Le monde est devenu fou, nous le constatons tous un peu chaque jour. Nous sommes accablés par un déferlement continu de fake news et de théories du complot, par la haine ordinaire sur les réseaux sociaux, par la radicalisation des points de vue, au quotidien, en famille, sur les routes, au travail… D’une façon générale, le ton monte, dans un mélange de fébrilité, de versatilité, et sans grand respect pour l’Autre.
La situation est telle que la défense de la rationalité dans le débat public est souvent inaudible, voire impensable. Raisonnable, vous avez dit raisonnable ? Ce livre apparaîtra donc comme une provocation. Il propose de comprendre notre impuissance contemporaine face à ce que beaucoup appellent la post truth society, en nous invitant à pénétrer dans les coulisses de cette folie collective.
Gérald Bronner nous invite notamment à constater les dérives d’un certain monde intellectuel et à rencontrer avec lui les jeunes du premier centre de « déradicalisation » français à Beaumont-en-Véron qu’il a suivis durant plusieurs mois. Comment « rendre à la raison » de jeunes gens qui ne sont pas malades en général, mais fanatiques ? Comment entrer dans leur mode de pensée et les arracher à l’idéologie ?
Car, selon l’auteur, « Cette activité des minorités croyantes dans tous les domaines a pour effet immédiat d’organiser une confusion permanente entre la visibilité de l’information et sa représentativité. Il ne s’agit pas d’interdire à ces minorités de s’exprimer mais de s’interroger sur notre apathie collective. Le manque de motivation moyenne du citoyen ordinaire face à cette déferlante de crédulité est une des clés du problème. Comme l’écrivait John Stuart Mill au milieu du XIXe siècle : « Le mal n’a besoin de rien d’autre pour parvenir à ses fins que de l’inaction des gens de bien (1) ». C’est donc à une nouvelle forme de militance citoyenne qu’il faut en appeler.»
D’une rencontre avec le Président de la République en passant par des échanges avec Jean-Marc Rouillan le fondateur d’Action directe, d’une scène de la vie quotidienne au récit de la fin d’une secte millénariste, Gérald Bronner nous propose d’analyser cette situation délirante et de nous guider vers une lumière relative.
(1) Inaugural Address, Delivered to the University of St. Andrews, J.S. Mill, 1er février 1867
Gérald Bronner est professeur de sociologie à l’université de Paris-Diderot, membre de l’Académie des technologies et de l’Académie nationale de médecine. Il travaille sur les croyances collectives, les erreurs de raisonnement et leurs conséquences sociales. Il a publié plusieurs ouvrages sur ces questions dont L’empire des croyances (PUF) couronné d’un prix par l’Académie des Sciences Morales et Politiques, La démocratie des crédules pour lequel il a reçu de nombreux prix. Dernier ouvrage, co-écrit avec Etienne Géhin, Le danger sociologique (Puf, 2017). Il est éditorialiste au Point, chroniqueur dans Pour la science, le Nouveau Magazine Littéraire, l’émission 28 minutes sur Arte et I24news.
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