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Couturiers de la danse – De Chanel à Versace

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Véritable célébration du lien qui unit les créateurs de mode à la danse, l’exposition au CNCS de Moulins rouvre ses portes à compter du jeudi 21 mai.  Entre les prestigieuses créations de Coco Chanel, avec les ballets russes, celles signées par Gianni Versace pour Maurice Béjart ou Christian Lacroix puis Balmain par Olivier Rousteing avec le ballet de l’Opéra de Paris, Issey Miyake et William Forsythe et bien d’autres, la collection Couturiers de la danse réunit 130 costumes témoignant grâce à une scénographie immersive et spectaculaire, de la créativité débridée des grands couturiers qui ne cessent de sublimer sur scène, les créations des chorégraphes. Un hommage à la danse sous toutes ses coutures.

De 1918 aux années cinquante, l’Opéra de Paris, principalement sous la direction de Jacques Rouché, connut un prestige international considérable au travers d’une floraison exceptionnelle de créations musicales, lyriques et chorégraphiques. Sur la scène du Palais Garnier se constitua ainsi une part importante de notre patrimoine culturel national. Il fut fait appel aux compositeurs, interprètes, plasticiens et chorégraphes qui marquent l’histoire de l’Art moderne.
Alors, plus que tout autre, le XXe siècle aura été celui de la danse. Des Ballets russes à la modern-dance, du Tanztheater de Pina Bausch à la nouvelle vague française des années 80, les courants se sont succédé, s’opposant parfois, se répondant aussi. Et avec cette libération du mouvement viendra la libération des corps.

Très tôt, les couturiers vont s’intéresser à la danse dans un même élan : Gabrielle Chanel, pionnière par excellence, puis Yves Saint-Laurent vont mettre le mouvement à la mode. Dans la foulée des créateurs comme Jean-Paul Gaultier ou Christian Lacroix, Karl Lagerfeld ou Maria Grazia Chiuri entrent dans la danse. Pour chacun, les danseurs sont les complices idéals.
Ces collections sont certes célèbres mais encore méconnues du grand public et grâce à la volonté de deux hommes, l’un journaliste et auteur, l’autre architecte et scénographe, un voile se lève sur une collection splendide de costumes de danse, l’exposition Couturiers de danse.

Costumes de Viktor & Rolf pour « Shape », chorégraphie de Jorma Elo. Dutch National Ballet, Amsterdam, 2014. © Erwin Olaf

Couturiers de la danse réunit 130 pièces contant une traversée du siècle, le tout présenté selon différents thèmes. Pensée comme une exposition émotion, l’exposition lève un voile sur les collaborations du monde de la mode et de la danse. 130 modèles dont certains jamais vus en France sont réunis pour célébrer ces deux univers. Soit presque un siècle de complicité.

Quatre thèmes rythment l’exposition imaginée par Philippe Noisette dans une scénographie de Marco Mencacci. Du choc des formes jusqu’aux matières, de la seconde peau – couture – de la danse jusqu’aux tutus, corsets et pourpoints revisités, les créateurs déploient ainsi talent et imagination – presque – sans contrainte.

Le premier, Formes, s’intéresse au travail des lignes avec des tenues de danse futuristes, des silhouettes hors norme. Un air de fantaisie – avec pas mal de rigueur, couture oblige – flotte ici.
Avec le second thème Seconde Peau, nous sommes au plus près des corps. Collant, transparence, le mouvement est magnifié par le talent de Balmain, Givenchy, Dior, On Aura Tout Vu, Christian Lacroix. Le costume se fait tantôt parure, tantôt caresse.
Avec le thème Pas si classique, les couturiers revisitent tutu, pourpoint, corset et même marinière. De Saint Laurent à Jean-Paul Gaultier ou Karl Largerfeld, le génie se cache dans les détails.
Enfin, avec le thème Matières, la danse se fait complice de l’exceptionnel, à savoir des matières uniques, novatrices, inédites. Un défilé en quelque sorte.

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Costume de Riccard Tisci / Givenchy pour « Boléro », chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet. Opéra national de Paris, 2013. Prêt ONP. © CNCS / Florent Giffard

Trois salles sont dédiées à des aventures exceptionnelles Gianni Versace et Maurice Béjart, Issey Miyake et William Forsythe, Daniel Larrieu. Enfin, tout au long des salles, le visiteur pourra être le témoin de l’excellence des ateliers de coutures qu’ils soient de l’Opéra de Paris, du Royal Ballet de Londres, des ballets de Monte-Carlo, de la Maison Dior ou Balmain. Du classique revisité au vestiaire futuriste, de la dentelle au plissé synthétique, Couturiers de la danse met en scène dans des vitrines pensées comme des écrins ce dialogue fécond.

Durant le parcours, le visiteur pourra également retrouver des extraits vidéo de ballets magnifiant mouvement et couture.

Costume de Hervé L. Leroux pour « Rythme de Valse », chorégraphie de Roland Petit. Opéra national de Paris, 1994. Coll. CNCS/ONP. © CNCS / Florent Giffard

L’exposition qui a déjà accueilli 20 000 visiteurs à ce jour, permet de s’émerveiller devant les créations issues de prestigieuses collaborations, entre Coco Chanel, pionnière par excellence avec sa collaboration avec les ballets russes, celles signées par Gianni Versace pour Maurice Béjart ou de Christian Lacroix puis Balmain par Olivier Rousteing avec le ballet de l’Opéra de Paris, Issey Miyake et William Forsythe et bien d’autres !

Grace aux collections et à des prêts exceptionnels, Couturiers de la danse témoigne ici grâce à une scénographie immersive et spectaculaire, de la créativité débridée des grands couturiers qui ne cessent de sublimer sur scène, les créations des chorégraphes. Conçue par le journaliste et auteur Philippe Noisette (1), spécialiste du spectacle vivant et plus spécialement de la danse, et scénographiée par l’architecte et artiste multidisciplinaire Marco Mencacci (2), l’exposition dévoile un véritable ballet de formes et de matières où le costume devient mouvement.

Comme l’expliquait en son temps Lucien Coutaud, collaborateur entre autres de Jean-Louis Barrault et Jacques Copeau : « Les costumes des personnages seront autant de petits décors portatifs dont rien ne sera négligé. De l’extrémité de la chaussure au sommet de la coiffure, tout a son importance ; une couleur de chapeau ou de soulier indique parfois à elle seule, plus que toutes les autres parties du costume, la particularité de l’individu. L’ensemble des détails forme ce tout exactement fidèle au caractère propre du personnage […]. » (3)

Spectacle: « Sous apparence », Chorégraphe : Marie-Agnès Gillot, Compagnie: Ballet de l’Opéra national de Paris, Musique: Morton Feldman, Anton Bruckner, Gyorgy Ligeti, Lumières: Madjid Hakimi, Décors: Olivier Mosset, Costumes: Walter Van Bierendonck, Lieu: Opéra Garnier, Paris le 29/10/2012 – © Laurent Philippe

Un projet scénographique raffiné

Le scénariste Marco Mencacci raconte : « Couturiers de la danse dévoile un véritable ballet de formes et de matières ou le costume devient mouvement. Les dispositifs scénographiques sont conçus pour présenter les thématiques de l’exposition : la forme, les matières, la seconde peau et les tutus. Dès l’entrée, des volutes en papier évoquant avec légèreté le dessous de tutus accueilleront le visiteur. Dans les vitrines du musée, aux atmosphères éthérées sous des éclats de lumières blanches les costumes de danse sont présentés comme des œuvres évoquant le white cube des espaces d’art contemporain. Des costumes prestigieux issus de l’étroite collaboration entre les artistes chorégraphes et couturiers, prennent place dans des vitrines diorama enrichies de lès en papier découpé, entoilé, froncé et galonné faisant échos à l’univers de la couture. Des lumières raffinées mettront en avant le dessin, les formes et les matières de chaque costume. La dernière salle, toujours spectaculaire, propose une scène blanche, baignée dans un jeu entre miroirs et lumières où le visiteur découvre les costumes ainsi magnifiés au centre de cet espace majestueux. Tous les costumes présentés dans les vitrines et les salles sont finement dessinés et reproduits dans des cartels pour accompagner et informer le visiteur tout au long de la découverte de l’exposition. »

Spectacle : « Brahms – Schönberg Quartet », Chorégraphe: George Balanchine, Compagnie : Ballet de l’Opéra national de Paris, Musique de Johannes Brahms orchestrée par Arnold Schönberg,
Décor et costumes : Karl Lagerfeld, Lumières : Mark Stanley, Lieu : Opéra Garnier, Paris, le 21/10/2016 – © Laurent Philippe

Depuis 1924, date de la rencontre sur scène des Ballets russes et de Gabrielle Chanel pour la création du Train Bleu, la couture n’a cessé de s’intéresser à l’univers de la danse. Et cette dernière à la mode. Yves Saint Laurent et Roland Petit pour Notre Dame de Paris, Gianni Versace et Maurice Béjart, Christian Lacroix et l’Opéra de Paris (Les Anges ternis, Joyaux, Shéhérazade, Le Songe d’une nuit d’été), Jean Paul Gaultier et Régine Chopinot, avec le ballet Défilé, Angelin Preljocaj et Jean Paul Gaultier (Blanche Neige) puis Azzedine Alaïa (Les Nuits, La Fresque), William Forsythe et Issey Miyake, Rei Kawakubo et Merce Cunningham, Anne Tersea de Keersmaeker et Van Noten, Viktor & Rolf avec le Het National Ballet ou Walter Van Beirendonck avec l’étoile Marie-Agnès Gillot ou Iris Van Herpen avec Benjamin Millepied ou Sasha Waltz. Sans oublier les couturiers de la danse que sont Dominique Fabrègue, Jérôme Kaplan ou Philippe Guillotel. Au final, c’est un siècle de complicité entre les couturiers et chorégraphes de la scène internationale. La recherche des formes et des matières le dispute aux couleurs ou à l’histoire du costume dans un même mouvement. Cette exposition leur rend hommage.

Un hommage que Martine Kahane, ancienne directrice du  CNCS entre 2006 et 2011, ne manquait pas de révéler, lorsqu’elle était à la tête de la Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris : « Les costumes [sont] pour la plupart réalisés dans les Ateliers de Couture du Théâtre National de l’Opéra de Paris. Ce travail, comparable à celui de la haute couture, pour son élégance, son goût et son souci de la finition et du détail, comporte en plus une dimension de folie propre au théâtre. Une fois pris en compte les impératifs du plateau, l’imagination a libre cours pour le choix des étoffes, le mariage des couleurs, l’architecture des lignes. Cette grande liberté d’inspiration ne peut trouver sa réalisation que dans un travail d’une exigeante minutie mis au service des créateurs.«  (4)

Costume de Karl Lagerfeld pour « Jeune homme », chorégraphie de Uwe Scholz. Création Les Ballets de Monte-Carolo, 1986. Prêt Les Ballets de Monte-Carlo. © CNCS / Florent Giffard

Les visiteurs pourront également découvrir l’exposition permanente consacrée à l’un des plus grands danseurs du XXe siècle, Rudolf Noureev. Cette collection présente des aspects de la vie personnelle et artistique de ce danseur à la carrière internationale exceptionnelle. Mobilier, instruments de musique, textiles, tableaux, gravures, sculptures, costumes de ville et de scène, photographies et films, une centaine de pièces sont présentées dans une scénographie théâtralisée conçue par Ezio Frigerio assisté de Giuliano Spinelli.

Le Centre national du costume de scène

Véritable fleuron du patrimoine artistique, le CNCS conserve, montre et explique les œuvres d’une collection unique au monde composée aujourd’hui de 20 000 costumes de théâtre, de danse et d’opéra, mais aussi d’accessoires et de décors.
Cette collection réunit des éléments du milieu du XIXe siècle à nos jours provenant de dépôts des trois institutions fondatrices du Centre, la Bibliothèque nationale de France, la Comédie-Française et l’Opéra national de Paris, auxquels sont venus s’ajouter de nombreux dons de compagnies, d’artistes et de théâtres.

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Costume de Gianni Versace pour « Élégie pour elle, L., aile », chorégraphie de Maurice Béjart. Création, Bruxelles, Belgique, 1989. Prêt Béjart Ballet Lausanne. © CNCS / Florent Giffard

Le CNCS bénéfice du cadre exceptionnel du Quartier Villars, première caserne édifiée sous le règne de Louis XV dans le cadre de la réforme des armées initiée par le duc de Choiseul, site classé monument historique depuis 1984. Grâce à son savoir-faire et sa forte créativité, le CNCS s’affiche comme un puissant équipement touristique de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et rayonne au-delà des frontières avec l’itinérance de ses expositions et une offre en ligne développée offrant par exemple, grâce à son partenariat avec l’Institut Culturel de Google, la possibilité aux internautes de découvrir virtuellement la totalité de ses expositions, des centaines de costumes de scène en haute définition et sous toutes les coutures ou encore, de visiter l’espace consacré au grand danseur et chorégraphe Rudolf Noureev grâce à la technologie Streetview.

En raison de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, le Centre national du costume de scène à Moulins est fermé au public depuis le 15 mars 2020. Suite à l’annonce du Gouvernement permettant une réouverture des musées à certaines conditions, le CNCS se prépare activement afin d’accueillir à nouveau ses visiteurs à partir du jeudi 21 mai et propose à cette occasion un grand weekend d’accès gratuit du 21 au 24 mai 2020. Toutes les mesures nécessaires et indispensables en lien avec les recommandations sanitaires en vigueur ont été mises en place. Le public pourra ainsi visiter le musée en toute sécurité et dans le respectant du protocole établi pour la réouverture. La programmation des expositions temporaires s’est adaptée à cette situation et la manifestation prévue sur le Carnaval de Rio est reportée. Dès la réouverture, il sera donc possible de (re)découvrir Couturiers de la danse, exceptionnellement prolongée jusqu’au 1er novembre 2020 grâce à l’accord de tous les prêteurs de l’exposition.

Retrouvez toute la programmation 

Exposition Couturiers de la danse au Centre national du costume de scène et de la scénographie, Quartier Villars – Route de Montilly 03000 Moulins
Tél. : 04 70 20 76 20
www.cncs.fr

Photo d’en-tête : Costume de Gareth Pugh pour « Carbon Life », chorégraphie de Wayne McGregor. Création Royal Ballet, Opéra Royal, Londres, 2012. Prêt Opéra Royal, Londres. © CNCS / Florent Giffard

(1) Philippe Noisette est journaliste et auteur, spécialiste du spectacle vivant et plus particulièrement de la danse. Il a écrit Couturiers de la danse (Ed de la Martinière 2003), Le Corps et la danse (Ed de La Martinière 2005), Danse Contemporaine Mode d’emploi (Flammarion 2010) et Danse Contemporaine le Guide, nouvelle édition (2019) et a assuré la programmation avec Ariane Bavelier de la saison danse à la Fondation Vuitton d’octobre 2016 à février 2017 dans le cadre de l’exposition Icones de l’Art Moderne Collection Chtchoukine. Il collabore actuellement à Paris Match, Les Inrocks et France Culture.
(2) Marco Mencacci est un artiste multidisciplinaire. Son activité s’étend du design à l’architecture intérieure, de la scénographie théâtrale à l’événementiel. Ses collections en verre soufflé de Murano sont exposées dans les musées d’art contemporain en France et à l’international. Le Chapithôtel du Parc de la Villette à Paris l’invite pour la conception et l’aménagement de ses résidences destinées aux artistes invités. Pour son nouveau bâtiment, le Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne lui confie le projet de mise en couleur des espaces communs et des logements individuels. Il est également l’auteur du nouveau Guide des styles paru aux Éditions Hachette. Enfin, Marco Mencacci enseigne le design et l’architecture d’intérieur à l’école Camondo de Paris.
(3) Source : Les artistes et l’Opéra de Paris – Dessins et costumes 1920-1950 – Edition Herscher 1987
(4) Source: Propos du catalogue d’exposition d’un condensé du patrimoine de costumes et de bijoux de l’Opéra de Paris au Cooper Hewitt Museum New-York, 1988 

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