Acheter français, mais comment ?

Donc on le comprend grâce à l’OMC, les multinationales arrivent à échapper aux lois, aux conventions collectives, aux usages et aux contraintes sociétales de nos pays développés.

Aux 17, 18, 19ème siècle, les grandes puissances occidentales (Angleterre, Allemagne, Espagne, Portugal, Belgique, France) envahissaient, armes à la main, les pays peu développés  pour en faire des colonies et exploiter leurs richesses. Les sociétés industrielles et les banques leur permettaient d’installer leur influence, de financer les infrastructures et d’envoyer, souvent de force d’ailleurs, des émigrés souvent dans la misère, comme colonisateurs. On a vidé des prisons pour envoyer beaucoup de français au Québec ainsi que des prostituées raflées pour l’occasion qu’on a baptisé « les filles du roi » pour leur refaire une virginité. De même, les anglais ont envoyé des prisonniers pour peupler l’Australie. Comme au bon vieux temps des colonies, les multinationales ont accès aux ressources, mais les colonies étaient une occupation armée et étrangère ; maintenant le pouvoir est souvent dictatorial, mais local.

Aujourd’hui, c’est l’OMC qui a installé une nouvelle mondialisation sans armes, et ce sont les multinationales qui vont chercher le pétrole et les minerais dans les pays pauvres (pardon, en voie de développement). 

La colonisation des pays n’est plus du tout politiquement correcte, l’esclavage encore moins d’ailleurs. Mais, si sur le papier, tous les pays se sont libérés de l’esclavage, en réalité le pillage du travail et des ressources naturelles des pays pauvres continue. En fait, les Etats-Unis n’avaient jamais eu de colonies. Ils avaient sur leur sol la plupart des ressources nécessaires. Ils avaient été tellement critiques par rapport aux pays colonisateurs européens qu’il ne pouvaient pas se lancer dans une colonisation. Alors ils ont créé l’OMC.

 

Bien sûr, la première ressource pillée, comme du temps de l’esclavage, c’est la main-d’œuvre. Actuellement, les entreprises du textile mondial se sont implantées au Cambodge car le salaire mensuel y est de 50 USD par mois alors qu’au Vietnam le salaire minimum est environ de 90 USD et le textile reflue du Vietnam vers le Cambodge. Le Vietnam est beaucoup trop cher !

Les romains qui utilisaient des esclaves dépensaient peut-être plus pour leur entretien que ne le font les multinationales pour payer les ouvriers modernes du Cambodge ou du Bengladesh. 

Les états, qui ont adhéré à l’OMC, n’ont plus les commandes pour contrôler les banques et les industries qui s’installent où elles veulent et organisent les usines avec des conditions de travail pires que l’esclavage (en tous cas sans contraintes syndicales ni législatives). 

Par contre, les multinationales surveillent l’accès aux ressources et surtout au pétrole. La guerre au Moyen-Orient n’aurait jamais eu lieu, si l’Irak  avait seulement contrôlé l’eau de l’Euphrate.

 

Les multinationales profitent aussi  des facilités permises par l’OMC pour s’approprier les richesses des pays, le sol pour les cultures qu’on ne trouve pas sous nos latitudes et le sous-sol afin de d’exploiter des mines. On a vu une de nos multinationales d’origine française, exploiter le pétrole en Birmanie en accord avec la junte militaire (celle qui retenait en otage Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix).

L’OMC a permis autour de la ceinture équatoriale, Vénézuela, Indonésie, Papouasie, Afrique, inde, ou  Asie à d’autres multinationales de s’approprier les terres des peuples autochtones qui n’avaient aucun titre de propriété (il ne savaient même pas que ça existait), de planter des palmiers à huile et d’autres cultures exportables, café, cacao, arbre à caoutchouc, bananes, pamplemousses, ananas. Les multinationales peuvent aussi racheter dans tous ces pays les PME et les entreprises qui les intéressent, implanter des usines avec des ouvriers très mal payés dans des conditions d’hygiène et de sécurité plus que limitées.

L’OMC a été pour les multinationales une façon commode de remplacer les colonies du 19ème Siècle… C’est moins violent mais ce n’est pas plus glorieux, même si c’est fait souvent avec l’accord des dictateurs de ces pays, qu’on a parfois aidé à s’installer au pouvoir.

Depuis quelques années, face aux Banques et aux multinationales, même avec une France étiquetée socialiste, l’Europe et l’Etat français ont été défaillants. On a laissé une très grande liberté aux banques et aux sociétés multinationales. Notre gouvernement a même pensé qu’on pouvait passer un pacte avec les entreprises du MEDEF et qu’elles pouvaient s’engager sur des objectifs « humanistes » comme : résorber une partie du chômage et de la misère. 

On a simplement oublié que les multinationales ne sont pas là pour penser au bien-être des français. Elles sont là pour bien fonctionner, si possible grossir davantage, mais surtout gagner de l’argent pour le répartir entre les dirigeants, les actionnaires et les cadres, employés et ouvriers qui la font fonctionner. Pas tout à fait équitablement, ni de la même façon. Pour permettre de comparer les ordres de grandeurs : aux ouvriers français  on donne 1 euro (7) pendant qu’on donne 0,05 euro aux ouvriers vietnamiens ou cambodgiens (8), 200 euros aux PDG français (9), 183 aux PDG anglais et 250 aux PDG Américains. On le voit, ce sont les américains qui donnent le ton mais nos PDG on bien compris tous les avantages que leur procurait la mondialisation. Et Ils ont poussé pour la hausse des salaires sous prétexte que le recrutement des PDG était mondial. Bien sûr, ce pourrait être vrai mais, dans les conseils d’administration français, ce sont leurs copains de l’oligarchie qui les nomment et pendant qu’un ouvrier reçoit un salaire qui lui permettra de vivre un an, ils recevront en un an, de quoi vivre comme un ouvrier pendant 200 ans. 

 

L’OMC a dépossédé tous les États de leurs pouvoirs, la France est comme le Bengladesh et son Rana Plaza, plus personne ne peut exercer d’action sur les multinationales, sinon elles fuient. Les conditions de salaires et de travail des ouvriers ne sont plus à l’amélioration comme avant les années 70 mais à la baisse.

La France traitait bien ses ouvriers en 1970 et les conditions se dégradent… heureusement qu’on ne partait pas de trop bas  et que les français ont des idées…

Avec les règlements européens actuels qui ont dépossédé la France de ses pouvoirs dans tous ces domaines, ce devrait être à l’Europe de fixer, pour les importations,  une taxation en fonction de  normes tout d’abord de qualité pour ne pas nuire à notre santé, mais aussi de respect de conditions sociales de main-d’œuvre de production… pour ne pas transformer les enfants de l’Indonésie, du Bengladesh ou de l’Inde en esclaves. (voir l’extraction du souffre en Indonésie et l’extraction du mica en Inde par des enfants).

 

En réalité, la libéralisation des échanges de produits industriels a été acceptée par les Etats, sous la pression du lobbying des multinationales, qui ont tout à y gagner, et dont le fer de lance est l’OMC. En l’absence de règles mondiales contraignantes, les banques et les multinationales, avec la complicité de l’OMC, de l’Amérique et des gouvernements des pays les plus pauvres de la planète, dictatures ou démocraties souvent corrompues, font tout ce qu’elles veulent dans ces pays. 

Cette exploitation systématique des prix de revient bas est aussi une conséquence de la financiarisation des entreprises…Pour rémunérer toujours plus, le capital, tous les coûts dans l’entreprise, considérés comme des charges doivent être diminués. Et le personnel, bien sûr, a été assimilé à ces coûts à minimiser (le patronat parle de charges de personnel). Certaines entreprises grâce à cette optimisation des charges, réalisent des bénéfices record ! Apple qui fait fabriquer en chine a annoncé des bénéfices records de 53 Milliards de dollars en 2015.