Tesla : La fin du mythe boursier ? - UP' Magazine

Regardez le monde
avec les yeux ouverts

Inscrit ou abonné ?
CONNEXION

UP', média libre
grâce à ses lecteurs
Je rejoins

rejoignez gratuitement le cercle des lecteurs de UP’

Tesla : La fin du mythe boursier ?

Tribune libre

Commencez

Tesla plonge à Wall street ce lundi 10 mars 2025. Comme l’explique Libération, »Le plongeon du titre s’inscrit dans une tendance plus large de baisse des cours à Wall Street, notamment des valeurs technologiques, face aux craintes sur l’état de l’économie américaine. Les « Sept Magnifiques », le surnom donné aux grands noms du secteur technologique à Wall Street dont Tesla fait partie, chutaient également : Alphabet (-4,22 %), Amazon (-2,45 %), Meta (-4,90 %), Apple (-5,27 %), Microsoft (-3,22 %), Nvidia (-4,7 %). Mais Tesla est aussi sanctionnée pour ses ventes en berne sur plusieurs de ses marchés. »(1) Analyse du Président de la société Exoé, spécialisée en gestion d’actifs.

__________________________________________

Tesla a longtemps incarné le rêve absolu de l’investisseur : une entreprise visionnaire, un leader charismatique et une ascension fulgurante en Bourse. Mais aujourd’hui, la réalité semble avoir rattrapé le constructeur de véhicules électriques. L’action a perdu plus de 15 % en une seule journée, clôturant à 222,15 dollars, son plus bas niveau depuis octobre dernier. Depuis le début de l’année, le titre a perdu plus de 30 % de sa valeur, et depuis son pic de novembre 2021, la chute atteint près de 60 %. Tesla n’est plus la valeur refuge qu’elle était.

Tesla face à la tempête

Plusieurs facteurs expliquent cette chute brutale. D’abord, le marché des véhicules électriques est entré dans une phase de maturité, où la concurrence est féroce. En Chine, principal moteur de croissance de Tesla, les fabricants locaux comme BYD ont pris une avance considérable. En 2023, BYD a vendu plus de 3 millions de véhicules électriques, contre 1,8 million pour Tesla. En Europe, les immatriculations de Tesla ont chuté de 50 % en janvier 2025, alors que le marché global des véhicules électriques progressait de 34 % sur la même période. Aux États-Unis, la hausse des taux d’intérêt complique l’accès au crédit automobile, ralentissant les ventes.

Ensuite, le management de Tesla inquiète. Elon Musk, dont le leadership a longtemps été un atout, semble aujourd’hui divisé entre ses multiples projets : Twitter (rebaptisé X), SpaceX, Neuralink, Starlink… Les investisseurs s’interrogent : Tesla est-elle encore la priorité du milliardaire ? Sa personnalité très particulière et ses prises de position politiques controversées, notamment son soutien affiché à des partis d’extrême droite en Europe et aux États-Unis, ternissent l’image de l’entreprise et font fuir certains investisseurs institutionnels. En parallèle, de nombreux analystes s’inquiètent de la baisse des marges de Tesla, qui sont passées de 17 % en 2022 à seulement 12 % en 2024, un signal préoccupant pour un constructeur automobile qui s’est toujours positionné comme un acteur premium.

Une valorisation à repenser

L’autre point de crispation, c’est la valorisation de l’entreprise. Tesla s’est toujours échangé à des niveaux stratosphériques par rapport aux autres constructeurs automobiles. Même après la correction actuelle, son ratio cours/bénéfice reste supérieur à 50, contre environ 6 pour General Motors ou Ford. À ces niveaux, Tesla est toujours évaluée comme une entreprise technologique plutôt que comme un constructeur automobile classique, mais le marché commence à remettre en question cette distinction.

Pourquoi ne pas profiter d’une lecture illimitée de UP’ ? Abonnez-vous à partir de 1.90 € par semaine.

Faut-il pour autant enterrer Tesla ? Certainement pas. La marque conserve un avantage technologique et une capacité d’innovation indéniable. Avec plus de 5 000 super-chargeurs déployés à travers le monde et des investissements massifs dans le développement de véhicules autonomes et d’intelligence artificielle, Tesla reste un acteur clé du secteur automobile. Mais l’heure est à la remise en question. Pour rassurer les marchés, Tesla devra prouver qu’elle peut croître sans dépendre du charisme de son fondateur et trouver un équilibre entre ambition et réalisme.

Une chose est sûre : l’époque où Tesla était une action intouchable semble bel et bien révolue.

Fidel Martin, Président d’Exoé

(1) Article Libération du 10 mars 2025

Photo d’en-tête :  Voiture Tesla avec l’inscription « Je l’ai achetée avant qu’Elon ne devienne fou ».

S’abonner
Notifier de


0 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
Article précédent

Mettre le vivant au cœur des choix économiques

Prochain article

L’Europe face aux défis de l’innovation et de l’investissement

Derniers articles de ECONOMIE