L’Organisation internationale de normalisation (ISO) vient d’adopter l’ISO 17298, première norme mondiale entièrement dédiée à la biodiversité. Inspirée des démarches de management environnemental, elle propose aux entreprises et organisations un cadre pour mesurer leurs impacts sur les écosystèmes, identifier les risques et opportunités liés au vivant, et intégrer ces enjeux dans leur stratégie. Une avancée majeure, mais qui suppose un engagement réel et des moyens pour être pleinement efficace.
Face au déclin accéléré des écosystèmes, la prise en compte de la biodiversité devient un impératif économique autant qu’environnemental. Fin septembre 2025, un rapport de l’Agence européenne de l’environnement alertait sur l’ampleur de la dégradation du patrimoine naturel européen : plus de 60 % des espèces non aviaires et 81 % des habitats protégés sont en mauvais ou très mauvais état, tandis que 60 à 70 % des sols seraient dégradés. Dans ce contexte critique, l’ISO publie officiellement l’ISO 17298, première norme internationale dédiée à la biodiversité qui établit un cadre mondial pour intégrer la biodiversité dans la gouvernance et le reporting des organisations, aux côtés des enjeux climat et RSE.
Une boussole pour structurer l’action des entreprises
Fruit de travaux initiés et pilotés par l’AFNOR, représentant français au sein de l’ISO, cette nouvelle norme volontaire se veut un mode d’emploi universel pour toute organisation souhaitant intégrer la biodiversité au cœur de sa stratégie. Sur le modèle des normes environnementales déjà bien établies – à l’image de l’ISO 14001 –, elle adopte une approche en système de management : analyser, planifier, agir, évaluer, améliorer. Concrètement, ISO 17298 aide les entreprises à :
- évaluer leurs impacts sur la nature, directs comme indirects ;
- identifier les risques et opportunités liés à la biodiversité, par exemple en matière de chaînes d’approvisionnement, de réputation ou d’innovation ;
- définir des objectifs et des actions correctrices, avec un suivi continu ;
- intégrer la biodiversité dans la gouvernance et les décisions stratégiques.
Un outil structurant… mais exigeant
Les bénéfices attendus sont nombreux. La norme facilite l’anticipation des réglementations à venir, donne un cadre clair pour dialoguer avec les parties prenantes – investisseurs, clients, autorités – et peut devenir un levier de différenciation sur les marchés. Elle participe également à renforcer la résilience des entreprises dont l’activité dépend, de près ou de loin, du bon état des ressources naturelles.
Mais ISO 17298 représente aussi un chantier ambitieux. Son application demande du temps, des compétences internes ou externes, ainsi qu’une collecte de données souvent complexe, notamment pour les entreprises peu familiarisées avec le sujet. Comme toute norme volontaire, son efficacité reposera sur la volonté des organisations de la mettre en œuvre de manière sincère et suivie, au-delà de la simple communication.
Avec ISO 17298, l’ISO offre un cadre inédit pour aider les entreprises à passer de l’intention à l’action dans la protection du vivant. Dans un monde où la biodiversité s’érode rapidement, cette norme pourrait devenir un repère clé pour les acteurs économiques… à condition qu’ils s’en saisissent pleinement.






