Mobilité, réactivité, adaptabilité, … sont désormais des maîtres-mots dans notre vie quotidienne en constante mutation. Alors comment faire suivre notre habitat ? Les habitats légers, mobiles et éphémères offrent un mode de vie alternatif à des résidents aux statuts sociaux et culturels les plus divers. Qu’ils soient futuristes, flottants, ou plus traditionnels, ils ont le vent en poupe !
Photo : maison Anthénéa ©Ecocapsule.sk
Bulle flottante au gré de l’eau, cet habitat mobile et énergiquement autonome a été créé par l’architecte Jean-Michel Ducancelle. Depuis 25 ans, il s’interroge sur l’homme et son rapport à l’habitation sur Terre. Sa dernière création est une structure flottante modulable, respectueuse des écosystèmes, insubmersible, résistant aux températures extrêmes, de -30 à 40° et ouverte sur le ciel et la mer à 360°… Très autonome énergiquement parlant avec ses cinq panneaux solaires orientés plein sud, son moteur électrique de propulsion à batteries indépendantes, son éclairage LED basse consommation à intensité variable, ses prises USB intégrées, son groupe électrogène embarqué et son indicateur de contrôle de l’énergie restante, elle peut être équipée d’une pile à combustible à hydrogène et d’une centrale de traitement des eaux usées.
Pour les amoureux de l’habitat de luxe …
Des architectes slovaques ont imaginé l’habitat du futur et ont réussi le projet ambitieux de créer une maison mobile autosuffisante en énergie au design futuriste : Ecocapsule, une maison mobile 100% autonome en énergie et entièrement fonctionnelle. Un premier prototype a été présenté en mai 2015 à Vienne lors du Pioneers Festival.
Ecocapsule est une petite habitation ovale de 11m2 pouvant accueillir jusqu’à deux personnes. Elle dispose d’une kitchenette, d’une douche, d’un sanitaire, de plusieurs espaces de rangements ainsi que d’un espace de travail modulable en coin repas. Deux fenêtres permettent d’optimiser l’éclairage naturel. Ses petites dimensions (4,5m de longueur, 2,4m de largeur et 2,5m de hauteur) ont été pensées de telle sorte à ce qu’elle puisse être facilement tractée par une voiture ou bien transportée dans un conteneur.
Ce studio futuriste fonctionne grâce aux énergies renouvelables et est capable de s’affranchir du réseau électrique et du réseau de distribution d’eau potable. En effet, il est équipé de panneaux solaires (600 Watts), d’une surface de 2,5m2, installés sur le toit, mais également d’une éolienne puissante et silencieuse de 750 Watts et d’un système de récupération et de filtrage de l’eau de pluie et de la rosée. Lorsque l’ensoleillement et le vent sont faibles, une batterie de 10 kWh garantit une puissance suffisante pour faire fonctionner l’Ecocapsule. Ecocapsule peut subvenir aux besoins de ses occupants pendant un an partout dans le monde, à condition d’un taux d’ensoleillement minimum.
Habitation touristique, relais humanitaire dans des espaces sinistrés par des catastrophes naturelles, station de recherche indépendante… le champ d’application de cet habitat moderniste semble presque infini. Le développement du dernier prototype est actuellement en cours et le lancement en production des premières unités est prévu d’ici la fin d’année 2017.
(Source : Designboom – Philip Stevens, 18/06/2017 (EN))
Le concept Inno’Kub créé par un menuisier-ébéniste passionné a pour objectif de s’adapter à nos modes de vies, à chaque parcours de vie, et faire évoluer notre vision de l’habitat. Plus de 20 ans d’expérience au service de l’habitat depuis sa fondation en juillet 1994 à Orlu (09) dans le garage familial de 24M² ont conduit Pascal Falco à l’idée d’adapter un savoir-faire reconnu et plébiscité à un système d’habitation modulable et transportable que l’on peut implanter dans tous les environnements et faire évoluer au gré de son budget, de ses besoins, de ses envies et des événements de la vie. Ce ne sont plus les personnes qui changent d’habitat. Désormais leur espace de vie ou de travail les accompagne dans leur mobilité géographique en fonction de leurs besoins ou de leurs choix, les exonérant ainsi des éternelles problématiques d’hébergement. Une nouvelle façon donc de concevoir l’Habitat qui s’inscrit dans l’air du temps en alliant performances bioclimatiques, esthétique et adaptabilité.
La société de Pascal Falco, Falco Constructions Bois, a voulu concevoir des modules tellement adaptables que l’on peut aussi bien les dédier à un usage privé que professionnel. Ils peuvent indifféremment héberger une famille, un étudiant, un sénior, une personne à mobilité réduite ou en perte d’autonomie, une location, des chambres d’hôtes, une Start Up ou toute une Entreprise.
Des modules qui se présentent sous forme rectangulaire de diverses dimensions, d’aspect contemporain et délibérément épuré pour s’intégrer dans tous les univers. On peut les assembler entre eux pour créer en un temps record, de nouveaux espaces de vie ou de travail.
Leur implantation se fait sur des surfaces accessibles en camion semi-remorque, sur une dalle ou des plots en béton ou bien encore sur des « vis fondation » métalliques d’une extrême stabilité qui ont l’avantage de ne pas dégrader le terrain d’implantation, dans la perspective d’un déménagement vers un autre lieu d’installation.
Leur campagne de financement participatif ayant atteint son objectif, Innno’Kub sera présent sur le salon Epoqu’auto de Lyon en novembre.
Vivre en roulotte est un acte autonome. Vivre autrement, en marge de la pensée commune et des appartements aux normes, pour les uns c’est une utopie, pour les autres une philosophie de vie. Les habitats légers offrent un mode de vie alternatif à la maison individuelle, à la carence de logement social et à l’inadaptation de l’habitat d’urgence, dans un contexte prégnant de crises économique, sociale et écologique. Il existe de nombreuses dynamiques d’auto et d’éco-construction privilégiant l’autonomie globale d’individus-acteurs, participant largement d’une relocalisation d’activités pluriculturelles dans certains territoires en déprise.
Selon la revue Techniques et Cultures, quatre traits caractérisent ces modes « d’habités » : une approche économique – il s’agit d’habitats économes, adaptés aux besoins et aux ressources ; une orientation écologique – ces habitats sont réversibles ; des dynamiques sociales et culturelles – il s’agit de vivre en lien, de définir un projet commun, une charte, un plan d’ensemble ; et enfin, une visée de cogestion et d’autonomie, à travers des pratiques d’échanges et de mutualisation des savoirs.
L’habitat mobile et modulable n’est pas une nouveauté, comme l’explique parfaitement François Bellanger dans Transit-City. Ces deux notions furent même fort présentes au cours des années 20 en France. A cette époque, le constructeur automobile Gabriel Voisin publiait des « réclames » proposant des maisons transportables, livrées par camions, prêtes à être habitées trois jours après la commande. Mais en Europe ce type de maison n’a jamais connu un grand succès, contrairement aux Etats-Unis où certains villages étaient, et sont encore, uniquement constitués de mobile homes, plus ou moins sédentarisés.
Il faudra attendre les années 60, et la créativité du groupe anglais futuriste Archigram pour que renaisse l’intérêt pour ce type d’habitat modulable et nomade. Les notions de « Plug-in city », de « Walking-city » et d' »Instant-city » tentaient d’inciter les professionnels de la ville à réfléchir autrement sur les nouveaux territoires urbains. Perçus comme des projets relevant plus de la science-fiction que de l’urbanisme, aucun ne sera mis en œuvre, ne serait-ce que sous forme expérimentale et provisoire.
Et c’est au Japon qu’apparaîtront les premières réalisations d’habitat modulable, sous l’impulsion des Métabolistes. Un groupe d’architectes qui prônait une vision évolutive des immeubles autour d’une structure fixe (avec toutes les servitudes techniques : eau, électricité, communication…) à laquelle venaient se coller des « capsules » d’habitat pouvant être changées au gré des besoins. La première mise en œuvre de cette vision fut l’installation du pavillon Kara dans le cadre de l’Exposition universelle d’Osaka (1969-70), suivie en 1972 de la construction à Tokyo, dans le quartier de Gina, de la tour-capsule Nakagin conçue par Kisho Kurokawa.
De nouveau, l’habitat modulable disparaissait… avant de faire un vrai retour en force ces dernières années. Lors de l’édition 2002 d’Archilab, le cabinet américain Jones, Partners Architecture, proposait ainsi son système de « Pro/Con package Home » fondé sur des containers sponsorisés pouvant être commandés selon les besoins des ménages. De son côté, l’agence américaine LOT/EK Architecture revisitait le mythe du container tout équipé pouvant se brancher sur des structures fixes avec son « Mobile Dwelling Unitle ». En France, c’est l’artiste plasticien Alain Bublex qui s’est emparé des concepts d' »Instant City » et de « Plug-in City » pour porter un nouveau regard sur la ville et ses changements. Une réflexion née, entre autres, de l’observation des chantiers à travers desquels il entrevoit, avec leurs assemblages de bungalows, une application réelle, bien que timide, du projet de ville modulaire imaginée par Archigram il y a quarante ans. «
Le dialogue mobilité et habitat se poursuit donc et on ne peut qu’attendre avec gourmandise l’apparition de nouveaux concepts capables de nous inciter à réfléchir toujours autrement à nos nouveaux territoires urbains et à nos nouvelles façons d’habiter nos maisons, …
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