Les Îles Cook ont créé l’un des plus grands sanctuaires marins au monde, qui protégera une portion du Pacifique grande comme trois fois la France.
Le Parlement de l’archipel a voté jeudi dernier la législation donnant naissance à cette vaste zone de 1,9 million de kilomètres carrés. Le militant écologiste Kevin Iro, qui avait été le premier à proposer la création de cette zone il y a plus de cinq ans, a parlé d’un jour historique qui contribuera à préserver l’océan pour les générations futures. « C’est un moment historique, notamment parce que tout le monde a soutenu la proposition, y compris les leaders traditionnels qui ont été à la pointe de cette initiative« , a-t-il dit à l’AFP.
Les Îles Cook comptent 10.000 habitants et ses 15 îles couvrent une surface totale cumulée de 236 km carrés. Mais sa position isolée dans le sud du Pacifique, à peu près à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et Hawaii, signifie que son territoire maritime est immense. L’idée n’est pas d’interdire strictement toute pêche et toute activité minière dans ce sanctuaire marin, nommé Marae Moana, mais de faire en sorte que celles-ci soient menées de façon durable. Cependant, le sanctuaire comprendra une zone de 320.000 km carrés où la pêche sera rigoureusement interdite.
Le Premier ministre des Îles Cook, Henry Puna, a estimé que ce sanctuaire devait montrer la voie au monde entier pour ce qui est de la gestion des océans. « Nous avons eu ensemble la vision consistant à faire de notre petit pays la destination touristique la plus verte au monde« , a-t-il dit au Parlement, selon le Cook Islands News. « Non seulement, nous reconnaissons que nous tirons profit de l’océan en terme de pêche, de tourisme et de richesse des fonds marins, mais il nous apporte aussi un air pur, de l’eau propre et de la nourriture« , a-t-il ajouté.
Après des années de négociations, un consensus a été trouvé en octobre 2016 entre les 25 membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) lors de sa réunion annuelle à Hobart, en Tasmanie. Présenté par les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande, le projet porte sur la création d’une zone protégée en mer de Ross, une immense baie côté Pacifique. Elle s’étendra sur une superficie de plus de 1,55 million de kilomètres carrés, soit une aire plus vaste que la France, l’Italie, le Benelux, l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche réunis.
La mer de Ross est parfois surnommée « le dernier océan » car considérée comme le dernier écosystème marin intact de la planète, c’est-à-dire non touché par la pollution, la surpêche ou les espèces invasives.
C’est dans la mer de Ross que se trouvent 38% des manchots Adélie de la planète, mais aussi 30% des Pétrel antarctique et 6% des baleines de Minke. La région est importante car il y a des substances nutritives qui remontent des eaux profondes et qui se propagent dans le monde entier. En outre, y vivent en nombre, des krills, ces petites crevettes, qui servent de nourriture aux baleines et aux phoques.
Cette information vient avec comme arrière-plan l’alerte faite récemment par plusieurs scientifiques. 58 % des espèces auraient disparu en quarante-deux ans (entre 1970 et 2012) et ce déclin va se poursuivre si nous ne faisons rien, alertait déjà en 2016 l’ONG WWF. « Que la biodiversité poursuive sa chute, et le monde naturel que nous connaissons aujourd’hui s’effondrera d’un seul tenant« , avertissait le directeur général du WWF International, Marco Lambertini. « Le déclin subi par les populations d’espèces sauvages est de plus en plus préoccupant« , souligne-t-il: « Il devrait atteindre en moyenne 67% » d’ici à 2020, si rien n’est fait pour enrayer la tendance.
« On est en train d’assister à une régression de la vie sur la planète dont nous sommes en partie responsables (…) c’est un facteur de risque majeur pour nous« , relève Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Car « quand le vivant disparaît, c’est le capital naturel qui disparaît. Et si on détruit ce capital naturel, on détruit notre capacité à vivre sur la planète dans la durée« .
De manière générale, la menace la plus fréquemment subie par les populations en déclin est la perte ou la dégradation de leur habitat par les activités agricoles, l’exploitation forestière, l’extraction minière, les transports, la production d’énergie… Autres causes : la surexploitation (chasse, pêche, braconnage…), la pollution (industries, urbanisation..), les espèces invasives, les maladies.
Le changement climatique n’a pour l’instant qu’un impact « relativement marginal (…) parce qu’on n’en est qu’à un degré de réchauffement » planétaire par rapport à l’ère préindustrielle, précise Pascal Canfin.
Mais si les températures s’emballent du fait des émissions de gaz à effet de serre, liées aux activités humaines, les scientifiques promettent des impacts dévastateurs pour l’homme et les écosystèmes, en raison d’inondations, sécheresses, tempêtes…
Source : AFP
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