Depuis le 7 janvier, la Californie est en proie à des incendies dévastateurs, véritables symboles des bouleversements climatiques et écologiques qui frappent la planète. Ces sinistres ont déjà causé, à ce jour, la mort de 24 personnes, ont entraîné l’évacuation de plus de 180 000 résidents et brûlé plus de 12 0000 bâtiments. Attisés par les redoutables vents de Santa Ana et nourris par une végétation transformée en combustible parfait après des mois de sécheresse, ces feux monstrueux témoignent d’une crise profonde. Tandis que les flammes consument les paysages, les habitations, des bâtiments historiques, des données alarmantes révèlent une tendance à la hausse de ces méga-incendies, inscrite dans un contexte de sécheresses historiques et de températures record. Loin d’être un phénomène ponctuel, ces catastrophes soulignent l’urgence de repenser notre rapport à l’environnement pour éviter qu’elles ne deviennent la norme de demain.
Alors que nous sommes en plein hiver dans l’hémisphère nord, et que la saison des incendies aurait dû prendre fin il y a quelque temps déjà, la Californie brûle, encore et toujours. Les incendies qui ravagent actuellement l’État illustrent avec une intensité dramatique l’impact des changements climatiques sur nos écosystèmes et nos sociétés. Soufflés par les puissants vents de Santa Ana, ces brasiers dévorent tout sur leur passage, alimentés par une végétation desséchée et des sols arides, fruits de cycles extrêmes de sécheresses et de pluies intenses.
Avec plus de 180 000 évacuations, ces feux ne sont pas qu’une tragédie locale : ils sont le symbole d’une crise écologique mondiale. Tandis que la biodiversité s’efface sous les flammes et que les fumées étouffent l’air, les projections scientifiques laissent peu d’espoir : la fréquence des méga-feux pourrait augmenter de 50 % d’ici 2100 (1).
Ces incendies, que Joëlle Zask qualifie dans ses ouvrages (2) de « signal d’alerte majeur », sont le résultat d’un cocktail mortel : une urbanisation croissante, une gestion forestière inadéquate et l’inexorable progression de la crise climatique. Ils témoignent de l’urgence d’agir pour éviter que cette nouvelle ère des méga-feux ne devienne une réalité irréversible.
Les foyers principaux
Les conditions ont permis au feu de se propager très rapidement à travers toute la région de Los Angelès : des vents à 144 km/heure, un taux d’humidité très faible et un paysage très inflammable après des mois sans précipitations ont permis au feu de se propager dans le quartier de Pacific Palisades, situé entre Santa Monica et Malibu, mais aussi à une quarantaine de kilomètres de là, dans le quartier d’Eaton à Altadena, où un second incendie s’est déclaré. Avec plusieurs autres incendies de moindre importance, les incendies de Pacific Palisades et d’Eaton ont depuis brûlé plus de 12.000 ha de terrain dans le comté de Los Angeles, détruisant des milliers de bâtiments et forçant 130 000 personnes à évacuer leur domicile.
Des quartiers entiers ont été ravagés par les flammes, qui menacent désormais certains des monuments les plus célèbres de la ville, dont l’emblématique panneau Hollywood. Des milliers de pompiers s’efforcent de maîtriser les flammes.
Plusieurs avant-premières de films, comme celles du biopic Better Man de Robbie Williams, du film Unstoppable de Jennifer Lopez et de Wolf Man, avec Julia Garner et produit par Ryan Gosling, ont été annulées en raison des conditions dangereuses. Jeudi dernier, les autorités californiennes ont ordonné l’évacuation du quartier d’Hollywood après qu’un incendie se soit déclaré à quelques centaines de mètres d’Hollywood Boulevard. La situation hors de contrôle a également conduit l’Académie américaine des arts et sciences du cinéma à reporter de deux jours l’annonce des nominations aux Oscars.
Quatre autres incendies majeurs ont ravagé le comté de Los Angeles : Le Palisades Fire, situé dans le quartier de Pacific Palisades, cet incendie a ravagé près de 7 000 ha, détruisant des milliers de bâtiments et menaçant des sites emblématiques tels que le Getty Villa Museum. L’Eaton Fire à Altadena : Proche de Pasadena, ce feu a consumé environ 4.500 ha, entraînant des évacuations massives et la destruction de nombreux habitats. Le Hurst Fire : Au nord de San Fernando, cet incendie a brûlé 350 ha, mettant en péril des zones résidentielles et des infrastructures essentielles.
Plusieurs autres « petits » incendies se sont déclarés dans le sud de la Californie, alors que des vents puissants continuent de balayer la région.
Le National Weather Service (NWS), le service météorologique américain, prévoit de nouvelles rafales de vent pouvant atteindre entre 80 et 112 km/h en ce début de semaine dans la région. Selon Courrier international, dans la soirée du dimanche 12 janvier, les comtés de Los Angeles et Ventura ont de nouveau été placés en alerte rouge, jusqu’à mercredi 15 janvier. Les autorités ont prévenu que quiconque résidant dans le comté de Los Angeles, soit près de 10 millions de personnes, pourrait recevoir l’ordre d’évacuer.
Un patrimoine qui disparaît
Les incendies ont réduit en cendres une partie inestimable du patrimoine architectural et culturel de la Californie. De Pasadena à Malibu, des quartiers emblématiques, des joyaux historiques et des lieux de vie artistique ont succombé à l’assaut des flammes.
Des sites légendaires sont ravagés dans le comté de Los Angeles. À Pasadena, connue pour son élégance et ses trésors architecturaux datant du XIXᵉ siècle, de nombreux bâtiments historiques ont été détruits. Le secteur huppé de Malibu et les luxueuses villas de Pacific Palisades, perchées face à l’océan, ont également subi d’importantes pertes. Hollywood, cœur battant de Los Angeles, a frôlé la catastrophe lorsqu’un feu s’est approché des collines, menaçant le Walk of Fame, célèbre pour ses étoiles immortalisant les icônes du cinéma.
À Altadena, ville au nord de Pasadena, les flammes ont ravagé 4 290 hectares de terrain, détruisant des bâtiments emblématiques. Autrefois prisée par l’élite de la côte Est, la ville comptait des demeures somptueuses et des édifices publics classés monuments historiques. Parmi eux, la Andrew McNally House a été réduite à néant, tout comme le Zorthian Ranch, haut lieu artistique fondé par Jirayr Zorthian, et la galerie Alto Beta. Ce sont des fragments entiers de l’histoire culturelle et architecturale d’Altadena qui disparaissent.
Les incendies ont également anéanti des bâtiments iconiques de Pacific Palisades et Santa Monica. La Keeler House, chef-d’œuvre en bois et béton conçu par l’architecte Ray Kappe, et la Bridges House, perchée au-dessus de Sunset Boulevard, ont été totalement dévastées.
Le Theatre Palisades, qui abritait une salle de spectacle depuis 1963, n’a pas résisté à la chaleur, tandis que l’ancien ranch de Will Rogers, transformé en musée, a été englouti par les flammes.
Malgré des systèmes de protection sophistiqués, des lieux majeurs restent menacés, comme la Villa Getty, construite dans les années quarante par J. Paul Getty, devenu musée abritant l’une des collections d’antiquités les plus prestigieuses du monde, ou la mythique Eames House, monument national du design moderne. La Gamble House, joyau du mouvement Arts & Crafts à Pasadena, a pour l’instant été épargnée, mais reste en danger alors que les incendies continuent de progresser.
Au-delà des pertes matérielles, les incendies touchent profondément la communauté musicale et artistique de la région. De nombreux musiciens indépendants ont tout perdu, y compris leurs instruments et leur matériel. En réponse, des initiatives solidaires ont vu le jour, à l’image de la National Recording Academy, qui a mis en place un fonds d’aide de 1 million de dollars, et de Live Nation, qui organise un concert caritatif, FireAid, dont les bénéfices financeront la reconstruction et la prévention des incendies.
Alors que les flammes continuent de dévorer paysages et histoires, c’est une partie de l’âme de la Californie qui s’efface, emportant avec elle des décennies de culture et de créativité. Mais à travers ces épreuves, une solidarité remarquable émerge, rappelant la résilience et l’unité des communautés face à l’adversité.
Les risques d’incendie de forêt dans les zones urbaines
Bien que les saisons des incendies destructeurs soient de plus en plus fréquentes en Californie, il est encore relativement rare de voir une grande zone urbaine confrontée à des incendies comme c’est le cas à Los Angeles. Mais comme les populations se sont développées dans des communautés proches de la végétation et des espaces ouverts, les experts ont déclaré au média américain Vox que les risques d’incendies de forêt se déplaçaient vers des zones urbaines plus denses. Cette dynamique est aggravée par le changement climatique, qui a alimenté les chaleurs extrêmes et desséché le paysage dans des régions comme le sud de la Californie, déjà sujettes aux incendies de forêt.
Ensemble, ces facteurs signifient que les incendies de forêt pourraient devenir plus fréquents dans les zones urbaines – et bien que les villes aient mis en place certaines mesures de protection contre ces catastrophes naturelles, elles recèlent également de dangereuses sources de combustible.
« Les incendies urbains sont devenus plus fréquents et plus graves », explique Steve Pyne, historien des incendies et professeur émérite de l’université d’État de l’Arizona. « Un problème que nous pensions avoir résolu est revenu ».
Dans les zones situées à proximité de la végétation, comme c’est le cas dans de nombreux quartiers de Los Angeles, le risque d’incendie peut être élevé. « Dans les zones urbaines du sud de la Californie, nous constatons qu’une grande zone urbaine très dense se trouve à proximité immédiate d’écosystèmes arbustifs hautement inflammables », explique Mark Schwartz à Vox, chercheur en conservation à l’université de Californie à Davis.
Ces villes comportent des sections situées dans ce que les chercheurs appellent l’interface entre les zones urbaines et les zones sauvages (WUI), où le développement humain rencontre des zones sauvages non développées et de la végétation. Cela signifie que ces zones peuplées sont proches de zones naturelles telles que les forêts et les prairies, ou les recoupent.
Cette proximité de la végétation – en particulier dans les régions arides de l’ouest des États-Unis, sujettes aux incendies – augmente directement le risque pour une ville, car les incendies qui prennent généralement naissance dans les broussailles et les arbustes peuvent se propager rapidement à travers d’abondantes sources de combustible.
Ce danger est particulièrement aigu pour Los Angeles en ce moment, car les rafales de vent de Santa Ana atteignent près de 160 km/h, ce qui peut transporter les flammes rapidement à partir de l’endroit où elles commencent.
Selon Noah Diffenbaugh, climatologue à l’université de Stanford, de plus en plus de personnes s’installent dans les zones d’interface entre les villes et les zones sauvages, ce qui accroît la population et l’activité dans ces régions. Cela signifie plus de risques pour les personnes qui y vivent, mais aussi plus de possibilités de déclenchement d’incendies. Si la foudre peut déclencher et déclenche souvent des incendies de forêt, la plupart des brasiers sont provoqués par l’homme ; par le passé, des feux de camp, des cigarettes jetées de manière irresponsable ou des lignes électriques tombées en panne ont été à l’origine de ces incendies.
« Là où il y a des êtres humains, les sources d’inflammation sont nombreuses, et lorsque ces sources d’inflammation se trouvent à proximité de la végétation qui peut brûler, cela augmente le risque », explique Noah Diffenbaugh.
Et le changement climatique ne fait qu’amplifier ces risques : le signe le plus évident de l’influence du changement climatique sur la gravité des incendies est la hausse des températures, qui entraîne une augmentation des combustibles, tels que la végétation sèche, qui sont prêts à brûler.
Les villes construites en « dur » (composées de matériaux tels que le béton et le métal) et plus éloignées des sources de végétation présentent un risque d’incendie plus faible. Celles qui ont de la verdure peuvent également se rendre plus résistantes aux incendies grâce à des pratiques d’atténuation telles que les brûlages dirigés (feux contrôlés destinés à réduire simultanément le risque d’incendie et à promouvoir une croissance saine de la végétation), davantage de plantes indigènes et moins de végétation à proximité des structures.
Les sources de combustible présentes dans les villes pouvant alimenter des incendies majeurs
Les habitations, ainsi que la végétation, peuvent servir de combustible pour les incendies. D’autres structures, comme les réservoirs de gaz naturel et les dépôts de carburant, peuvent aggraver les incendies s’ils prennent feu, explique Stéphanie Pincetl, professeur d’environnement et de développement durable à l’université de Californie à Los Angeles.
Selon M. Schwartz, « dès qu’un incendie se propage dans une zone urbaine, les incendies de maison à maison deviennent la principale préoccupation ». Les maisons construites en bois sont inflammables, et des braises peuvent également être soufflées dans les structures par les bouches d’aération et les fenêtres, de sorte qu’une maison peut s’enflammer et brûler de l’intérieur, même si l’extérieur est à l’épreuve du feu. Les maisons individuelles indépendantes – par rapport aux maisons en rangée, qui partagent souvent des murs avec des bâtiments voisins – peuvent être particulièrement vulnérables aux incendies en raison du nombre de murs donnant sur l’extérieur et du nombre de points différents où un feu peut se déclarer, note encore Stéphanie Pincetl. Sans compter que, dans des villes comme Los Angeles, la végétation plus sèche, comme les palmiers, peut également alimenter les feux de forêt.
Les pires dégâts causés par les incendies de forêt dans les villes, de mémoire récente
L’incendie de Camp, qui s’est déclaré dans le nord de la Californie centrale en 2018, est le plus meurtrier de l’histoire de l’État. Il a fait 85 morts, détruit plus de 18 000 structures – y compris en brûlant presque entièrement la ville de Paradise, en Californie – et brûlé plus de 62.000 ha.
Il a été si destructeur en raison de conditions similaires à celles observées dans le comté de Los Angeles cette semaine : « Des vents violents se sont ajoutés aux combustibles secs », a déclaré M. Schwartz, soulignant que le vent a joué un rôle particulièrement important dans la propagation des flammes. Comme l’a expliqué Matt Simon, de Wired, le vent a contribué à transporter des « milliards » de braises, qui ont déclenché un certain nombre de petits incendies loin des lignes de front de l’incendie principal. Ces braises ont enflammé des maisons et d’autres structures à Paradise, ce qui a rendu l’incendie plus difficile à contenir.
De nombreuses maisons à l’intérieur de Paradise étaient également plus vulnérables au feu. Presque toutes les maisons de la ville ont été construites avant 2008, date à laquelle la Californie a imposé un nouveau code de construction anti-incendie qui exige l’utilisation de certains matériaux pour l’extérieur et les toits des bâtiments, rapporte le Los Angeles Times.
Causes et conditions aggravantes
Les incendies qui ravagent actuellement la Californie trouvent une partie de leur origine dans des conditions météorologiques extrêmes. Les vents de Santa Ana, puissantes bourrasques sèches provenant des déserts intérieurs de l’ouest des États-Unis, ont joué un rôle majeur en attisant les flammes et en accélérant leur propagation à travers le sud de l’État. Mais au-delà de ces vents redoutables, c’est l’état alarmant de la végétation locale qui alimente ces incendies gigantesques.
Selon Joëlle Zask, philosophe et auteure de « Quand la forêt brûle« , ces incendies d’une intensité exceptionnelle sont le résultat de plusieurs facteurs combinés, notamment le changement climatique, la gestion inadéquate des forêts et l’urbanisation croissante dans des zones à risque.
La Californie, confrontée à des bouleversements climatiques majeurs ces dernières années, subit des cycles alternés de sécheresses prolongées et de pluies torrentielles. Ces fluctuations favorisent une végétation qui pousse abondamment en période humide pour ensuite se dessécher rapidement, créant un tapis végétal hautement inflammable. Cet hiver, l’absence quasi totale de précipitations a encore aggravé la situation. « Les précipitations mensuelles moyennes en novembre ont été dix fois inférieures à la moyenne climatologique, et celles de décembre 25 fois inférieures à la normale« , explique Frank Marsik, professeur en science climatique à l’Université du Michigan. Cette rareté des pluies, combinée à des températures anormalement élevées, a asséché les sols et les écosystèmes, offrant un terrain parfait pour les incendies.
Alex Hall, scientifique du climat à l’Université de Californie, explique au Washington Post « Il est très inhabituel pour nous de n’avoir pratiquement aucune précipitation à ce stade de l’année. D’ordinaire les premières pluies tombent en novembre et suffisent à étancher la soif des plantes qui sont restées en dormance pendant une grande partie de l’été. Cette année, nous avons les vents habituels de Santa Ana, mais nous n’avons pas eu de précipitations, si bien que la saison des incendies s’est prolongée d’octobre à janvier. »
De l’air froid tourbillonnant en provenance du Nevada est poussé vers l’Ouest en direction du sud de la Californie, une région bordée de montagnes. Lorsque les masses d’air arrivent au contact du relief, elles se réchauffent en tombant dans les différentes vallées et gagne en vitesse. Les villes situées au pied des montagnes se trouvent souvent proches de certains cols qui sont le point d’extraction de vents transportant de l’air sec et chaud “voire carrément brûlant” qui se déverse sur la côte, explique le Washington Post.
Les mégafeux ont des répercussions écologiques dévastatrices, entraînant la destruction de la biodiversité, la dégradation des sols et la pollution de l’air. Sur le plan humain, ils provoquent des traumatismes psychologiques, des pertes matérielles considérables et une perturbation des communautés locales.
Cette crise écologique et climatique s’inscrit dans une tendance inquiétante qui s’aggrave depuis des décennies. Depuis le début des années 2000, la Californie est frappée par une sécheresse historique qui favorise l’augmentation et l’intensité des incendies. Selon le système américain d’information sur les sécheresses, les superficies brûlées en Californie ont été multipliées par cinq au cours des trente dernières années par rapport à la période précédant les années 1990. Et les projections du Centre Californien d’Adaptation Climatique sont alarmantes : la fréquence des méga-feux pourrait encore augmenter de 50 % d’ici 2100.
Ces données révèlent une réalité implacable : la crise climatique, en bouleversant les écosystèmes et les régimes météorologiques, amplifie non seulement la fréquence des incendies mais aussi leur gravité. À moins d’une action immédiate pour ralentir ces phénomènes, la Californie et d’autres régions du monde pourraient voir ces feux dévastateurs devenir une norme plutôt qu’une exception.
Infographie de Bonnie Berkowitz et Aaron Steckelbert / The Washington Post
La question brûlante des assurances en Californie
Les incendies qui dévorent actuellement la Californie remettent en lumière l’enjeu crucial de l’adaptation dans une région particulièrement vulnérable aux transformations climatiques. Désormais, chaque activité humaine semble potentiellement capable de déclencher des feux monstrueux. L’implication des systèmes électriques dans plusieurs incendies récents, notamment les tragédies meurtrières de 2019, illustre à quel point les infrastructures sont devenues des déclencheurs potentiels.
L’expansion urbaine, dans une région densément peuplée, aggrave également les risques. À Los Angelès, des développements résidentiels comme ceux des quartiers ultra-privilégiés de Pacific Palisades rapprochent dangereusement les habitations des zones sujettes aux incendies, augmentant ainsi l’exposition des populations.
Face à la crise climatique, les menaces deviennent si intenses qu’une partie de la Californie n’est déjà plus assurable. Certains assureurs quittent même l’Etat. L’incendie à Los Angelès pourrait coûter plus de 20 milliards de dollars aux assureurs, comme le titre l’Agefi. Le Figaro met en avant que « selon les modélisations du site spécialisé AccuWeather, le coût total (dommages matériels, pertes financières) pourrait atteindre 52 à 57 milliards de dollars notamment parce que les zones touchées – Pacific Palisades, Santa Monica, Malibu – comptent les maisons parmi les plus chères des États-Unis ». Mais, selon l’agence de presse américaine Bloomberg, le commissaire aux assurances de Californie, Ricardo Lara, a annoncé dès mercredi une protection pour les propriétaires des zones touchées et avoisinant ces incendies, contre les non-renouvellements et résiliations de garanties : la Californie a interdit aux assureurs d’annuler ou de ne pas renouveler les polices d’assurance immobilière résidentielle dans les quartiers de Los Angeles touchés par les incendies. Le commissaire aux assurances de l’Etat a ainsi imposé un moratoire obligatoire d’un an, pour protéger les habitants des quartiers de Pacific Palisades et d’Eaton, qu’ils aient subi un sinistre ou non, selon un communiqué publié le 9 janvier. Cette ordonnance s’applique à toutes les polices d’assurance habitation en vigueur depuis le 7 janvier, date à laquelle le gouverneur Gavin Newsom a déclaré l’état d’urgence.
Ce type de mesure avait déjà protégé plus d’un million de contrats en 2024.
Dans ce contexte, l’arrivée imminente de Donald Trump à la présidence, avec sa politique annoncée de réduction des budgets environnementaux, suscite de vives inquiétudes. La capacité des États-Unis à renforcer leur adaptation écologique pourrait être gravement compromise, laissant des territoires entiers encore plus démunis face aux catastrophes climatiques à venir.
Plus de 7 500 pompiers sont mobilisés pour contenir les incendies, selon le Gouverneur de Californie, mais « Nous n’avons pas assez de pompiers dans le comté de Los Angelès pour faire face à cette situation » déplore Anthony Marrone, le chef des pompiers du comté.
Les conditions difficiles compliquent leurs efforts. Le président Joe Biden a déclaré l’état de catastrophe majeure, permettant de débloquer des fonds fédéraux pour soutenir les opérations de secours et la reconstruction. Il reçoit des informations en temps réel sur la situation et a proposé « toute l’aide fédérale nécessaire » pour éteindre les incendies. « La FEMA, l’Agence fédérale de gestion des urgences, a approuvé une subvention pour la gestion des incendies afin de soutenir les zones touchées et d’aider à rembourser l’État de Californie pour les coûts immédiats de la lutte contre les incendies », a déclaré le président dans un communiqué mercredi.
Les incendies actuels soulignent l’urgence de repenser notre rapport à l’environnement et d’adopter des politiques de gestion des forêts plus durables. Comme le souligne Joëlle Zask, il est essentiel de comprendre les causes profondes des mégafeux pour mieux les prévenir et atténuer leurs impacts sur nos sociétés.
On s’attend à ce que ces incendies continuent à se propager et à causer davantage de dégâts. Ils sont déjà les plus destructeurs de l’histoire de la Californie.
(1) Projections du Centre Californien d’Adaptation Climatique
(2) Quand la forêt brûle de Joëlle Zask – Editions Premier Parallèle, juillet 2018