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Voiture autonome

Automobiles : la course à l’autonomie commence à coûter très cher

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Le secteur de la voiture autonome est en pleine effervescence. La plupart des grands constructeurs automobiles, et toute une série de grands noms du secteur technologique, à commencer par Tesla ou Google, travaillent actuellement sur des projets de voiture sans chauffeur. Les défis technologiques à relever sont impressionnants, et chacun y va de ses challenges. Mais la conquête du marché, la course aux prix, la définition de nouveaux segments, et la démocratisation de ces nouvelles automobiles dévoile un champ de bataille tonitruant.
 
Le constructeur de voitures américain Tesla Motors essaie de développer des voitures les plus autonomes possibles, qu’il s’agisse de conduite autonome ou d’autonomie de batterie. Tesla a dévoilé mardi 23 août 2016 une nouvelle batterie entièrement électrique capable pour la première fois de faire dépasser à son Model S les 600 kilomètres d’autonomie. Selon le fondateur et dirigeant de Tesla, Elon Musk, c’est la première fois que l’autonomie d’une voiture électrique dépasse les 300 miles (480 kilomètres), selon les normes d’autonomie établies par l’Agence américaine de l’environnement (EPA), et les 600 kilomètres, selon les normes en vigueur en Europe. L’autonomie est exactement de 315 miles (normes EPA) et 613 kilomètres (normes européennes). Ces normes correspondent aux cycles de conduite, qui évaluent la consommation de carburant et les émissions de polluants d’une voiture normalisée afin de comparer les différents véhicules entre eux.
 
Cette nouvelle variante correspond à la politique du constructeur américain de proposer pas à pas une autonomie de plus en plus élevée pour ses modèles. Contrairement à la précédente amélioration, qui permettait de passer d’une batterie de 85 kWh à 90 kWh, il ne s’agira pas d’une optimisation du logiciel mais bel et bien d’un tout nouvel accumulateur.

Une berline 3 à 4 fois plus chère que ses concurrentes

Si Tesla peut se permettre d’offrir une autonomie record, c’est bien grâce au tarif élevé de ses voitures (140.000 € environ pour cette nouvelle version), qui lui permet d’implanter une gigantesque batterie, d’une capacité de 100 kWh.
 
Selon le magazine Challenges, La lourde Model S dispose en effet d’une batterie trois fois plus grosse qu’une BMW i3, pour seulement deux fois plus d’autonomie. Tesla n’a donc pas d’avance technologique en ce qui concerne la réduction de la consommation électrique. Aujourd’hui, la Model S P100D dispose d’une autonomie environ deux fois plus élevée que les électriques grand public, dotées majoritairement de batteries de 30 kWh, mais trois à quatre fois moins cher (il faut par exemple compter environ 37.000 euros pour la BMW i3 et 22.000 euros hors batterie pour une Zoé de Renault).

Une voiture presque aussi rapide qu’une Ferrari

Tesla se vante également d’avoir désormais la diabolique Tesla Model S « Ludicrous », la berline qui dispose de la plus forte accélération au monde (2,5 secondes pour atteindre 60 miles par heure soit 96 km/h). Deux voitures sont plus rapides, une Ferrari et une Porsche, mais il s’agit de modèles de sport, a souligné Elon Musk mardi.
 
Le constructeur tente actuellement de promouvoir ses modèles face à une vague de mauvaise publicité concernant son système de conduite autonome. Un accident mortel aux États-Unis et un autre moins grave en Chine sont venus entacher le fonctionnement de ce dispositif récemment mais Tesla a indiqué qu’il continuerait d’en équiper ses voitures.

La course à la démocratisation de l’autonomie

Dévoilée à l’occasion du Mondial de l’Automobile de Paris en octobre, l’Opel Ampera-e pourrait jeter un pavé dans la mare. Sa batterie de 60 kWh pourrait lui conférer une autonomie supérieure aux 320 km promis par le cycle américain de mesures EPA, moins favorable que son homologue européen. Cette version européenne de la Chevrolet Bolt pourrait ainsi flirter avec les 390 km et creuser l’écart par rapport à la Nissan Leaf, la voiture électrique la plus vendue au monde actuellement.
 
Ford annonce de son côté vouloir démocratiser les voitures autonomes. Le constructeur automobile américain Ford ambitionne à cet effet de livrer en grande quantité des véhicules totalement autonomes pour des services commerciaux de voitures partagées ou de réservation de taxis.
« Ford produira en série des véhicules capables de circuler de manière totalement autonome d’ici cinq ans. Pas de volant. Pas de pédale d’accélération. Pas de pédale de frein. Un conducteur ne sera pas requis », a commenté le patron de Ford, Mark Fields, dans un message sur le site de blogs Medium. Pour atteindre cet objectif, le groupe a dévoilé une série de partenariats avec des startups, dont Velodyne, un fabricant californien de capteurs utilisés sur les voitures autonomes dans lequel il a réalisé avec le groupe internet chinois Baidu un investissement commun de 150 millions de dollars.

Rendre les véhicules autonomes accessibles

Velodyne est spécialisé dans les capteurs laser dits Lidar (light, detection and ranging), qui permettent de créer des images numériques en 3D utilisées pour cartographier l’environnement, localiser et identifier des objets, et éviter des collisions.

LIRE DANS UP : Lidar : ce minuscule capteur va donner une vue perçante aux robots

L’entreprise dit pouvoir recueillir des données exactes au centimètre près dans un rayon de 200 mètres. « Notre investissement est un signe clair de notre engagement à rendre des véhicules autonomes accessibles pour les consommateurs autour du monde », a commenté Raj Nair, un responsable de Ford. Ford a aussi annoncé avoir acquis la société israélienne SAIPS, spécialisée dans l’intelligence artificielle en particulier quand elle permet à un ordinateur de « voir » et d’identifier des choses autour de lui. Le groupe évoque par ailleurs un accord exclusif de licence avec Nirenberg Neuroscience, une autre société spécialisée sur l’intelligence artificielle et la vision, qui doit l’aider à « apporter une intelligence similaire à celle des humains aux modules d’apprentissage informatique du conducteur virtuel de ses véhicules autonomes ».

Présence renforcée dans la Silicon Valley

Le groupe automobile a parallèlement cherché ces dernières années à étendre sa présence dans la Silicon Valley, où il avait ouvert début 2015 un centre de recherche à Palo Alto employant actuellement plus de 130 chercheurs, ingénieurs et scientifiques. Il a annoncé mardi 16 août son intention de le transformer en un véritable « campus », à l’image des sièges sociaux des géants du secteur technologique, en ajoutant deux nouveaux bâtiments et en doublant les effectifs d’ici la fin de l’année prochaine. Il compte également de nouveau tripler en 2017, pour la deuxième année consécutive, sa flotte de voitures sans chauffeur utilisées pour des tests aux Etats-Unis, ce qui la portera à environ 90 véhicules. « La prochaine décennie sera définie par l’automatisation de l’automobile », a affirmé Mark Fields, se disant convaincu que « les véhicules autonomes auront un impact aussi important sur la société que la chaine d’assemblage de Ford il y a un siècle ».
 
Henry Ford avait mis l’automobile à portée du grand public grâce à la production automatisée de masse. Mark Fields dit pour sa part vouloir mettre sur les routes « un véhicule autonome qui puisse améliorer la sécurité et résoudre des problèmes sociaux et environnementaux pour des millions de gens – pas seulement ceux qui ont les moyens d’avoir des véhicules de luxe ». Ford va toutefois avoir affaire à une forte concurrence. La plupart des grands constructeurs automobiles, et toute une série de grands noms du secteur technologique, à commencer par Google, travaillent actuellement sur des projets de voiture sans chauffeur.
 
Des initiatives dans cette nouvelle technologie ne cessent d’être annoncées chaque jour. Le service américain de réservation de véhicules par téléphone mobile Uber avait ainsi indiqué la semaine dernière qu’il mettrait en service des voitures sans conducteur dans la ville américaine de Pittsburgh (Pennsylvanie) d’ici à la fin août. Son concurrent Lyft s’est de son côté associé à General Motors afin de créer en commun une voiture sans conducteur. nuTonomy, société américaine fondée par deux ingénieurs, spécialistes en robotique, anciens du MIT (Massachusetts Institute of Technology) annonce que ses premiers taxis sans chauffeur ont commencé à circuler jeudi 25 août, à Singapour, lors d’un essai dans une zone limitée, ce qui constitue une première mondiale et une avancée importante dans la course au transport de personnes par véhicule autonome
 
Cette technologie est vitale pour ces sociétés de taxi par Internet. Uber est confronté au risque de devoir réintégrer en tant que salariés tous ses chauffeurs, aux États-Unis comme en Europe, ce qui menacerait son existence même. De son côté, la société Alphabet, maison mère de Google, avait annoncé en mai un partenariat avec le constructeur automobile Fiat Chrysler pour développer sa flotte de voitures autonomes, qu’elle espère mettre en service d’ici à fin 2016.

 

Pour les stratèges français, la voiture autonome n’est pas pour demain

L’organisme « France Stratégie », rattaché aux services du Premier ministre Manuel Valls, et spécialisé dans les questions économiques, sociales, d’emploi, de développement durable et de numérique, a publié au printemps dernier une note d’analyse sur cette question de l’automobile autonome. Avec un axe de réflexion portant entre autres sur la question « quand ? ». Cette note expose aussi les différents exemples existants, y compris la Google Car ou les exemples français récents (chez Valeo et Safran, et chez PSA avec la C4 Picasso autonome qui a rallié Paris à Bordeaux en fin d’année dernière).
Verdict : la voiture autonome n’est pas pour demain ! D’après cette étude, les premiers « vrais » véhicules autonomes ne devraient pas être commercialisés avant 2025, et le parc serait à 100 % autonome au pire en 2070.
 
France Stratégie imagine en fait deux scénarios. Un scénario de « rupture » et un scénario « tendanciel ».
Dans le premier cas, les constructeurs mettraient sur le marché des véhicules « autonomisables » par simple mise à jour logicielle. Dans cette hypothèse, la diffusion serait rapide (voire très rapide, mais dans certaines zones seulement). Les constructeurs, dès 2020, vendraient des véhicules « prêts à l’autonomie » dès que les technologies logicielles seraient au point, en 2025 selon l’organisme. Puis il faudrait 10 à 15 ans pour que la totalité du parc puisse devenir autonome.
L’autre scénario, tendanciel, et selon nous plus probable, se base davantage sur la date à laquelle le premier véhicule « vraiment » autonome serait commercialisé, la date de 2040 étant avancée. Ensuite il faudrait tenir compte de la vitesse d’adoption par la population (exemple de l’adoption très rapide des smartphones, mais pas forcément pour la voiture autonome…) mais aussi de la vitesse naturelle de renouvellement du parc. Dans ce scénario, il faudrait 30 ans pour arriver à un taux d’équipement de 100 %, le taux de renouvellement étant de 5 à 6 % par an. La période de transition se terminerait donc selon eux en 2070 !
 
Pas sûr que ces prédictions soient avérées quand on observe l’allure que prend la course à l’automobile autonome.

 
 
Source : AFP, Caradisiac

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