LIRE DANS UP‘ : La COP21 va-t-elle faire exploser la bulle carbone ?
1000 milliards de dollars seront investis dans le développement de l’énergie solaire d’ici 2022. C’est ce que vient d’affirmer, en ce premier jour de COP21, le premier ministre indien Narendra Modi en compagnie de François Hollande.
Cet objectif est rendu possible par la création de l’Alliance Solaire Internationale, une plateforme de coopération entre les pays qui disposent de ressources solaires abondantes et les mondes de la finance, de la recherche et de l’entreprise.
Cette Alliance, voulue par le Premier Ministre Modi et soutenue dès l’origine par le président français repose sur une volonté simple : fédérer les efforts des pays en développement pour attirer les investissements et les technologies dans ce secteur et développer les usages de l’énergie solaire.
Cette Alliance permettra une coopération entre les pays industrialisés qui disposent de technologies et de financements et les pays en développement. La participation de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement et de chefs d’entreprises autour de ce projet, illustre la force de cet engagement.
Dans son allocution de lancement, Narendra Modi a rappelé que, « dans la tradition indienne, le soleil est la source de toute énergie ; le soleil est l’âme de tous les êtres animés ou inanimés. Alors que les énergies fossiles ont mis en danger notre monde, l’Inde veut se tourner vers l’énergie solaire ». Il rappelle que « la grande majorité de l’humanité est baignée par l’énergie du soleil toute l’année. Nous voulons rendre cette source d’énergie moins chère et plus facile à relier.
Nous allons nous fonder sur l’innovation et la coopération pour créer des investissements, des mécanismes financiers innovants ».
Il est vrai que plus de 100 pays, situés entièrement ou partiellement entre les Tropiques du Cancer et du Capricorne, disposent d’un potentiel solaire. C’est une chance pour la communauté internationale de créer un élan commun pour aboutir à une économie sobre en carbone.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé les marchés à orienter leurs investissements vers le soleil. Il affirme : « nous avons besoin d’un développement qui ne soit pas destructif. Le solaire permettra ainsi aux pays en voie de développement d’accéder à une ressource gratuite, qui assurera leur sécurité et indépendance énergétique ».
Présent à la conférence de lancement, Gérard Mestrallet, le Président d’Engie, rappelle de son côté que sur les 1000 milliards de dollars nécessaires pour financer cette Alliance Solaire, les entreprises privées, énergéticiens notamment et les organisations financières en apporteront 70 %. Déjà Areva, Enel, HSBC France et Tata Steel ont rejoint Engie sur ce projet. Il précise que cet engagement sera tenu parce que les financiers ont compris qu’ « une catastrophe liée au climat sera une catastrophe liée aux actifs financiers ».
On peut s’interroger sur la sincérité de l’Inde dans cette annonce. En effet, l’Inde est aujourd’hui un des pays les plus pollueurs de la planète. Le subcontinent est singulièrement dépendant du charbon. Et tous les spécialistes mettent en avant le fait que l’Inde va continuer à se reposer sur les énergies fossiles pour nourrir sa croissance économique ; elle ne peut pas faire autrement dans l’état actuel de la structure de son économie. Cette dépendance au charbon de l’Inde est symptomatique d’un pays globalement pauvre mais confronté à des besoins énergétiques croissants. Jean-Joseph Boillot, expert de l’économie indienne écrit : « Aujourd’hui, le charbon représente entre 60 et 70 % du mix électrique de l’Inde. Le sous-continent dispose de charbon en abondance alors qu’il est obligé d’importer 85 % de son pétrole et de son gaz. Le prix du kilowatt charbon est en outre 4 à 5 fois inférieur à celui des autres énergies. Pour l’Inde, il s’agit d’utiliser ces ressources, afin de garantir son indépendance et de fournir une électricité bon marché à une population démunie.
Quelles autres options pourrait avoir l’Inde ? »
C’est la raison pour laquelle l’initiative Alliance Solaire, doit être encouragée. Le premier ministre indien a déclaré vouloir investir d’emblée 90 milliards de dollars dans cette plateforme. C’est un gros effort pour le pays, mais un effort nécessaire pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé et sur lequel il s’est engagé pour la COP21 : atteindre 40 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 pour alimenter en énergie propre une population de près d’1.5 milliards d’individus.
Gérard Ayache, Chroniqueur UP’ Magazine
S’abonner
Connexion
0 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents
Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments