Marc Ingham – Editions de Boeck, décembre 2011 – 250 P
Le propos de ce spécialiste du management stratégique et de l’innovation, professeur à l’ESC de Dijon, est d’analyser dans quelle mesure la performance économique et la compétitivité des entreprises sont liées à leurs investissements dans l’innovation responsable – ce qui serait un argument de poids en sa faveur.
L’auteur définit l’innovation responsable comme « l’intégration volontaire des dimensions sociales et environnementales, dans les stratégies, la mise au point, la production et la commercialisation de solutions plus performantes qui ont pour projet et pour résultat de créer de la valeur »sociétale » », c’est-à-dire économique, sociale ou environnementale. Ce processus aboutit à des innovations responsables technologiques, « non purement technologiques » (organisationnelles, des pratiques, des services), ou « systémiques » (combinant les deux précédentes). Sur la base d’une analyse d’exemples et des études empiriques disponibles, l’auteur conclut que le lien entre performance sociale et environnementale et performance économique et financière ne peut être affirmé.
La première raison tiendrait à ce que beaucoup d’entreprises suivent une démarche réactive de court terme dans laquelle il s’agit juste de minimiser, par divers procédés innovants, les impacts environnementaux des activités sans nuire à la performance économique. Les entreprises, bien souvent, sont étrangères à l’idée que la performance sociale et environnementale puisse renforcer la performance économique.
Seconde raison, il existe une contradiction latente entre responsabilité et innovation du fait notamment des incertitudes et des risques technologiques qui peuvent accompagner cette dernière. Pour autant, l’auteur persiste à penser, dans la lignée d’autres spécialistes du management, comme Michael Porter et Mark Kramer et leur concept de « valeur partagée », ou Timo Busch et ses collègues, que les innovations responsables sont, sur le long terme, sources de performance économique en particulier parce qu’elles s’inscrivent dans une démarche de différenciation ou de rupture et qu’elles amènent aux entreprises une réputation de « responsabilité sociétale » qui fidélise les clients et les parties prenantes internes et externes.