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Accord UE-Mercosur : Ursula von der Leyen finalise l’accord malgré le tollé général d’une Europe divisée

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Ce vendredi 6 décembre marque une journée controversée dans l’histoire du commerce européen : Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé la conclusion des négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Cet accord, présenté comme un « échange viande contre voitures », suscite une vive opposition. Associations, syndicats, et collectifs dénoncent un texte qu’ils qualifient de « tragique pour le monde agricole, l’alimentation, les emplois et la planète ».

Alors qu’Emmanuel Macron avait promis de défendre les intérêts environnementaux et agricoles, l’absence d’actions concrètes pour bloquer cet accord lors de ses quatre années de mandat à Bruxelles est pointée du doigt. Pourtant, rien n’est encore joué : ce traité doit encore passer plusieurs étapes, notamment son approbation par le Parlement européen et les États membres. Les opposants assurent qu’ils utiliseront tous les moyens pour le faire échouer.

Une indignation unanime des organisations de la société civile

Les critiques à l’encontre de l’accord viennent de toutes parts, soulignant à la fois ses impacts environnementaux, sociaux et économiques. Maxime Combes, économiste et membre du collectif Stop-Mercosur, prévient que cet accord risque d’ouvrir une crise politique majeure au sein de l’UE :  » En refusant de tenir compte des oppositions, critiques et réserves exprimées, elle [Von der Leyen] prend le risque d’ouvrir une crise politique majeure au sein de l’UE. Renforcer les liens culturels, politiques, géopolitiques et mêmes économiques entre l’UE et les pays du Mercosur exige non pas la libéralisation des marchés transatlantiques de biens et services, mais une lutte conjointe déterminée et solidaire contre le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, la déforestation et pour la reconversion écologique et sociale des filières les plus nocives et la souveraineté alimentaire garantissant activité et rémunération aux paysannes et paysans des deux côtés de l’Atlantique« .

Tandis que Laurence Marandola de la Confédération paysanne le qualifie de « coup de poignard pour les agriculteurs et les agricultrices français, européens et d’Amérique du Sud en tirant les prix vers le bas. Comme notre mobilisation à la Bourse européenne de commerce le pointait du doigt hier au Grand Palais à Paris, ce sont les multinationales de la finance et l’agrobusiness qui profitent de la dérégulation des marchés. Il est urgent de fonder un commerce international équitable qui protège le revenu paysan, ici et ailleurs, la santé des populations, la planète et permette une alimentation de qualité pour toutes et tous. Nous nous opposerons de toutes nos forces à cet accord UE-Mercosur et à tous ces autres accords qui alimentent cette course au moins-disant social et environnemental ».

D’un point de vue environnemental, Eric Moranval, représentant Greenpeace, alerte sur les dangers de cet accord qu’il qualifie de « bombe environnementale ». Il pointe l’absence de clauses suffisantes pour contrer la déforestation en Amazonie, un fléau aggravé par les pratiques agro-industrielles intensives que cet accord pourrait encourager.

Karine Jacquemart, de Foodwatch, s’indigne : « Cet accord reflète une course folle à la libéralisation des marchés, au détriment des droits humains et de la planète. » « Des impacts qui vont bien au-delà de la question du commerce. Et tout ça pour quoi, pour qui ? Pour pouvoir exporter plus de voitures et de pesticides interdits d’usage en Europe et qui reviennent en boomerang dans les produits alimentaires qu’on va importer. C’est totalement fou.« 

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Arnaud Schwartz, de France Nature Environnement, va plus loin en affirmant que ce texte met en lumière l’incapacité des dirigeants à prioriser la coopération pour résoudre la triple crise environnementale, climatique et de biodiversité : « Cet accord, que nous pouvons encore stopper, démontre une nouvelle fois l’incapacité de la plupart des dirigeants politiques de sérieusement tenir compte des limites planétaires et de la nécessité de redonner la priorité à la coopération plutôt qu’à la compétition pour faire face aux inégalités rongeant nos sociétés et à la triple crise-pollution, climat, biodiversité qui nous menace l’existence de notre espèce et de tant d’autres. »

Une lutte contre un modèle dépassé

Pour de nombreux observateurs, l’accord UE-Mercosur est le symbole d’un modèle économique néolibéral à bout de souffle. Nicolas Roux, d’Attac, insiste sur la nécessité de « repenser la mondialisation dans un esprit de justice et de solidarité. Cet accord est un énième épisode d’une mondialisation néolibérale qui a échoué et démontré son incapacité à garantir le respect des droits humains, la protection de l’environnement et la démocratie. Il doit donc être rejeté. Mais le rejet seul ne suffit pas. Il est temps de repenser la mondialisation. Le monde ne se divise pas en gagnants et perdants du commerce. Il se construit dans la justice, la dignité et la solidarité ». 

Ce point est également repris par Nabil Berbour d’Ekō, qui met en garde contre l’impact global de la déforestation en Amazonie, une « crise mondiale exacerbée par cet accord néocolonial » : « La déforestation en Amazonie n’est pas seulement une tragédie locale, c’est une crise globale qui menace l’équilibre climatique et la biodiversité mondiale. L’Europe porte une responsabilité immense : refuser des accords commerciaux néocoloniaux et néolibéraux qui exacerbent cette destruction. En signant cet accord ‘viande contre voitures’, la Commission européenne envoie un signal alarmant : les profits des multinationales priment sur les droits des peuples autochtones, les droits humains et sociaux, et la préservation de notre planète. En imposant cet accord, elle alimente les forces d’extrême droite qui prospèrent sur les désastres économiques et sociaux engendrés par un modèle néolibéral dépassé, fondé sur le profit à tout prix. Nous ne resterons pas spectateurs face à cette dérive antidémocratique et destructrice : nous continuerons à nous battre pour stopper cet accord et protéger les générations futures. »

Une bataille loin d’être terminée

Malgré la conclusion des négociations, les opposants ne baissent pas les bras. Ils promettent de continuer à mobiliser citoyens et organisations des deux côtés de l’Atlantique. Selon eux, cet accord incarne tout ce qu’il faut éviter à l’heure d’une crise écologique et sociale sans précédent. Les semaines à venir seront décisives, avec une mobilisation massive attendue pour empêcher sa ratification.

Comme l’a résumé Chloé Rousset d’ActionAid France : « C’est un déni de démocratie criant. Critiqué depuis plus de 20 ans, alors que les agriculteurs en France et en Europe poursuivent leurs mobilisations pour dénoncer l’injustice de ce traité, la Commission Européenne se permet de l’adopter. Les effets délétères de cet accord de commerce néo-colonial ont pourtant été amplement documentés ! À l’heure où il est fondamental d’adopter des politiques internationales en faveur de la souveraineté alimentaire, de la solidarité internationale et de la justice climatique, la Commission Européenne continue de foncer droit dans le mur. Pour autant, la lutte contre ce traité ne s’arrête pas là.« 

Photo d’en-tête : Manifestation contre l’accord UE-Mercosur à Agen, le 15 novembre 2024. © Maxppp – La dépêche du Midi

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