Bon an mal an, les agriculteurs français déversent 30 000 tonnes d’herbicides dans leurs cultures. Le plus connu, sans doute à cause de sa mauvaise réputation, est le Roundup de Monsanto. Cette pratique est dénoncée par les associations écologistes et par les agriculteurs bio qui s’en passent depuis longtemps.
Toutefois, pour remplacer les herbicides, il n’y avait jusqu’à présent que deux moyens : le désherbage manuel, long, usant et fastidieux ; et le désherbage mécanique avec des machines attelées derrière des tracteurs qui s’avèrent souvent imprécises. Une solution pourrait être apportée par des robots. C’est ce qu’ont imaginé des jeunes toulousains en fondant leur startup Naïo qui commercialise OZ, le robot magicien qui désherbe tout seul.
L’aventure a commencé en 2011 quand Aymeric Barthes, jeune diplômé de l’Institut méditerranéen d’étude et de recherche en informatique et robotique de Perpignan (Pyrénées-Orientales) crée, avec un de ses camarades de promo, Gaëtan Séverac leur société Naïo Technologies. À force d’essais, de bidouilles et de développement, ils parviennent à maîtriser les technologies principales de leur projet ambitieux : la robotique, le guidage, la vision automatique, l’analyse mathématique des données.
Tout cela combiné avec leur bonne connaissance du monde agricole et de ses besoins donne naissance à OZ, un petit robot de 40 cm de large sur un mètre de long qui se faufile proprement entre les rangées de plants à une vitesse d’un peu plus d’1 km/h, tout seul. Le robot est électrique, il se déplace de manière autonome dans les parcelles grâce à un système de guidage laser et de vision par caméra. Il élimine ainsi, méticuleusement, proprement et sans rechigner toutes les mauvaises herbes. Magique pour les agriculteurs qui souhaitent se lancer dans le bio mais qui hésitent tant la tâche de désherbage est lourde et pénible.
Lancé en 2015 pour un prix unitaire d’environ 20 000 €, le robot OZ a séduit une trentaine d’agriculteurs, des maraîchers pour l’essentiel, exploitant des surfaces de 1 à 10 ha. Mais le marché potentiel s’élève à six mille exploitations en France. Il est estimé à 24 milliards d’euros dans le monde en 2024.
Forts de leurs premiers succès les jeunes créateurs étoffent leur équipe (ils sont une quinzaine aujourd’hui), lèvent des fonds (ils ont obtenu un financement de 3 millions d’euros et lancé une campagne de crowdfunding sur wiseed) ; ils s’apprêtent ainsi au lancement d’autres robots. L’un est un robot bineur destiné aux grandes cultures légumières de plus de dix hectares ; l’autre, développé en partenariat avec l’IFV (Institut Français de la Vigne) et le CNRS, est un robot enjambeur, capable de désherber 5 ha par jour en vigne. Il sortira courant 2016.
Avec ces robots, les agriculteurs n’auront plus d’excuse. Ils pourront abandonner les produits chimiques qui leur font gagner du temps mais ruinent leur sol en particulier, notre santé et la planète en général. Plus d’excuse pour ne plus passer au bio. D’autant que si une dynamique vers le bio est à souligner, les conversions vers une agriculture verte sont encore modestes. Les chiffres publiés le 25 février par l’Agence Bio sont, à cet égard, éloquents : les surfaces engagées en agriculture biologique ont progressé de 17 % en un an, pour atteindre 1,3 million d’hectares fin 2015. Sur cette seule année, 220 000 hectares sont passés en conversion. Mais cette performance ne représente encore que 4,9 % du territoire agricole en France. Le nombre de producteurs ayant aboli pesticides et engrais chimiques dans leur exploitation a progressé de 8,5 % : ils sont désormais 28 725. Là encore, cela ne représente que 6,5 % des fermes françaises.
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