La singularité du vivant, de Miguel Benasayag – Editions Le Pommier, 6 juillet 2022 – 184 pages
Depuis la vallée du Silicium, éminences grises, entrepreneurs et autres milliardaires de la biotechnologie nous annoncent que le temps de la « singularité technologique » serait venu ! Il laisserait derrière lui ces archaïsmes que seraient le monde réel et le vivant lui-même. Les mécanismes biologiques dans leur ensemble seraient bientôt et sans réserve révélés, modélisés, et surtout dépassés.
Or, derrière les miroitantes promesses de vie augmentée se tapit un vieux projet réactionnaire : celui de se débarrasser des corps pour accéder, enfin, à la « vraie vie » – qui serait du côté des données et des algorithmes. En assenant que « tout est information », le monde numérique non seulement ignore, mais écrase d’autres « singularités », celles qui sont propres au vivant et à la culture, mettant dès lors à mal nos possibilités d’agir, de penser, de désirer et d’aimer…
Contre cette menace, Miguel Benasayag envisage un mode d’hybridation entre la technique et les organismes qui ne soit pas une brutale assimilation. Et cela passe par la production d’un nouveau paradigme à même de cerner ce qui, dans la complexité propre au vivant et à la culture, n’est pas réductible au modèle informatique dominant. Et plus encore : d’un nouvel imaginaire.
Philosophe et psychanalyste, Miguel Benasayag anime le collectif « Malgré tout ». Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont, au Pommier, Fonctionner ou exister (2018) et Le Retour de l’exil (2021).