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Une note interne révèle l’impréparation de l’ONU face aux migrations climatiques qui s’annoncent

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Alors que se tient en ce moment l’Assemblée générale de l’ONU et que des dizaines de chefs d’États vont monter à la tribune pour parader et porter leur bonne parole, une note interne révèle l’état d’impréparation incroyable de l’Organisation des nations unies face au péril que représentent les migrations climatiques. L’enjeu se résume en un chiffre : 1 milliard de personnes seront déplacées d’ici 2050 en raison des dérèglements climatiques. Et nul ne sait comment régler ce problème.
 
Un milliard de personnes est un chiffre tellement énorme qu’il est difficile de le rendre concret. Pour utiliser une image, c’est un peu comme si un mauvais génie vidait, d’un coup de baguette magique, une immense partie de la population de la Chine et la déversait sur les autres pays de la planète. On peut imaginer alors plus facilement les conséquences. Autre élément difficile à concrétiser, l’échéance. 2050, cela paraît encore une date bien lointaine. Pourtant, un enfant qui entre en sixième cette année, sera dans la pleine force de l’âge pour assister au spectacle que ses parents ont programmé pour lui, dès aujourd’hui.
 

Le dérèglement climatique dessine de nouvelles cartes de géographie

Le chiffre d’un milliard de réfugiés climatiques provient de l’ONU elle-même. Il a été publié en début d’année. À aujourd’hui, le décompte recense près de 258 millions de migrants dans le monde entier, dont 22,5 millions de réfugiés enregistrés par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Ces chiffres ne sont rien si les plus modestes prédictions relatives au climat se réalisent. Nul ne peut prétendre ignorer que les sécheresses, les catastrophes naturelles, la désertification, les mauvaises récoltes et bien d’autres dérèglements environnementaux détruisent le gagne-pain de communautés entières et rendent inhabitables des régions entières.
Le changement climatique redessine radicalement notre monde, entraînant des déplacements humains sans précédent. La carte des zones où il est possible de vivre se redessine chaque jour. Partout dans le monde on enregistre des vagues de chaleur plus fréquentes, des tempêtes et des inondations sans précédent.
 
Aujourd’hui, les motifs de migration se multiplient, se juxtaposent et s’influencent mutuellement. Les facteurs économiques, politiques et environnementaux s’imbriquent les uns dans les autres de telle sorte que la distinction établie dans les années 1950 entre réfugiés politiques, protégés par la Convention de Genève, et migrants économiques n’est plus adaptée aux réalités contemporaines et à celles qui se dessinent.
 

Un rapport qui perturbe

C’est dans ce contexte que vient d’être révélé un mémo interne de l’ONU. Il émane du « groupe de travail sur les déplacements » et décrit une situation des plus complexes.
 
 
Les auteurs de ce rapport alertent sur l’absence de plan et d’approche coordonnée au sein de l’ONU pour faire face aux migrations climatiques. Selon ce groupe d’experts, l’ONU a besoin d’une approche coordonnée pour aider les personnes contraintes de se déplacer en raison des inondations, des tempêtes, de la sécheresse et d’autres événements aggravés par le réchauffement climatique : « L’ONU manque actuellement d’un chef de file, d’un mécanisme de coordination ou d’une stratégie à l’échelle du système en matière de déplacement en cas de catastrophe, y compris en ce qui concerne les changements climatiques ».
 
Durant l’instruction de leur rapport, les experts déclarent avoir constaté « l’absence généralisée d’un cadre global de suivi et d’évaluation de la réglementation sur la mobilité humaine dans le contexte du changement climatique ». Ils alertent sur le fait que des cadres juridiques spécialisés sont inexistants « alors qu’ils pourraient jouer un rôle clé pour assurer l’efficacité des réponses des États et des autorités locales, en particulier dans la définition des mandats et des pouvoirs légaux et dans l’attribution des fonds nécessaires à la mise en œuvre de leurs stratégies ».
 

Des lacunes regrettables

Les experts regrettent des lacunes importantes concernant le droit international qui fait cruellement défaut sur la question des migrations liées au climat. Selon eux des réponses appropriées devraient être apportées alors que le nouveau Pacte mondial sur les réfugiés, actuellement en débat et qui devrait être ratifié par les États membres de l’ONU d’ici à la fin de cette année, s’appuie sur le cadre existant tout en s’efforçant de tenir compte de la réalité actuelle, notamment de la nécessaire protection de ceux qui sont forcés de migrer en raison de catastrophes naturelles et de changements climatiques. C’est insuffisant pour les rapporteurs qui appellent le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à considérer la question de façon urgente.
 
Toutefois, l’Histoire nous apprend que les États sont plutôt hostiles aux solutions collectives pour gérer les migrations forcées. L’étendue des dégâts est aujourd’hui bien visible dans le sort troublant et inacceptable des réfugiés venant de toutes les régions du monde.
 
Le rapport appelle à réfléchir et évaluer différentes pistes de solution. Parmi elles, la réinstallation planifiée, encouragée par la Banque mondiale qui estime qu’elle pourrait réduire jusqu’à 80% les flux migratoires liés au climat. Le rapport incite à identifier les zones les plus menacées et à mettre en œuvre des stratégies de déplacement, avant que la catastrophe ne se produise.
 
Bien que les migrations liées au climat soient reconnues depuis la COP 16 de Cancún en 2010, elles montrent combien nous sommes désarmés devant ce monde qui vient. Le rapport qui vient d’être révélé en est la preuve, si besoin était. D’autant que la fenêtre d’action se referme rapidement et que les dégradations liées aux dérèglements climatiques sont en train de créer, sous nos yeux, des niveaux inacceptables d’insécurité humaine.
 
 

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