D’ici 2030, les températures moyennes pourraient augmenter de 1,5°C, le nombre des vagues de chaleur pourrait être multiplié par quatre et les sècheresses seront deux fois plus fréquentes. C’est dans ce contexte que la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits a mandaté AXA Climate pour évaluer les impacts du changement climatique sur la production de fruits en France.
Les résultats de cette étude sur l’impact du changement climatique sur la production de fruits porte sur 16 cultures fruitières en France, dans 25 départements, représentant 76% des surfaces de production. Sont ainsi représentées les filières poires, pommes, pêches, nectarines, abricots, cerises, prunes, noix, noisettes, amandes, framboises, myrtilles, cassis, groseilles, kiwis et raisins de table… Filières qui devront composer avec ce constat alarmant : « d’ici 2030, les températures moyennes pourraient augmenter de 1,5°C, le nombre des vagues de chaleur pourrait être multiplié par quatre et les sècheresses seront deux fois plus fréquentes ».
Un monde agricole en première ligne face au changement climatique et pour lequel il est vital de pouvoir quantifier précisément ses effets afin d’imaginer le modèle agricole de demain.
Selon le dernier rapport du GIEC, le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, alors que la température a déjà grimpé de près de 1,2°C en moyenne. Mais « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (…) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies », écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l’ONU. Des changements qui auront de lourds impacts sur les productions de fruits en France.
En lien étroit avec les experts agronomes de FNPFruits, les scientifiques d’AXA Climate – entité du groupe dédiée à l’adaptation climatique et environnementale – ont analysé une série d’indicateurs climatiques pertinents et leurs effets pour chaque culture, en fonction des différents stades de leur croissance.
Stress thermique chronique et gelées printanières
La température moyenne devrait ainsi augmenter d’1,2° d’ici 2030 dans les 25 départements étudiés, tandis que les températures maximales estivales dépasseront les extrêmes historiques (+1,7° en moyenne). Cette évolution aura des conséquences importantes sur le cycle de croissance des fruits qui souffriront de stress thermique chronique, voire de grillure.
Le risque de gelées printanières perdurera en 2030 avec des températures minimales en mars augmentant moins vite (+0,4°) que les températures moyennes. Ainsi 86 % des départements étudiés subiront toujours des températures négatives en mars (17 % en avril).
Coups de soleil et manque d’eau
Le rayonnement solaire augmentera (+2,3 kW/m2, soit + 4,2 %), ce qui pourrait induire des risques de coups de soleil pour les cultures tardives. Par ailleurs, le rayonnement a des conséquences directes sur la photosynthèse et la qualité de la production de biomasse.
Le bilan hydrique cumulé annuel diminuera de 38 % en moyenne, avec de fortes disparités géographiques (-47% dans le Tarn).
Les climatologues et les agronomes ont ainsi pu mesurer précisément les risques de manque d’eau et identifier les ajustements nécessaires en termes d’organisation et de pratiques culturales (irrigation, choix de variétés de fruits ayant moins besoin d’eau…).
En 2030, 45 % des zones de productions étudiées seront considérées comme à risque extrême ou élevé, principalement à cause des vagues de chaleur et du gel (vs 22 % aujourd’hui). Ce risque sera très variable d’un fruit à l’autre et d’un département à l’autre : il pourra atteindre 60 % pour les abricots, mais s’établira à 25 % pour la pomme.
Cette étude précise les enjeux clés pour les producteurs de fruits dans leur nécessaire démarche d’adaptation au changement climatique.
« Le moindre changement climatique a un impact direct sur le rendement des cultures fruitières et donc sur le modèle économique de notre filière », rappelle Françoise Roch, présidente de FNPFruits. « Il est donc stratégique pour nous de mesurer les risques et d’anticiper les dispositifs d’adaptation à mettre en place d’ici 2030. C’est un travail que nous avons pu faire grâce à l’expertise des scientifiques d’AXA Climate qui se sont mobilisés pour relever ce défi à nos côtés ».
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Pour nourrir demain explique que « Le changement climatique a un impact direct sur notre approvisionnement en nourriture. Les fruits et légumes sont les organismes vivants qui réagissent le plus à ces changements de températures. » Les arbres fruitiers vont donc devoir s’adapter à une évolution annoncée rapide et de grande ampleur.
Dans un contexte planétaire où l’atténuation du changement climatique prend du retard, une anticipation des problèmes au verger apparaît essentielle et urgente. Si les impacts sur la phénologie sont encore d’ampleur limitée et ceux pressentis pour le futur encore bien lointains, c’est pourtant maintenant que l’on doit envisager des adaptations d’ordre génétique, cultural et géographique pour espérer maintenir la régularité et la qualité des productions fruitières (1).
(1) Source : Jardins de France
Il est, je pense, inutile de préciser qu’AXA Climate est la branche greenwashing de l’assureur.
Oubli :
… est la branche greenwashing de l’assureur qui a par ailleurs beaucoup à se reprocher dans le financement des énergies fossiles :
https://reclaimfinance.org/site/2022/04/25/assemblee-generale-axa-face-a-ses-contradictions/