écho à cette renaissance végétale, une ligne de mobilier d’extérieur baptisée Cosimo de’ Medici, imaginée par le duo Muller Van Severen et éditée par Tectona, vient souligner la beauté du lieu.
Le jardin des parterres, s’étendant avec majesté devant la façade théâtrale de la Villa et sa loggia en serlienne jusqu’au mur d’Aurélien, connaît lui aussi une nouvelle mise en scène. Vingt citronniers, choisis parmi des variétés anciennes, y sont déployés selon une scénographie minutieuse, révélant l’œuvre céramique de Natsuko Uchino et les mots ciselés de la poétesse Laura Vazquez. Uchino, en dialogue avec la tradition toscane, a façonné des pots uniques où le geste artisanal rencontre l’élan contemporain. Laura Vazquez, lauréate du prix Goncourt de la Poésie 2023 et pensionnaire de la Villa, a quant à elle composé un poème de vingt mots gravés à même la pierre des socles – une constellation de mots, ancrés dans le sol romain.
Ce réaménagement poétique du jardin des parterres a été rendu possible grâce au mécénat engagé de la Fondation Diptyque, partenaire attentif à la mise en valeur des jardins de la Villa.

À travers cette nouvelle étape de Réenchanter la Villa Médicis, l’Académie de France à Rome réaffirme son engagement en faveur de la création, de la recherche et de l’excellence artisanale. Ce projet invite à repenser le lien au lieu, à son passé, à sa mémoire. Il s’inscrit dans la lignée des gestes visionnaires de Ferdinand de Médicis et de son architecte Bartolomeo Ammannati, des directeurs artistes du XIXe siècle comme Horace Vernet ou Ingres, du regard onirique de Balthus dans les années 1960, ou encore des interventions plus récentes de Richard Peduzzi et Claudio Parmiggiani.
La Villa Médicis, traversée par les siècles et par l’esprit de la Renaissance, continue de vibrer sous l’impulsion des contemporanéités. Elle est plus que jamais un lieu vivant, inspiré et inspirant.
Photo d’en-tête : Villa Médicis © Daniele Molajoli