« Les Parisiens », une obsession française, d’Olivier Razemon – Edition Rue de l’échiquier, 18 février 2021 – 224 pages
Publié en 2016, l’essai Comment La France a tué ses villes avait révélé le phénomène de dévitalisation des villes moyennes. Olivier Razemon dénonce avec ce nouveau livre un autre enjeu territorial : la concentration à Paris et en Ile-de-France, de la population, des pouvoirs, des investissements et des grandes infrastructures.
Cet ouvrage éclaire sur les conséquences désastreuses de la centralisation parisienne, aussi bien pour les habitants des autres régions de France que pour les Franciliens eux-mêmes. Il s’agit là d’un rappel au rééquilibrage du pays et à la déconcentration de l’île de France. A l’heure où la crise sanitaire et les mesures destinées à la contrer favoriserait l’exode urbain.
Égoïstes et méprisants, riches et sans-gêne, nombrilistes, nantis et arrogants, ronchons et envahissants, … : « les Parisiens », ou supposés tels, cristallisent une obsession française. Au temps du coronavirus, « les Parisiens » ont ainsi été accusés de propager l’épidémie et d’imposer au reste du pays des règles sanitaires qu’ils ne respectent pas. Il ont même endossé un rôle inattendu de boucs émissaires, accusés à la fois de propager le virus en quittant leur ville et d’imposer au reste du pays des règles sanitaires édictées pour eux seuls, en plus de mal les respecter eux-mêmes.
Mais qui sont ces « Parisiens » qui monopolisent l’attention ? Parle-t-on des « habitants de Paris » ou des « habitants de l’Île-de-France » ? La confusion est significative. La conurbation francilienne et ses 12 millions d’habitants n’a aucun équivalent en France ni en Europe. Sa population est la première à subir les conséquences de l’hyperdensité, dont les prix élevés de l’immobilier et la galère des transports ne sont que les plus tangibles. Sondage après sondage, une majorité de Franciliens affirment qu’ils partiraient ailleurs s’ils le pouvaient.
Pour le dire simplement, il y a trop de monde en région parisienne. Pendant ce temps, des villes moyennes se dévitalisent, des petites villes perdent des habitants, des villages se transforment en dortoirs. Malgré ces constats, l’État continue de piloter le « Grand Paris », destiné, selon les éléments de langage bien rodés, à renforcer « l’attractivité » de la « métropole-monde ».
Le rééquilibrage du pays et l’amélioration de la qualité de vie en Île-de-France étaient déjà indispensables avant 2020. Alors que la crise sanitaire a mis en lumière le mal-être des « Parisiens », la réorganisation territoriale est devenue impérieuse. Elle ne repose pas seulement sur le télétravail des cadres, mais sur des choix publics en faveur de villes et de villages qui ne demandent que cela.
Ce livre n’a pas pour vocation de lister l’ensemble des solutions adaptées aux problèmes des « Parisiens », mais plutôt « d’alerter sur le déséquilibre du pays et sur ses innombrables conséquences » que l’auteur a parfaitement su analyser, pour « concilier frugalité et prospérité », mais aussi humanité et humilité.
Focus « L’Ile de France mérite mieux »
Journaliste indépendant, Olivier Razemon travaille notamment pour Le Monde. Voyageur, reporter et observateur de la société d’aujourd’hui, il écrit de nombreux articles sur les transports, l’urbanisme et les modes de vie. Aux éditions Rue de l’échiquier, il a déjà publié Le Pouvoir de la pédale (2014), La Tentation du bitume (2012) et Les Transports, la planète et le citoyen (2010). Son blog, « L’interconnexion n’est plus assurée » (transports.blog.lemonde.fr), est désormais une référence sur le sujet de la mobilité.