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Une étude massive de presque tous les glaciers de la Terre révèle une tendance dévastatrice

Une étude massive de presque tous les glaciers de la Terre révèle une tendance dévastatrice

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La fonte des glaciers du monde a presque doublé de vitesse au cours des 20 dernières années et contribue davantage à l’élévation du niveau de la mer que la fonte des calottes glaciaires du Groenland ou de l’Antarctique, selon l’étude mondiale des fleuves de glace la plus complète jamais entreprise. Les scientifiques affirment que le réchauffement climatique dû à l’homme est à l’origine de la perte accélérée des glaciers partout dans le monde, ce qui affectera les régions côtières de la planète et créera des risques majeurs d’inondation pour les centaines de millions de personnes qui vivent en aval de ces « châteaux d’eau naturels ».

Entre 2000 et 2019, les glaciers ont perdu 267 milliards de tonnes de glace par an, contribuant ainsi à l’équivalent de 21 % de l’élévation du niveau de la mer, révèle un important article publié dans Nature. Selon les auteurs, dont l’étude porte sur presque tous les glaciers de la planète, cette perte de masse équivaut à submerger entièrement la Suisse sous six mètres d’eau chaque année, commente l’ETH Zurich dans un communiqué. C’est 47 % de plus que la contribution de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland et plus de deux fois celle de la calotte glaciaire de l’Antarctique.

Les glaciers perdent principalement leur masse par la fonte de la glace, mais ils rétrécissent également en raison d’autres processus, comme la sublimation, où l’eau s’évapore directement de la glace, et le vêlage, où de gros morceaux de glace se détachent du bord d’un glacier, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). En suivant la vitesse à laquelle les glaciers rétrécissent, les scientifiques peuvent mieux prédire la vitesse à laquelle le niveau des mers peut s’élever, en particulier lorsque le changement climatique fait augmenter les températures moyennes mondiales.

Comment les glaciers fondent (source NASA)

L’étude la plus complète jamais réalisée

Il était, jusqu’à présent, notoirement difficile d’estimer le taux de rétrécissement des glaciers ; les estimations antérieures reposaient sur des études de terrain portant sur quelques centaines de glaciers seulement, sur les plus de 200 000 que compte la Terre, ainsi que sur des données satellitaires éparses à la résolution limitée, notent les auteurs dans leur nouvelle étude, publiée ce 28 avril. Certaines de ces données satellitaires ont capturé les changements d’élévation de la surface, mais elles n’ont été échantillonnées qu’à quelques endroits et à des points de temps épars. D’autres satellites ont détecté de légers changements dans le champ gravitationnel de la Terre, mais n’ont pas pu démêler dans quelle mesure le rétrécissement des glaciers a contribué à ces changements, par opposition aux changements de masse dans les couches de glace ou la terre ferme, par exemple.

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Pour parvenir à une estimation plus précise, l’équipe a utilisé une myriade d’images satellites et aériennes pour étudier 217 175 glaciers, soit la quasi-totalité des glaciers de la planète. En particulier, une archive de 20 ans d’images provenant de l’Advanced Spaceborne Thermal Emission and Reflection Radiometer (ASTER) de la NASA, un capteur haute résolution embarqué sur le satellite Terra, a fourni à l’équipe une mine de données et lui a permis d’effectuer des estimations plus certaines de la perte de masse des glaciers au fil du temps. « Nous disposons non seulement d’une couverture spatiale complète de tous les glaciers, mais aussi d’un échantillonnage temporel répété », c’est-à-dire de mesures prises à de nombreux moments, a déclaré le premier auteur Romain Hugonnet, doctorant à l’Université de Toulouse en France et au Laboratoire d’hydraulique, d’hydrologie et de glaciologie (VAW) de l’ETH Zürich en Suisse.

La vitesse de fonte a doublé en vingt ans

Le résultat est stupéfiant : « tous les glaciers fondent, à quelques exceptions près » explique à l’AFP Romain Hugonnet, auteur principal de l’étude. Son équipe a découvert qu’entre 2000 et 2019, les glaciers ont collectivement perdu une moyenne de 293,7 milliards de tonnes de masse par an, à 17,6 milliards de tonnes près ; cela représente environ 21 % de l’élévation du niveau de la mer observée au cours de cette période, ont noté les auteurs. Et pour chaque décennie depuis 2000, le taux global de perte de masse des glaciers s’est accéléré, augmentant d’environ 52,8 milliards de tonnes par an, ce qui pourrait expliquer l’accélération observée de l’élévation du niveau de la mer.

« En excluant les zones en périphérie du Groenland et de l’Antarctique, donc en gardant 70% des glaciers de la planète, on passe en 20 ans d’un amincissement moyen d’à peu près un tiers de mètre par an, à deux-tiers de mètre par an », souligne Romain Hugonnet. « En 20 ans, on a doublé cette vitesse d’amincissement. C’est très inquiétant ».

L’article révèle que tous les glaciers de la Terre ne perdent pas de la masse au même rythme. « Ce qui était encore plus intéressant, et un peu surprenant, c’est de voir que certaines régions ont décéléré et que d’autres ont accéléré », précise Romain Hugonnet.

Par exemple, la perte de masse des glaciers d’Alaska et de l’ouest du Canada s’est accélérée de manière significative au cours de la période étudiée, tandis que la perte des glaciers d’Islande, de Scandinavie et du sud-est du Groenland a ralenti entre le début des années 2000 et la fin des années 2010.

L’Alaska a représenté 25 % de la perte de masse mondiale, la périphérie du Groenland 12 % et le nord et le sud du Canada 10 % chacun. L’Himalaya et d’autres parties de l’Asie de haute montagne ont perdu 8 %, tout comme le sud des Andes et les régions subantarctiques.

Les glaciers inférieurs, plus petits, ne contribuent pas autant en volume, mais ils sont les plus vulnérables aux changements. L’amincissement des glaciers de Nouvelle-Zélande a été multiplié par sept entre 2000 et 2019. Les taux d’amincissement dans les Alpes européennes étaient deux fois supérieurs à la moyenne mondiale.

« Vous risquez de ne plus voir d’herbe verte en Suisse »

L’auteur principal de l’étude, Romain Hugonnet, souligne que ces données constituent un avertissement urgent. « Un doublement des taux d’amincissement en 20 ans pour les glaciers en dehors du Groenland et de l’Antarctique nous indique que nous devons changer notre mode de vie. Nous devons agir maintenant », a-t-il déclaré. « Il peut être difficile de faire comprendre au public pourquoi les glaciers sont importants parce qu’ils semblent si éloignés, mais ils affectent de nombreux éléments du cycle mondial de l’eau, y compris l’hydrologie régionale, et en changeant trop rapidement, ils peuvent entraîner l’altération ou l’effondrement des écosystèmes en aval. »

Vivant en Suisse, il craint que les générations futures ne puissent pas profiter des Alpes comme il l’a fait. « C’est magnifique maintenant mais ça va devenir de plus en plus sec. S’il n’y a pas de glaciers, il y aura moins d’eau en période de sécheresse à la fin de l’été. Pour la première fois, vous risquez de ne plus voir d’herbe verte en Suisse », a-t-il déclaré. « Les glaciers des Alpes ne sont pas épais et fondent [parmi les] plus rapidement au monde. Cela va continuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. La vitesse dépend des différents scénarios climatiques, mais à la vitesse actuelle, 80 à 90 % auront disparu d’ici 2050. Cela signifie que nous perdrons presque tout, sauf les plus grands glaciers. »

Sa plus grande préoccupation concerne les hautes chaînes de montagnes asiatiques, qui sont la source de fleuves tels que le Yangtze, le Mékong, le Salween et le Brahmapoutre, qui font vivre de grandes populations en aval. Le document exhorte les décideurs à concevoir des politiques d’adaptation pour le milliard de personnes qui pourraient être confrontées à des pénuries d’eau et à l’insécurité alimentaire avant 2050, ainsi que pour les plus de 200 millions de personnes qui vivent dans des zones côtières menacées par la montée des eaux avant la fin du siècle.

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« L’Inde et la Chine épuisent les sources souterraines et s’appuient sur l’eau des rivières, qui provient essentiellement des glaciers en période de sécheresse. Cela ira bien pendant quelques décennies, car les glaciers continueront de fondre et fourniront davantage d’eau de rivière, qui agit comme un tampon pour protéger les populations du stress hydrique. Mais après ces décennies, la situation pourrait se dégrader. Si nous n’anticipons pas, il pourrait y avoir une crise de l’eau et de la nourriture, qui toucherait les plus vulnérables. »

Samuel Nussbaumer, du World Glacier Monitoring Service (WGMS) et de l’Université de Zurich, n’a pas été directement impliqué dans la dernière évaluation mais tient à souligner : « Le changement rapide que nous observons actuellement est vraiment intéressant d’un point de vue scientifique. Jamais auparavant dans l’histoire, le changement n’a été aussi rapide. » Il ajoute : « Mais à un niveau personnel, c’est triste à voir. Les glaciers sont très dynamiques. Si les températures baissaient, ils repousseraient. Mais ce qui se passe aujourd’hui, c’est que les causes humaines entraînent une destruction à long terme, même dans ces régions reculées où il n’y a pas d’humains. »

Avec Live Science, AFP

Première publication : 29/04/201

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