À partir du croisement d’approches pluridisciplinaires et dans une perspective de comparaisons internationales, cet ouvrage a pour ambition de dresser un état des savoirs et des réflexions sur la question de la longévité. Non seulement il circonscrit les multiples défis posés par l’allongement de la vie, mais il offre une lecture essentielle pour comprendre comment nos sociétés pourraient se saisir de cette révolution afin d’en faire une opportunité pour tous et toutes.
L’allongement de la vie humaine est un phénomène sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Les progrès en longévité sont même devenus très récemment un objectif prioritaire des politiques publiques européennes, lesquelles préconisent à l’horizon 2020 un gain de deux années d’espérance de vie en bonne santé.
Phénomène sans précédent dans l’histoire de l’humanité, l’allongement de la vie humaine est en train de révolutionner durablement le XXIe siècle, sur tous les continents. Pourtant, l’ampleur de ces mutations et leurs nombreuses implications restent largement méconnues.
L’ambition de ce livre est de dresser un panorama complet en montrant comment cela bouleverse la condition humaine et sociale, le régime temporel de nos existences, ainsi que les manières de vivre ensemble. Dans une société où coexistent désormais quatre générations aux expériences et aspirations sensiblement différentes, les formes de solidarité sont à repenser. De même, comment faut-il protéger et soigner dans des sociétés de vie longue ? Quels sont le sens et le prix du prolongement de la vie ? Comment concilier longévité et qualité de vie ? Autant de questions aux implications à la fois sociales, éthiques, médicales et économiques.
À partir du croisement d’approches pluridisciplinaires et dans une perspective de comparaisons internationales, cet ouvrage a pour ambition de dresser un état des savoirs et des réflexions sur la question de la longévité. Non seulement il circonscrit les multiples défis posés par l’allongement de la vie, mais il offre une lecture essentielle pour comprendre comment nos sociétés pourraient se saisir de cette révolution afin d’en faire une opportunité pour tous et toutes.
« L’allongement de la vie humaine est un phénomène sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Cette révolution démographique majeure s’et accomplie pour l’essentiel dans le dernier demi-siècle. […] Le fait que nos existences puissent désormais légitimement durer un siècle donne lieu, dans les débats sociaux et même scientifiques, à des réactions souvent plus passionnelles qu’objectives et à tout le moins contradictoires. Il en est ainsi des grandes peurs que suscitent ceux qui brandissent l’avènement inéluctable, avec les progrès de la longévité, d’un « monde de vieux » avec son cortège de conséquences. […]
Cet ouvrage vise, au plus loin des passions et des dénis à proposer un état des savoirs et des réflexions sur la question de la longévité. L’une des grandes questions qui doit être posé est celle de savoir si les gains d’espérance de vie correspondent ou non à des gains similaires d’espérance de vie en bonne santé. »
« L’une des ambitions majeures de cet ouvrage est de s’efforcer de penser la nouvelle étendue de la vie humaine sans la réduire à la seule vieillesse. »
Sur la vieillesse …
« Dans l’un des plus puissants passages de « La mort et le temps », Emmanuel Levinas nous dit que l’approche de la mort sonne le glas de la maîtrise, de l’autonomie, de l’arrogance, de la virilité des sujets comme êtres souverains ; qu’elle les ramène à une étrange passivité, à une étrange hétéronomie, à une étrange féminité même dit-il. […]
Montaigne s’en accommodait fort bien ! Souvenons-nous ce qu’il disait du vieillissement, se réjouissant que « le bon Dieu fît grâce aux vieillards puisque leur soustrayant la vie par le menu : c’est le seul bénéfice de la vieillesse, la dernière mort en sera d’autant moins pleine et nuisible, qu’elle ne tuera plus qu’un demi ou un quart d’homme. […]
La sagesse de Montaigne nous murmure que le vieillissement est une propédeutique bienvenue à la mort, en ceci que ce vieillissement rend le passage de la vie à la mort moins brutal. Plus près de nous lorsqu’il définit la vieillesse « un décès par petits morceaux », Albert Cohen (1) semble la regarder avec un sourire triste plutôt qu’avec terreur, l’emploi de l’adjectif « petit » atténuant le drame, la sympathie allant évidemment plus vite aux détaillants qu’aux grossistes, aux petits commerçants qu’aux grands distributeurs. »
« Avec cette sagesse de Montaigne et même encore d’A. Cohen, il semble que notre idéal d’autonomie devenu injonction d’autonomie nous oblige de rompre. La réalisation de cet idéal d’autonomie, nous la demandons à la technique, et plus précisément à la technique médicale. La grande question est sans doute de savoir, comme le dit encore M. Castra, quelle est la place, quel et le rôle de ces techniques et l’usage que nous devons en faire pour vivre le plus longtemps possible et vieillir le moins mal possible. »
(1) Albert Cohen, « Le livre de ma mère » ; Edition Gallimard 1995 – p.67
Les nouvelles technologies
Le secteur des nouvelles technologies se développe, crée des produits qui changent la vie des personnes âgées autant que du reste de la population : alarmes, puces, GPS, téléphones adaptés, protections aux taux d’absorption élevés, internet, caméras, robotique qui ont fait d’énormes progrès sur le plan technique et accroissent l’autonomie pour toutes les populations […] L’investissement industriel est à la mesure de l’allongement de la vie. Et toute la valorisation sociale concerne principalement le développement de la « silver é »conomie ». «
Anne-Marie Guillemard est professeure émérite des Universités en sociologie, Université Paris-Descartes Sorbonne, membre de l’EA « Ethique, Politique et Santé », équipe Europaea, membre du Centre d’Etudes des Mouvements Sociaux (CEMS) de l’Institut Marcel Mauss (IMM) à l’école des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Membre honoraire de l’Instiotut Universitaire de France (IUF), membre de l’Academia Europaea à titre d’expert au Conseil d’Orientation des Retraites (COR) et au Conseil de l’âge.
Elena Mascova est docteur en sociologie de l’Université Paris-Descartes Sorbonne, membre de l’EA » Éthique, Politique et Santé « , équipe Philépol,. Chercheuse praticienne, elle allie les activités d’enseignement et d’interventions auprès des organisations sur les questions de l’emploi, du travail et de la santé au travail.
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