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Révolution sur les terrains sportifs : l’innovation française assure la sécurité des chevaux aux JO 2024

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Un sol trop dur ou trop mou peut entrainer des accidents ou blessures pour les chevaux athlètes. Afin de mieux éviter ces risques, des chercheurs de l’École nationale vétérinaire d’Alfort et INRAE ont mis au point un appareil capable de simuler l’appui d’un cheval sur le terrain, et ainsi identifier les éventuelles zones problématiques et de jauger des sols plus sûrs pour les chevaux : une innovation qui a permis d’évaluer les pistes équestres installées à Versailles pour les Jeux olympiques 2024.

Dans un précédent article, nous mettions en avant l’enjeu du bien-être animal à l’occasion des JO de Paris. Il se complète ici avec l’enjeu de sécurité qui est essentiel pour les épreuves d’équitation.
L’unité Biomécanique et pathologie locomotrice du cheval (BPLC) d’INRAE et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, en collaboration avec l’entreprise Normandie Drainage, a participé aux mesures des terrains pour les épreuves équestres des Jeux olympiques de Paris 2024. Au cœur de leur mission : permettre aux chevaux de concourir en toute sécurité.

Les scientifiques ont évalué les carrières, ainsi que le terrain de cross installé dans le parc du château de Versailles. En présence d’un sol trop dur ou trop souple, il y a un risque d’accident pour les chevaux, en particulier lors du cross, qui met les chevaux à l’épreuve sur un terrain naturel et varié. Un terrain devenu trop souple, suite à un excès de pluie par exemple, peut provoquer des glissades dangereuses, tandis qu’un sol trop dur est susceptible d’entrainer des blessures dues à l’impact et à une force de réaction trop élevée. La mesure des terrains est d’autant plus cruciale qu’il n’existe pas de normes réglementaires pour les terrains équestres, alors que les terrains de sports pour les humains, tels que le football ou le rugby, sont, quant à eux, soumis à des normes.

Simuler l’appui d’un cheval sur le terrain

Pour identifier et intervenir sur ces zones à risque, les chercheurs de l’unité BPLC ont développé un appareil innovant, baptisé Equine Track Tester (ET2), capable de simuler l’appui d’un cheval sur le terrain. « Nous nous intéressons à la partie de la foulée la plus susceptible de causer un accident : ce qu’il se passe lorsque le cheval interagit en vertical avec le sol », explique Nathalie Crevier-Denoix, directrice de l’unité.

Contrairement aux appareils traditionnels déjà utilisés, cet appareil, composé de disques en fonte empilés et retenus par une force élastique, ne se contente pas de lâcher les poids dans une chute libre. « L’effet chute libre ne correspond pas à la réalité. Quand le pied du cheval touche le sol, son système musculo-tendineux va s’allonger pour amortir le poids, ce que notre appareil est capable de reproduire », appuie Nathalie Crevier-Denoix. Les résultats fournis traduisent ainsi avec plus de précision ce qu’un cheval ressentirait dans une situation donnée.

Les chercheurs de l’unité s’intéressent particulièrement aux zones entourant les obstacles que les chevaux doivent sauter. Lors d’une épreuve précédant les Jeux olympiques, ils ont par exemple identifié une zone à risque à la réception d’un obstacle – c’est-à-dire lorsque le cheval touche le sol une fois l’obstacle franchi – ce qui a conduit au déplacement de l’obstacle en question.

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« Il avait beaucoup plu, le sol était en excès de souplesse, avec un défaut de portance. Si un cheval s’était réceptionné dans ces conditions, le sol aurait cédé sous ses pieds, ce qui aurait été très dangereux. » En plus d’un changement de tracé ou de déplacement d’obstacles, les mesures peuvent encourager les organisateurs à déposer du sable à des endroits précis d’un terrain, ou à mettre en œuvre des actions de maintenance visant à assouplir ou à drainer la surface.

Breveté depuis 2022, l’ET2 permet d’observer des différences subtiles dans les sols, et de mieux prendre en compte le bien-être animal. En plus des terrains olympiques, les chercheurs de l’unité BPLC ont effectué des mesures dans divers sites tels que Le Lion d’Angers ou Vittel, sur des terrains variés.

L’ET2 lors d’une session de mesures à Vittel

Un outil au service des professionnels

Toutefois, l’enjeu dépasse les grandes compétitions équestres. « Nous sommes ravis d’avoir pu évaluer les terrains olympiques, mais je pense qu’il y a surtout des services à rendre lors des réunions plus grand public, aux petits centres équestres, pour les aider à entretenir des sols confortables malgré les économies d’eau à réaliser, et trouver des solutions économiquement viables, prenant en compte à la fois l’animal et le terrain », souligne Nathalie Crevier-Denoix. L’objectif pour les chercheurs est désormais d’acquérir suffisamment de données, notamment sur les sites jugés problématiques, et mettre ces informations au service des professionnels.

Cet appareil pourrait même offrir des perspectives nouvelles pour d’autres disciplines sportives. En 2023, les scientifiques de BPLC ont été sollicités pour évaluer un terrain de rugby, par une entreprise partenaire spécialiste en contrôle et certification des sols sportifs. « Notre partenaire avait un problème avec ce terrain de rugby, dont se plaignaient les joueurs et l’équipe médicale. Pourtant, ce terrain était presque identique à un autre terrain, construit un an plus tôt, et qui ne posait pas de difficultés ; les appareils de mesure classiques ne permettaient pas d’expliquer la différence de ressenti des joueurs », détaille la directrice de l’unité.

« Nous n’avons pas repris la totalité de la courbe que l’on évalue avec les chevaux, mais uniquement le début, qui correspond bien pour des humains, et à des efforts qui peuvent être rencontrés lors d’une mêlée de rugby », poursuit-elle. Grâce à la profondeur d’exploration du sol permise par l’appareil de BPLC, les scientifiques ont pu mettre en évidence une différence de comportement mécanique, expliquant pourquoi les joueurs percevaient le sol comme étant plus dur. En cause, une différence subtile de composition et d’épaisseur d’une des couches du sol (la couche de fondation, sous les 12 premiers cm), non détectée par les autres appareils. Le travail des scientifiques offre ainsi la possibilité de garantir des sols plus sûrs, pour des compétitions plus sereines.

Pour aller plus loin :

  • Exposition « Cheval en majesté » : au coeur des émotions animales
    En résonance avec les épreuves équestres des Jeux de Paris 2024, le château de Versailles présente du 2 juillet au 3 novembre 2024 une grande exposition, la première de cette ampleur, consacrée au cheval et à la civilisation équestre en Europe.

Photo d’en-tête : Le cavalier Alexandre Ayache aux JO 2024 à Versailles

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