Alors que les élections législatives se profilent en France, l’association Canopée, engagée dans la préservation des forêts et la protection environnementale, lance un cri d’alarme contre la montée de l’extrême droite. Cette mouvance politique, si elle venait à gagner, pourrait signifier un net recul pour les acquis environnementaux précieusement engrangés au fil des décennies. Canopée, qui se veut un rempart indépendant et apolitique contre les forces menaçant la durabilité et l’équité de notre gestion environnementale, a toujours refusé de dialoguer avec l’extrême droite, la considérant comme une menace pour les contre-pouvoirs et la liberté d’expression essentiels à la démocratie.
Leur mobilisation survient dans un contexte de retardement, au niveau européen, de l’adoption de mesures cruciales telles que le règlement sur la restauration de la nature, suite à l’alliance de l’extrême droite avec la droite traditionnelle. Canopée met en avant l’urgence d’agir pour préserver les fonctions essentielles de nos forêts, véritables poumons verts face au dérèglement climatique. L’association appelle à un soutien massif pour renverser cette tendance à l’approche du scrutin, soutenant des propositions législatives visant à renforcer la politique forestière et environnementale française, à rejeter les politiques de régression et à fortifier les bases de notre démocratie.
L’extrême-droite, c’est le choix de la régression environnementale. Depuis plusieurs mois, au niveau européen, l’alliance de l’extrême droite et de la droite a retardé l’adoption du règlement sur la restauration de la nature. Une victoire de l’extrême-droite et de ses alliés aux législatives, c’est la certitude d’une profonde remise en cause des acquis environnementaux.
Pour l’association Canopée, l’heure est grave. Depuis sa création, Canopée a fait le choix d’être une association indépendante et apolitique, c’est-à-dire qu’elle porte ses propositions aussi bien auprès de partis politiques de gauche, du centre ou de droite. Une exception : l’extrême droite. L’extrême-droite est une menace pour les contre-pouvoirs en général, et la liberté d’expression en particulier. Or, sans contre-pouvoirs, pas de démocratie. Depuis la création de Canopée, on voit bien que leur rôle de « poil à gratter » est vital pour faire vivre un débat sur les forêts qui a été trop longtemps étouffé.
Défendre la forêt
Nos forêts se meurent. Face au dérèglement climatique, elles sont en première ligne : sécheresse, mégafeux, parasites, maladies, mal-adaptation ou encore gestion intensive… elles sont de moins en moins capables de jouer leur rôle, pourtant essentiel. Nos forêts peinent à assurer leur mission première : stocker du carbone, dégager de l’oxygène et être un refuge à la biodiversité. Comment faire pour préserver ces écosystèmes qui régulent le climat, si la forêt est d’abord et avant tout envisagée comme un enjeu industriel et économique ? Nous avons moins de 3 semaines pour empêcher l’extrême-droite de prendre le pouvoir. Le plan de l’association est d’engager la discussion avec l’ensemble des forces politiques pour porter 5 propositions clés :
1 – La défense des libertés associatives et d’expression. Depuis plusieurs mois, Canopée fait face à une multiplication de procès baillons pour tenter de les faire taire. Les coopératives forestières, notamment Alliance Forêts Bois, se sont engagées dans une stratégie pour tenter de les isoler et de les décrédibiliser, en essayant de leur faire porter la responsabilité d’actes isolés de dégradation d’engins forestiers. Appuyées par la fédération des propriétaires forestiers, elles font pression sur le ministère de l’Agriculture pour les exclure des espaces de discussion.
Avec la nomination du lobbyste en chef de la filière comme délégué interministériel à la forêt, nous avons franchi un pas de plus dans la collusion des intérêts privés et publics. Au détour de plusieurs projets de loi, des parlementaires tentent régulièrement de supprimer la défiscalisation des dons aux associations qui pratiquent la désobéissance civile. Cette forme d’action non-violente fait pourtant partie de l’ histoire de l’association. Elle a permis la conquête de nombreux droits sociaux comme le droit à l’avortement ou environnementaux comme l’interdiction de la culture d’OGM en plein champ.
2 – La création d’un Secrétariat d’Etat à la forêt, rattaché au ministère de la Transition écologique. Il est urgent de sortir d’une logique dans laquelle la politique forestière est réduite à un objectif d’augmentation de la récolte de bois ou de plantation d’arbres. La lutte contre les changements climatiques, l’adaptation des forêts, la protection de la biodiversité et des sols forestiers, l’encadrement des usages énergétiques du bois, la gestion des risques sont des compétences qui relèvent toutes du ministère de la Transition écologique. Il est indispensable de rééquilibrer le poids politique de ces enjeux avec celui de la production de bois qui relève du ministère de l’Agriculture.
La création du Secrétariat Général à la Planification Écologique (SGPE), rattaché au Premier Ministre, est une innovation à conserver pour forcer les ministères à travailler ensemble. L’arrivée de Gabriel Attal comme Premier Ministre a fragilisé le SGPE : il est essentiel, au contraire, d’en renforcer le rôle.
3 – Une remise à plat du plan de plantation d’un milliard d’arbres. Coûteux pour les finances publiques, néfaste pour la biodiversité et aggravant la dégradation du puits de carbone, ce plan qui structure la politique forestière doit être fortement révisé car il subventionne massivement des coupes rases injustifiées. La priorité doit être donnée à l’amélioration des forêts existantes par des opérations de sylviculture ciblée et respectueuse des écosystèmes.
4 – Une loi nationale pour les forêts, avec une priorité sur l’encadrement des coupes rases. Depuis plusieurs mois, l’association y travaille et ils ont réussi à mobiliser plus de 160 députés en soutien. Parmi les députés qui ont le plus activement travaillé en faveur d’une nouvelle loi pour la forêt, on compte Catherine Couturier (LFI, Creuse), Chantal Jourdan (PS, Orne), Hubert Ott (MoDem, Haut Rhin), Marie Pochon (EELV, Drôme), Manon Meunier (LFI, Haute-Vienne), Sandrine Le Feur (Renaissance, Finistère), Anne-Cécile Violland (Horizons, Haute-Savoie) ou encore Sophie Panonacle (Renaissance, Gironde). De nombreux autres députés se sont positionnés en soutien aux mesures proposées par Canopée.
Si vous voulez savoir si votre député a agi en faveur des forêts françaises, vous pouvez consulter ici la liste de tous les députés qui ont co-signé l’une des deux propositions de loi pour la forêt. Mais pour le moment, une personne a toujours bloqué ces propositions : le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, Marc Fesneau.
5 – La défense des réglementations européennes, notamment le règlement européen sur la déforestation et celui sur la restauration de la nature. Lors du précédent mandat, l’Europe a considérablement renforcé sa législation environnementale avec le Green Deal.
La coalition de la droite et de l’extrême-droite au parlement européen fragilise ces acquis, aussi il est indispensable que le gouvernement issu de ces élections s’engage à les défendre avec fermeté au sein du Conseil Européen.
Pour aller plus loin :
- Emission « Maman j’ai raté l’avion – L’appel de la forêt« vendredi 28 juin à 21h sur LCP + en replay sur LCP.FR et la chaîne YouTube de LCP – Daphné Roulier, en collaboration avec Raphaël Hitier reçoit Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de l’association Canopée Forêts Vivantes, Tammouz Helou, secrétaire général de l’UCFF – Union de la Coopération Forestière Française, et Brigitte Musch, coordinatrice nationale des ressources génétiques forestières à l’ONF.