Détournement de science – Etre scientifique au temps du libéralisme, de Jean-Marie Vigoureux – Edition écosociété, 28 mai 2020 – 215 Pages
Le développement scientifique serait-il responsable de la destruction de la nature, de la biodiversité, du dérèglement climatique et de la pollution ?
La science est de plus en plus au service de la grande industrie et fait fi du développement humain, au point où certains vont jusqu’à remettre en question sa pertinence. C’est le constat de Jean-Marie Vigoureux : une situation qui n’est pas sans l’inquiéter alors que l’humanité fait face à des défis importants.
En sa qualité de citoyen et d’enseignant-chercheur, l’auteur dénonce avec force les dérives dont la science est l’objet et cherche à la réhabiliter dans ce qu’elle a de potentiel émancipateur. Il postule ainsi que la science est en crise d’abord en raison des espoirs déçus de ceux et celles qui percevaient en elle un moyen d’atteindre la justice sociale et qui la voient désormais contribuer à la destruction de la biosphère. Cet échec, l’auteur tente d’en comprendre les ressorts en interrogeant la relation science-économie et en dénonçant la marchandisation de la science et de ses applications techniques.
L’auteur propose dans un premier temps une généalogie philosophique et historique de la science depuis les débuts de la révolution industrielle. Il s’attarde particulièrement sur le XIXe siècle où le scientisme s’impose comme une idée universelle et il met en relief le fait « qu’après trois siècles et demi de découvertes fondamentales et de développements techniques sans précédent […], la science n’a pas fait taire le malheur ni réduit l’injustice ». La réflexion amène un constat : au fond, ce n’est pas tant la faillite de la science qu’il convient de dénoncer que celle de l’homo capitalisticus. La quête d’une science éthique et profitable passe ainsi par une remise en cause du libéralisme prométhéen et par une refondation démocratique, à l’heure où le transhumanisme et les problèmes environnementaux menacent l’humanité dans son essence et son existence.
Il devient de plus en plus important pour Jean-Marie Vigoureux, d’inventer un nouveau modèle de société plus équitable et de permettre l’essor d’une véritable science citoyenne.
Jean-Marie Vigoureux est professeur de physique émérite à l’Université de Bourgogne Franche-Comté. Il est enseignant-chercheur, conférencier et auteur d’ouvrages de vulgarisation scientifique dont « Les pommes de Newton » (2003), « La quête d’Einstein » (2005), « L’univers en perspective » (2006) et « L’eau, un élément vital, un trésor menacé » (2019).