Treize jours auront été nécessaire pour aboutir à un accord pour le climat. Un accord « différencié, équilibré, juste, durable, dynamique et juridiquement contraignant » selon le président de la COP21 Laurent Fabius. Un accord qualifié d’historique car il a réussit à réunir 195 Etats autour d’un texte commun. Mais quelles sont ces forces et ces faiblesses ? Découvrez le décryptage de la Fondation Nicolas Hulot.
Nous venons de vivre un moment historique et planétaire. Après plus de 20 ans de discussions et un échec retentissant à Copenhague, la signature de l’accord de Paris est un accord qui lie les 195 pays qui s’engagent sur le long terme, à réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter que le réchauffement climatique dépasse deux degrés. Mais que retenir de l’accord de Paris ?
– Pour la première fois, un accord universel sur le climat impliquant 195 pays qui devront tous agir pour lutter contre les changements climatiques.
– Des contraintes différentes selon le niveau de développement et de responsabilité des Etats, les pays développés continuant à assumer le leadership de l’action et des financements.
– Une ambition forte : limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C en poursuivant les efforts pour ne pas dépasser 1,5°C par rapport à l’époque pré-industrielle. Au delà des 1,5°C certains des pays les plus vulnérables pourraient purement et simplement disparaître.
– Pour atteindre cet objectif, la science (GIEC) a démontré que les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront diminuer de 70 à 90 % d’ici 2050 bien que ce ne soit pas explicitement dit dans l’accord qui reste regrettablement très flou sur ce point.
– Des Etats qui devront tous soumettre des contributions nationales contenant des engagements détaillés et vérifiables de réduction de leurs émissions de gaz à effet des serre. Aujourd’hui, 187 pays ont déjà soumis une première contribution qu’ils devront confirmer ou mettre à jour en 2020. Ces contributions devront être renouvelées tous les 5 ans à partir de 2025, toujours à la hausse.
– Les pays développés devront continuer à faire acte de solidarité, après 2020, en finançant à part égale le développement soutenable et l’adaptation aux conséquences du changement climatique des pays en développement. Ce financement sera au moins de 100 Milliards par an jusqu’en 2025 et devra continuer ensuite. Au delà, d’autres pays, dont la richesse a augmenté ces dernières années, sont invités eux aussi à financer le développement des pays du Sud. La Chine a par exemple déjà promis 3 Milliards.
– Les pertes et dommages (catastrophes naturelles accentuées par le réchauffement, déplacement de population etc) déjà subis par les pays les plus vulnérables sont reconnues dans l’accord. Un soutien financier et une meilleure gestion des déplacés climatiques sont prévus.
– Pour la première fois, 195 Etats reconnaissent l’intérêt de donner un prix au carbone pour accélérer la réduction des émissions de GES. En marge de l’accord, de plus en plus de pays rejoignent la coalition pour un prix du carbone et mettent en place de telles politiques au niveau national.
– Si l’accord contient de nombreuses dispositions contraignantes (transparence, soumissions régulières de nouveaux engagements de réduction et de nouveaux engagements financiers entre autres), il n’introduit pas de contraintes sur le respect des engagements pris ni de sanctions. Il ne permet pas non plus de s’assurer d’une cohérence entre l’ambition de l’accord et celles des engagements nationaux. Ainsi, les contributions nationales soumises par les Etats avant le sommet de Paris ne sont pas cohérentes avec l’ambition de l’accord. Si elles étaient respectées, elles entraineraient un réchauffement de plus de 3°C. L’accord ne prévoit pas d’en réhausser l’ambition avant 2025 bien que chaque Etat puisse décider, à n’importe quel moment, d’augmenter son effort.
Ce n’est donc évidemment pas un accord miraculeux qui va résoudre à lui tout seul le problème du changement climatique. Certains le lui reprochent. Mais la FNH n’attendait pas un tel miracle de l’accord de Paris ! Comment l’espérer quand cet accord réunis des pays pétroliers ou les Etats Unis qui ont un congrès plus ou moins climato-sceptique ?
Obtenir un outil commun à l’ensemble des Etats qui transcrive dans le droit international une mobilisation sans précédent de toutes les composantes de la société, voilà ce qu’était notre objectif ! Cet outil nous l’avons.
Cette mobilisation ne devra pas faiblir, et c’est elle qui nous permettra de réussir ce à quoi les Etats ne peuvent pas s’engager sans elle ! Le métier est prêt, il ne reste plus qu’à tisser les motifs de la transition énergétique point après point. Partout les citoyens doivent continuer à faire pression ! Nous sommes le fil conducteur.
« Je me réjouis de l’accord universel et exigeant de Paris.
Je pense d’abord à toutes celles et ceux que j’ai rencontré depuis des années et qui sont déjà dans la tragédie climatique. Aujourd’hui, nous renouons avec l’espoir. Le monde regarde et marche enfin dans la même direction. L’avenir seul confirmera si l’accord de Paris est historique. Tout dépendra des moyens mis en œuvre pour réaliser les engagements pris par les états. Il faudra également revoir à la hausse le plus vite possible ceux des états les plus développés . Je félicite tous ceux qui ont contribué à la réussite de la COP21 au premier rang desquels Laurent Fabius et Laurence Tubiana.
Je remercie et félicite tout spécialement toute l’équipe de la Fondation Nicolas Hulot, les ONG et la société civile dans son ensemble qui ont participé à la mobilisation, ont contribué au succès d’aujourd’hui et sauront rester vigilants et exigeants. Le monde s’engage enfin dans l’ère bas carbone.
Il y a une lueur d’espoir qui ne demande qu’à s’embraser. » Nicolas Hulot
Source : Fondation Nicolas Hulot pour l’homme et la nature – 14 décembre 2015
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