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Vaccins : On peut extraire plus que 5 doses dans un flacon ? Alors Pfizer livrera moins de flacons.

Pfizer : Comptes d’apothicaire sur les vaccins

On peut extraire plus que 5 doses dans un flacon ? Alors Pfizer livrera moins de flacons.

Les flacons de 5 doses de vaccins livrés par Pfizer pouvant en contenir une sixième, l’Agence européenne du médicament avait recommandé de « ne pas gâcher ». Une sixième dose en bonus pour les malins sachant piquer avec économie, c’était plutôt une bonne nouvelle tant la pénurie de vaccins se fait cruellement ressentir. Mais c’était sans compter sur l’esprit très commercial de Pfizer qui décide subitement de réduire ses livraisons en arguant qu’on lui a acheté des doses et pas des flacons. Dans le monde des Big Pharma, il n’y pas de petites économies…

La Commission européenne a commandé au total 600 millions de doses. Cette quantité sera bien livrée assure l’américain Pfizer. En revanche le laboratoire a décidé de diminuer d’un sixième le nombre de flacons livrés. Il livrait jusqu’à présent 20 flacons pour 100 doses, puisqu’il y avait 5 doses par flacon. Il livrera désormais 16,6 flacons pour 100 doses. Une économie d’échelle considérable pour le laboratoire.

En conséquence, lors des prochaines livraisons de Pfizer, la France recevra 20% de flacons de moins qu’attendu. Au titre des 520 000 doses hebdomadaires que Paris doit recevoir chaque semaine, seuls 86 660 flacons seront livrés, au lieu de 104 000. Grâce à ce tour de passe-passe qui pourrait lui faire gagner 1.5 milliards d’euros, Pfizer peut livrer moins de flacons pour le même prix et faire ainsi grimper le coût de son vaccin, sans toucher une ligne au contrat qui le lie à ses clients. Pour l’heure, l’Union européenne n’a pas réagi à cette décision du laboratoire américain, déjà dans le collimateur de certains pays, en raison de baisses inopinées de livraisons annoncées la semaine dernière. Le laboratoire a récemment indiqué avoir relevé son objectif de production, le faisant passer de 1,3 milliard à 2 milliards de doses pour l’ensemble de l’année 2021, grâce à ce recalibrage et à l’expansion des sites de production.

Des comptes d’apothicaire pas très élégants dira-t-on, par ces temps difficiles. Certes. Mais ce « geste commercial » pose un autre problème, et non des moindres. En effet, les centres de vaccinations prélèvent actuellement, le plus souvent, cinq doses dans les flacons qui leur sont livrés. Car les petits malins qui en prélèvent six, le font avec des seringues spéciales. C’est ce qu’explique au micro d’Europe 1 Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre.  « On essaie de faire six doses ; on s’est aperçu qu’on pouvait le faire, mais seulement dans les meilleures conditions possibles ». Et les meilleures conditions possibles « c’est quand on a le bon matériel ».

Une fois les flacons livrés sur le lieu de vaccination, leur contenu nécessite en effet une utilisation très minutieuse avant de pouvoir être injecté. Le produit doit être dilué dans son flacon avec 1,8 ml de chlorure de sodium, ce qui permet d’obtenir 2,25 ml de produit injectable. Or, l’injection administrée à chaque patient doit être de 0,3 ml. Sur le papier, un flacon devrait donc permettre de réaliser au moins six vaccinations, voire sept, comme le suggère d’ailleurs la FDA, l’autorité sanitaire américaine.

Dans la pratique, il n’est pas toujours possible d’extraire six doses du flacon. Cela suppose en effet une très grande précision. Il faut ne pas prélever dans la seringue une goutte de plus que les 0,3 ml nécessaires et en cas de dépassement, rejeter le surplus dans le flacon.

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Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux, explique au Figaro qu’en raison de la texture du vaccin, une partie de ce « produit lipidique » se dépose sur les parois du flacon et de la seringue. Il le compare à un bidon d’huile que l’on essaierait de vider entièrement : « Cela met du temps à couler et à la fin, il restera toujours des gouttes. » Utiliser le surplus de produit pour en faire une sixième dose est une pratique vertueuse, puisqu’elle évite le gaspillage. En effet, Pfizer est très clair : après décongélation et dilution, le contenu du flacon doit être administré dans les cinq heures. Au-delà, il doit être éliminé. De plus, le laboratoire proscrit absolument de mélanger les restes contenus dans des flacons différents pour constituer des doses supplémentaires.

L’opération est donc relativement délicate et sa réussite dépend du matériel utilisé. Les seringues contiennent en effet un « espace mort », qui correspond au volume de liquide restant dans la seringue une fois que le piston a été complètement enfoncé. Certains types de seringues comportent de faibles espaces morts ; ces seringues correspondent au « bon matériel » dont parle Jérôme Marty

Évidemment, car tout serait trop facile, ces seringues avec un « volume mort » de moins de 35 µl ne sont pas toujours disponibles. Jérôme Marty prévient donc : « la Direction générale de la Santé n’a plus de droit à l’erreur, il faut qu’elle fournisse le bon matériel partout ».  

Ce matériel sera-t-il disponible en nombre ? Quand les centres de vaccination seront-ils livrés ?  La question n’est pas anodine car, en attendant, la majorité des personnels soignants qui administrent le vaccin ne peuvent extraire que 5 doses par flacon. Nous serons donc vite en manque de vaccins si ce « bon matériel » n’était pas livré à temps.

D’autant que ces seringues avec leurs aiguilles serties ne sont pas actuellement fournies dans tous les centres de vaccination. Les fiches techniques mises à disposition pour les professionnels de santé devront être « actualisées » pour adapter les prélèvements dans le flacon, déclare la direction générale de la Santé.

Mais la prochaine inquiétude, c’est la disponibilité de ces seringues sur un marché mondial très tendu car tous les pays vont vouloir acheter en grande quantité ce matériel, et il n’y en aura pas assez pour tout le monde. Pour immuniser les populations contre le Covid-19, tout en maintenant les autres campagnes de vaccination comme celle contre la grippe, il faudrait produire plus de 17 milliards de seringues, estime la société de données indépendante Airfinity. Des chiffres bien supérieurs à la production mondiale actuelle qui s’élève à 9,05 milliards d’unités par an.

Après la pénurie de masques au début de l’épidémie, puis celle que l’on craint, de vaccins, voici venue la pénurie d’aiguilles et de seringues.

Source : Franceinfo

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