Il sera le premier président de la nouvelle Agence française de la biodiversité. L’astrophysicien Hubert Reeves, 84 ans, a officiellement été désigné par la ministre de l’Environnement Ségolène Royal pour présider cette nouvelle structure.
La création de cette agence, promise par François Hollande lors de la première conférence environnementale en 2012, est l’une des mesures phares de la loi sur la biodiversité, publiée en août au Journal officiel.
« Sauver le climat, c’est sauver l’humanité, comme le disait hier Hubert Reeves, qui était là pour la mise en place du premier conseil d’administration de la future Agence nationale de la biodiversité. D’ailleurs, je vous annonce que ce sera lui qui sera le premier président de cette nouvelle Agence de la biodiversité que la France vient de créer, premier pays au monde », a déclaré la ministre ce jeudi matin sur France Inter.
L’AFB regroupera 1.200 agents de quatre organismes existants (l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux). L’objectif du gouvernement est une mise en place effective au 1er janvier 2017. Cet organisme devra œuvrer en faveur d’une meilleure préservation des espaces naturels, de leur faune et de leur flore, et d’une action plus concertée des services de l’État. Il sera l’interlocuteur des élus et des entreprises dans les projets d’infrastructure.
A 84 ans, son engagement intact, le célèbre franco-canadien aux allures de druide gaulois poursuit son travail de vulgarisation sur les mystères de l’univers et la fragilité de la Terre.
C’est dans la maison familiale de Bellevue, au Québec, que tout jeune, il commence à assouvir sa soif de connaissances. La nuit venue, la famille sortait pour admirer le ciel : le garçon apprend à reconnaître les constellations avec une planche cartonnée. « De ma vie, je ne crois pas avoir fait d’efforts plus rentables« , raconte-t-il dans ses mémoires.
Les mathématiques l’amusent et il excelle en physique: à 18 ans il décide de devenir astronome. Le jeune chercheur se passionne pour la vie des étoiles, s’interroge sur le big bang originel et devient conseiller scientifique à la Nasa, au début des années 1960 alors que les États-Unis se ruent dans la conquête de l’espace.
Pourtant c’est en Belgique, à l’invitation de l’université de Bruxelles, qu’il choisit de poursuivre une carrière d’enseignant, en 1964, avant de débarquer en France un an plus tard, où il se fixera comme directeur de recherches au CNRS et conseiller au Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
Il enchaîne conférences et congrès, poursuit ses travaux de recherche, donne des cours.
Ayant hérité du talent de conteur de sa grand-mère maternelle, qui aimait raconter des histoires au jeune Hubert dans son enfance, il décide d’écrire un livre – « Patience dans l’azur » (1981), pour retracer l’histoire de l’univers. Le succès est au-delà de toute attente et Hubert Reeves entame une carrière de vulgarisateur scientifique.
Parmi ses très nombreux livres, il publie « Poussières d’étoiles » en 1984, puis « L’heure de s’enivrer » en 1986, ou encore « La mer expliquée à nos petits-enfants » (2015). L’astronomie passionne un large public. Hubert Reeves, qui, sur décision de l’Union astronomique internationale, a donné en 1999 son nom à un astéroïde, réalise des films, des émissions de télévision, des spectacles scientifiques.
Sa connaissance des planètes et sa passion pour la nature le poussent aussi à s’engager pour la défense de la Terre et son environnement. En 2001, il devient président de l’association Humanité et Biodiversité (ex-Ligue Roc pour la préservation de la faune sauvage), et il ne cesse d’alerter contre le massacre des espèces et le réchauffement climatique, et d’interpeller les politiques.
Il plaide sans relâche pour une Agence de la biodiversité, chargée de mieux préserver les espaces naturels notamment en favorisant la concertation dans les projets d’infrastructures. Une Agence qui verra le jour d’ici la fin de l’année et dont il sera le premier président.
« Qu’il s’agisse de respirer, se nourrir ou se soigner, nous, les humains, avons besoin des autres espèces, végétales et animales« , souligne-t-il.
L’humanité joue un triple rôle dans l’extinction accélérée des espèces, rappelle-t-il dans un entretien accordé à l’AFP : « Elle en est responsable ; elle en est une victime potentielle ; et elle peut également en être le sauveur« .
Il faut « empêcher que la planète devienne inhabitable« , plaidait-il encore à l’Élysée fin 2014 lors d’une conférence environnementale, en évoquant ces « métropoles chinoises (…) où les petits Chinois ne savent pas que le ciel est bleu« .
« Nous sommes devant un combat entre deux puissances opposées : la détérioration de la planète (…) et les projets de restauration. (…) Qui va l’emporter ? Personne ne le sait« , s’alarmait alors dans une intervention poignante ce père de quatre enfants, huit fois grand-père.
Cette année encore, le public a pu le voir dans « Cosmophonies », un spectacle musical « occasionnellement militant ». Encore une « occasion pour faire passer la bonne parole » contre le réchauffement et l’épuisement des ressources.
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