Des obstacles persistants empêchent les énergies renouvelables de répondre à la demande énergétique croissante, entraînant une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, selon le nouveau rapport mondial du REN21, le réseau international des énergies renouvelables. Ce rapport révèle que le manque d’action, de financement et les problèmes d’infrastructure empêchent les énergies renouvelables de suivre le rythme de la demande énergétique croissante, ce qui entraîne une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et que des obstacles mondiaux tels que les limitations du réseau et les problèmes de financement entraînent le blocage de 3 000 GW de projets renouvelables.
Le nouveau Rapport mondial sur l’état des lieux des énergies renouvelables 2024 (Renewables 2024 Global Status Report – GSR 2024), publié aujourd’hui, met en avant un certain nombre de manquements pour développer la transition énergétique. Le manque d’action, de financement et d’infrastructure entrave la transition des énergies fossiles vers les renouvelables. Il est donc urgent de mettre l’accent sur les facteurs facilitant les énergies renouvelables comme les politiques, les autorisations et le financement, est nécessaire pour atteindre nos ambitions et réaliser une transition énergétique équitable et juste.
Autre problème : la demande croissante en énergie n’est pas encore entièrement couverte par les renouvelables, conduisant à une augmentation de 1,1 % des émissions de dioxyde de carbone liées à l’énergie en 2023. Les 473 GW de nouvelles capacités de production d’électricité renouvelables en 2023 établissent un nouveau record. Cependant, cela est insuffisant par rapport aux 1 000 GW annuels nécessaires pour atteindre les engagements mondiaux en matière de climat et de développement durable.
Ou encore, le coût du capital pour les projets d’énergie renouvelable est de plus en plus inégal à l’échelle mondiale, allant de moins de 4 % dans les pays développés à plus de 10 % dans les pays en voie de développement.
Or les réponses politiques aux enjeux géopolitiques et les engagements mondiaux ont accéléré le déploiement et l’utilisation des énergies renouvelables en 2023, en particulier dans le secteur de l’électricité. La décision historique prise lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2023 (COP28) – de tripler la capacité en énergies renouvelables et de doubler les améliorations annuelles de l’efficacité énergétique d’ici 2030 – a encore renforcé l’ambition et créé un élan pour les renouvelables. Le leadership et l’appétit croissants pour les renouvelables dans les pays en voie de développement sont évidents, mais le financement reste un obstacle majeur.
Les renouvelables augmentent dans le mix énergétique mondial, mais ils ne remplacent pas le charbon, le pétrole et le gaz au rythme nécessaire pour diverses raisons : la demande globale d’énergie augmente rapidement, les projets d’énergie renouvelable sont nettement plus coûteux dans les pays en développement, et d’importants goulets d’étranglement persistent dans les autorisations, l’infrastructure et le raccordement des renouvelables aux réseaux.
Ceci est le message principal du module Aperçu mondial (Global Overview) du Rapport mondial sur l’état des lieux des énergies renouvelables 2024 (Renewables 2024 Global Status Report – GSR 2024), est le premier module d’une série à être publiée au cours de l’année. Le Global Overview fournit une vue d’ensemble de la situation des renouvelables dans le système énergétique global et dans le contexte de défis mondiaux tels que le changement climatique, le développement économique et le paysage géopolitique. REN21 suit les objectifs, les politiques et les progrès des énergies renouvelables depuis 2005. L’année dernière, REN21 a commencé à publier le GSR sous forme de collection de modules distincts pour améliorer la compréhension des différents aspects du système énergétique, y compris la demande ; l’approvisionnement ; les systèmes et infrastructures ; et la création de valeur économique et sociale.
Pour Rana Adib, directrice exécutive de REN21, « Le monde brûle plus de combustibles fossiles que jamais, les émissions mondiales liées à l’énergie augmentent, et les renouvelables ne permettent pas encore de répondre entièrement à la demande énergétique en croissance constante. Cela aggrave la crise climatique et déraille la transition énergétique. Nous manquons l’opportunité de construire des sociétés résilientes et inclusives en déployant pleinement les opportunités économiques que les renouvelables offrent. Nous devons également réaliser rapidement des gains en efficacité énergétique pour mieux utiliser l’énergie que nous consommons, »
L’utilisation des énergies renouvelables a augmenté de 58 % entre 2012 et 2022, mais la demande globale d’énergie a également augmenté de 16 % pendant cette période. L’augmentation de la demande a été satisfaite principalement par le charbon, le pétrole et le gaz fossile, qui ont ensemble représenté environ 65 % de la croissance de la consommation d’énergie entre 2012 et 2022.
Les réponses politiques pour limiter l’insécurité énergétique et l’inflation se sont avérées efficaces pour remodeler le paysage de l’énergie renouvelable et stimuler les investissements et projets dans les renouvelables. La loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) et le plan RePowerEU ont diversifié les chaînes d’approvisionnement, franchissant les premiers pas vers une réduction de la dépendance à quelques pays manufacturiers et une plus grande indépendance énergétique.
La COP28 a été une victoire historique pour l’énergie renouvelable, créant un élan sans précédent et stimulant une plus grande ambition. Les pays en développement se mobilisent. Par exemple, le Hub des Renouvelables pour l’Amérique Latine et les Caraïbes a relevé son objectif 2030 pour la part des renouvelables dans la génération totale d’électricité de la région de 70 % à 80 %. La région vise également 36 % de renouvelables dans son approvisionnement énergétique total.
Janet Milongo, responsable senior au Réseau d’Action pour le Climat International (CAN), estime que « La décision de la COP28 était une grande victoire mais aurait été encore plus grande si elle avait ciblé l’ensemble du système énergétique, et pas seulement le système électrique. Elle a également manqué une opportunité de souligner le financement comme un ingrédient fondamental. Il existe un besoin critique et urgent d’un changement complet et suffisamment financé vers l’énergie renouvelable, pour créer des sociétés et des économies justes, équitables, résilientes et prospères. »
L’Aperçu Global GSR 2024 montre que, malgré les améliorations, l’écart entre les investissements actuels et nécessaires en énergie renouvelable reste significatif. L’investissement mondial dans l’énergie renouvelable et les carburants a augmenté de 8,1 % en 2023 pour atteindre environ 623 milliards USD. Cependant, BloombergNEF et l’Agence Internationale pour les Énergies Renouvelables estiment qu’entre 1 300 et 1 350 milliards USD sont nécessaires annuellement pour atteindre les objectifs fixés lors de la COP 28 et dans l’Accord de Paris de 2015.
Le contexte financier mondial continue de désavantager considérablement les pays à faible revenu, avec le coût du capital pour les projets d’énergie renouvelable atteignant jusqu’à 10 %, comparé à moins de 4 % dans les pays à revenu élevé. Au lieu de soutenir les efforts des pays en développement pour devancer les combustibles fossiles et établir des économies basées sur les renouvelables, cette situation exacerbe les inégalités et empêche ces pays de bénéficier des énormes opportunités présentées par les renouvelables – non seulement pour répondre à l’accès à l’énergie, mais aussi pour stimuler le développement économique et industriel.
Ce rapport souligne les problèmes structurels qui entravent la mise en place de projets d’énergie renouvelable au niveau mondial. À l’échelle mondiale, on estime que 3 000 GW de projets d’énergie renouvelable sont restés sous-développés en 2023 en raison d’une infrastructure de réseau inadéquate, d’un financement insuffisant et de retards dans l’octroi des permis. Ce sont des goulets d’étranglement majeurs qui risquent de faire dérailler la transition énergétique.
Selon Antonella Battaglini, Directrice Générale de RGI, « Les réseaux électriques ont été négligés bien trop longtemps. Leur rôle facilitateur pour intégrer les sources d’énergie renouvelable doit être reconnu dans chaque pays. Nous devons éliminer les obstacles liés à la transformation des réseaux électriques. Construire des réseaux en harmonie avec la nature et avec le soutien des populations est tout à fait possible. Nous à l’Initiative pour les Réseaux de Renouvelables (RGI) le démontrons continuellement à travers nos activités. »
Rana Adib de conclure : « Les énergies renouvelables constituent la solution la plus rapide pour produire une énergie qui permet de générer des avantages sociaux et économiques concrets et ainsi renforcer le soutien en faveur de ces technologies. Mais le manque d’accès au financement et les coûts en capital élevés pénalisent les pays en développement et empêchent des millions de personnes d’atteindre des progrès sociaux et économiques. La décision de la COP28 n’est pas suffisante – elle doit se refléter dans nos actions. Nous devons recentrer notre planification énergétique pour placer les renouvelables au centre. Nous devons être plus ambitieux, construire des politiques plus solides et assurer une distribution équitable des investissements financiers, du partage de la technologie et des compétences pour garantir une transition énergétique mondiale rapide qui mette les gens en premier. »