Séisme est une réflexion sur la relation fragile et destructrice entre les humains et la Terre, et le reflet de notre échec persistant à guérir cette relation. Centré sur les textes saisissants de Ar Guens Jean Mary qui résument les liens tactiles, physiques et sismiques qui nous relient les uns aux autres et au sol sous nos pieds, Séisme nous rappelle, à travers cet opus interactif, que nous ne sommes pas seuls dans cette existence mortelle. Création mondiale.
L’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie présente, en février 2024, Séisme, une œuvre musicale inédite, immersive et interactive, sur la relation entre les hommes et la Terre. Imaginé par le trio international d’artistes accueillis en résidence pour la deuxième saison – Alex Ho (compositeur), Franciska Éry (metteuse en scène) et Ar Guens Jean Mary (auteur, poète) – Séisme invite les spectateurs à plonger dans un environnement sonore et visuel immersif, combinant de façon innovante la musique pré-enregistrée par les artistes du Chœur et de l’Orchestre de Montpellier et Opéra Junior, des textes poétiques, du mapping vidéo, un sol interactif, un dispositif de spatialisation du son, des gilets vibrants Subpac et de l’Intelligence Artificielle.
Au travers de cette pièce participative, le public est invité à faire l’expérience d’un séisme musical et humain et prendre conscience de l’interdépendance de nos gestes et actions avec le sort de notre maison, la Terre.
Vivre un séisme pour se reconnecter à la Terre
Séisme est le résultat de deux ans de travail et d’un processus créatif inhabituel pour l’univers de l’opéra : ici livret, composition musicale et choix de mise en scène se sont développés et ont pris forme en même temps, sans que l’un précède l’autre. Inspiré par son vécu, le poète haïtien Ar Guens Jean Mary explore dans son écriture l’impact des tremblements de terre sur les communautés et comment les humains peuvent mieux traiter la planète. La metteuse en scène hongroise Franciska Ery dissèque un tremblement de terre dans ses différentes étapes de formation et l’utilise comme structure pour créer une nouvelle expérience d’opéra interactive. Le compositeur anglo-chinois Alex Ho crée une partition en 11 mouvements pour orchestre et chœur qui traduit en musique les différentes émotions exprimées par les textes poétiques de Jean Mary. Avec l’emploi des gilets vibrants Subpac et des microphones de contact évoquant les tremblements de la terre, le public peut non seulement entendre, mais aussi ressentir ces vibrations dans son corps. Plus qu’un simple spectacle, Séisme est une véritable expérience sensorielle d’immersion au cœur de l’opéra. Le projet souhaite sensibiliser les spectateurs à leur impact sur la planète et souligne l’idée que chacun contribue à l’histoire commune, par le simple fait d’exister.
Une expérience sensorielle immersive et intime
Au cours de cette expérience, les spectateurs sont invités à monter sur la scène de l’Opéra Comédie, transformée pour l’occasion en un espace intimiste, pouvant accueillir 30 à 40 personnes en même temps. Ils se retrouvent dans une grande boîte sans plafond, délimitée par des écrans de 10 mètres de long sur 6 mètres de haut, illuminés et animés par du mapping vidéo conçu par Kati Katona. Le livret poétique de Jean Mary est projeté (en français et anglais) sur les murs, mais aussi déclamé. Grâce à un environnement sonore immersif, composé d’une vingtaine de haut-parleurs, imaginé par Julien Guillamat, la musique pré-enregistrée par les musiciens et artistes du chœur de l’Opéra Orchestre et les textes fusionnent et peuvent être entendus dans toute l’installation. Le sol est entièrement recouvert de liège brûlé, un matériau recyclé et écologique, dont l’odeur embaume l’espace. Le public est invité à vivre l’expérience en mouvement, debout ou allongé, avec ou sans chaussures (chaussons fournis), ce qui ajoute une dimension tactile à l’expérimentation. Chaque personne est équipée d’un gilet Subpac qui vibre en synchronisation avec les sons ambiants et amplifie le ressenti global.
Une œuvre interactive façonnée par le public
Séisme est un opus interactif qui ne pourrait pas exister sans le public. Visuels et nappes sonores sont directement influencés par les mouvements des spectateurs sur scène, ce qui fait de chaque séance une expérience différente et unique. Diverses méthodes de numérisation permettent au public de créer des textures sonores qui affectent par conséquent la forme de la musique. À des moments précis de la pièce, par exemple, les pas du public sont enregistrés en temps réel par 20 microphones de contacts placés sous le sol de liège et balisés par une plante qui sort de terre. Piétinés ou touchés, ces micros émettent des sons manipulés de manière à créer l’image sonore d’un tremblement de terre. L’effet interactif des pas se fait sentir également sur les gilets vibrants. Les visuels projetés sont synchronisés avec la musique et la lumière et, à certains moments, réagissent aux actions du public.
Refleurir la planète à l’aide de l’Intelligence artificielle
Après un puissant « Monologue de la Terre » récité par Ar Guens Jean Mary, les spectateurs sont conviés, à la fin de la pièce, à répondre à la Terre en lui envoyant leurs messages via les microphones mis à disposition à cet effet. Chaque message est remixé dans un tourbillon de voix qui s’ajoute instantanément aux couches sonores diffusées dans l’espace. Grâce à un logiciel d’Intelligence artificielle mis au point par Epitech, les messages sont également retranscrits à l’écran (quelle que soit la langue utilisée) et font grandir les plantes qui composent un immense jardin numérique. Les artistes ont souhaité clôturer cette expérience émotionnellement intense, voire bouleversante, sur une note positive et une métaphore d’espoir : la possibilité pour chacun d’agir pour la planète.
L’équipe
L’équipe créative pluridisciplinaire de Séisme réunit la réalisatrice hongroise Franciska Ery, le poète haïtien Ar Guens Jean Mary, et le compositeur sino-britannique Alex Ho, aidés par des experts de la tech dans la réalisation d’un « séisme musical humain ». Ho, Éry et Jean Mary se sont rencontrés en 2020 à Montpellier dans le cadre d’un atelier international visant à réunir de jeunes artistes émergents de diverses disciplines, afin de créer une œuvre musicale scénique. La rencontre de leurs talents conjugués avait abouti en 2022 à la pièce immersive Étape par étape, invitant le public sur scène à une sieste poétique chuchotée par les musiciens interprètes. Convaincu que l’opéra est interdisciplinaire par nature, l’Opéra Orchestre est fier de réunir à nouveau cette équipe jeune et ambitieuse pour créer une nouvelle œuvre
Artistes en résidence
Franciska Éry, concept et mise en scène | En résidence à l’Opéra Orchestre pour la deuxième saison consécutive, Franciska Éry est une directrice de théâtre et d’opéra hongroise basée à Londres et Budapest. Dans son travail, elle remet souvent en question l’identité et l’appartenance nationales, le concept de foyer et travaille fréquemment avec des voix identificatoires féminines. Elle aime expérimenter la synchronisation labiale, le doublage en direct, les surtitres et le texte projeté, et ses productions contiennent souvent des placements d’audience uniques.
Récemment, elle a été l’une des directrices du Jette Parker Young Artist Program au Royal Opera House, où elle a été encadrée par Katie Mitchell. Sa production de La Nonne Sanglante de Gounod a remporté le prix OffWestend de la meilleure production d’opéra à Londres. Ses mises en scène récentes : Textúra (Galerie nationale hongroise), A Moment to Land (tournée européenne soutenue par Creative Europe), Hamlet (Théâtre national Csokonai, nomination des moments forts de la Hongrie), La Dame de Monte-Carlo (Opéra Royal), Scènes d’opéra (Académie Royale de Musique), et pour l’Opéra de Montpellier Étape par Étape (2022) et le Gala lyrique (2023).
Alex Ho, musique| Lauréat du prix britannique Critics’ Circle Young Artist Award 2021, Alex Ho est un compositeur anglo-chinois basé à Londres dont la musique et les œuvres scéniques ont été décrites par The Guardian comme « menaçantes et poétiques ». Alex est artiste en résidence à l’Opéra Orchestre national de Montpellier et compositeur associé à l’Oxford International Song Festival.
Sa pièce de théâtre musical, Untold, co-créée avec la chorégraphe Julia Cheng a été créée au Concertgebouw de Bruges et à l’O. Festival de Rotterdam au printemps 2023 et a remporté le Prix d’opéra FEDORA 2023. Alex est soutenu par le Programme de résidence Balancing the Score du Glyndebourne Opera. Il a conçu et interprété des pièces par le London Symphony Orchestra, le Shanghai Philharmonic Orchestra, le London Philharmonic Orchestra, Manchester Camerata, BBC Radio 3, Royal Opera House, Het Concertgebouw, National Opera Studio, Music Theatre Wales, London Sinfonietta, Riot Ensemble, Roderick. Williams, VOCES8 et National Youth Choirs of Great Britain. Ses œuvres ont été présentées dans des salles et des festivals au Royaume-Uni, en Autriche, en Belgique, en France, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Canada, aux États-Unis et en Chine.
Alex est co-directeur de Tangram, un collectif de compositeurs et interprètes d’instruments chinois et occidentaux qui sont artistes associés au LSO St Luke’s. Alex est diplômé des universités d’Oxford et de Cambridge et termine un doctorat au Royal College of Music grâce à une bourse complète de l’AHRC.
Ar Guens Jean Mary, livret | Membre de la revue DÉBRIDÉ et responsable littéraire du Centre Culturel Maurice Cadet, Ar Guens Jean Mary est poète-performeur. Il a une formation en Sciences de l’éducation à l’Université Publique du Sud-est à Jacmel dans le domaine de la littérature francophone et de la philosophie. Il est l’auteur de quatre livres de poésie : Wòch se premye pwen m voye deja (LEGS Édition, 2023) qui a reçu le prix international de l’invention poétique et de la traduction en langue(s) créole(s) au Festival Mai. Poésie à la Martinique, La bouche du poète n’est pas un anus ordinaire, suivi de En plein coeur du Je (Éditions Floraison, 2021), À la poésie blessée par balles (Éditions du Pont de l’Europe, 2019) et Le Nil noir de la vallée blanche (Éditions À Toi, 2017).
Pour ses œuvres singulières qui traitent l’humaine fragilité, il a été sélectionné au programme TRANSCULTURA de l’UNESCO afin de représenter Haïti au 40e Marché de la Poésie à Paris, en juin 2023, parmi les voix émergentes de la littérature caraïbeenne. Ar Guens a aussi contribué à plusieurs magazines et revues artistiques internationaux (Recours au poème, Do-kre-I-S, Pro/pr(o)se magazine, Le Coquelicot, L’Éclectique) et à l’anthologie Rimbaud et moi, parue aux Éditions du Pont de l’Europe. Il est 2e récipiendaire du Prix Normandie au concours international de Chansons sans Frontières. Ancien boursier du programme de résidence de Quatre Chemins, il a travaillé sur des contes populaires dans leurs rapports éthiques avec le social et l’imaginaire haïtien.
Artistes invités
Kati Katona, mapping vidéo | Née en 1995, Kati Katona est une artiste designer multimédia basée à Budapest. Son travail se concentre sur l’animation générative et 3D, les installations interactives et le mapping vidéo.
La plupart des œuvres de Kati sont inspirées des éléments de la nature, des structures biomorphiques, des motifs et des algorithmes. En tant qu’artiste visuelle, elle s’est produite dans des festivals audiovisuels tels que le Live Cinema Festival et le Patchlab Festival. Ses œuvres ont été présentées dans des festivals comme Vivid Sydney, Zsolnay Light Festival, White Night Melbourne, Ghent Light Festival et le Free Fire Guinness Record à Las Vegas. En tant qu’artiste, elle est présente au Musée d’art numérique Cinema Mystica Budapest. Depuis 2016, elle participe à divers projets artistiques à grande échelle et se concentre sur l’expérimentation des dernières technologies.
Mathieu Cabanes, lumières | Ayant débuté la création à quatorze ans, Mathieu Cabanes éclaire les grands classiques du répertoire d’opérette et d’opéra : Carmen, Le Barbier de Séville, La Route Fleurie, Un de la Canebière, La Belle Hélène, Les Pêcheurs de Perles, Le Chanteur de Mexico… En 2017 il sort diplômé du DMA de Lyon en partenariat avec l’ENSATT. Il prend part à des projets tel que la Fête des Lumières de Lyon, Jazz à Vienne, les Nuits Sonores… Sa passion profonde pour le lyrique, l’amène à travailler régulièrement dans différentes scènes nationales françaises. Il éclaire le ballet La Belle au Bois Dormant à l’Opéra National de Lyon, du chorégraphe Marcos Mauro. Il prend part à plusieurs projets pour l’Opéra national de Montpellier, tels que Don Pasquale mis en scène par Valentin Schwarz, Le XV de chœur, Les aventures du roi Pausole et Climat mis en scène par Damien Robert, Étape par Étape, Le Fantôme de l’opéra et La révolte des trois grâces ; il met également en lumière des concerts symphoniques de l’Orchestre national de Montpellier. Travaillant régulièrement dans les salles parisiennes, il s’associe au metteur en scène Benoit Bénichou pour la création de l’Opéra Baroque Croesus au théâtre de l’Athénée. Il poursuit avec ce metteur en scène à l’Opéra de Nice avec une création immersive de La Veuve Joyeuse et Orphée aux enfers. Mathieu Cabanes a travaillé à travers le monde sur des productions du metteur en scène américain Bob Wilson telles que Jungle Book, Ila Galigo, Oedipus, I was sitting on my Patio et en 2023 à l’Opéra de Paris pour les Lumières de Turandot.
On lui a confié l’adaptation du spectacle Room with a view du Ballet National de Marseille, créé par le collectif la Horde. Il poursuit avec eux et réalise les lumières de leur exposition Danser l’Image au centre National du costume de scène de Moulins. Il collabore étroitement avec Frédéric Fayard Directeur de Concept K pour éclairer l’Aréna de Tokyo et le Stade Olympique de Rome lors de rassemblements sportifs. Associé au collectif d’artistes Lab212, il met en lumière l’exposition Passifolia pour la Maison Hermès à Paris et le projet Novae exposé au MISK Art Institute à Riyad, en Arabie Saoudite et au Times Art Museum de Beijing.
Engagé également dans les Arts plastiques, il collabore avec le plasticien Gabriel Desplanque. Il accorde une réelle sensibilité au travail de la vidéo. Il est présent comme directeur de la photographie sur différentes captations artistiques tel que Les fêlures du mal, et Il primo omicidio dirigé par Philippe Jaroussky.
Julien Guillamat, design sonore | C’est après des études musicales classiques (violoncelle) au conservatoire de Montauban puis Montpellier et un Master en musicologie à l’université Paul Valéry que Julien Guillamat découvre la composition à l’Université de Birmingham, où il obtient un doctorat philosophique en composition électroacoustique.
Après trois ans de résidence en composition à l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie, il obtient le prix de composition du Summer Festival of Music et est finaliste du concours international de composition Métamorphoses 2010. Il compose principalement des musiques influencées par la tradition musicale française. Le grain, le timbre et la couleur du son forment les fondations de son œuvre. Julien a notamment travaillé avec Asko|Schönberg, Nathalie Stutzmann, Cyrille Tricoire De Haro, l’ensemble Orfeo 55, le Welsh National Opera, le Birmingham Contemporary Music Group, SOUNDkitchen, l’OONM, et le REPertory Theatre. En 2010, Julien obtient un 1er prix au concours d’interprétation L’Espace du Son à Bruxelles.
Il a participé à de nombreuses manifestations internationales tels que BEAST (Birmingham), Sound Around (Copenhague), Inventionen (Berlin), NIME 2011 (Oslo), Laptop Meet Musician (Venise), Red Sonic (Londres), L’Espace du Son (Bruxelles), Radical dB (Saragosse), Komposition und Musikwissenschaft im Dialog (Cologne), etc.
En 2012 il fonde l’orchestre de haut-parleurs KLANG ! acousmonium qui donne naissance en 2014 au festival électroacoustique du même nom, dont il devient directeur artistique. Julien reçoit régulièrement des commandes de grandes institutions publiques et privées (Circles of Influence, éducation nationale, Wellcome Trust, LVMH, Barber Institute of Fine Art, OONM etc.). Il est membre de SOUNDkitchen UK, l’ensemble Déviation(s) et fondateur d’ELEM et Europa Meta Orchestra.
Un projet innovant et accessible
- Aux publics empêchés : De par sa dimension multisensorielle sollicitant l’ouïe, l’odorat, le toucher et la vue, Séisme est une expérience accessible aux publics aveugles et malvoyants, ainsi qu’aux personnes sourdes et malentendantes.
- À distance : Au-delà de l’expérience physique vécue par les spectateurs à l’Opéra Comédie, le projet Séisme sera accessible en ligne. Les publics éloignés ou ne pouvant pas faire le déplacement à Montpellier, pourront se rendre sur une page internet dédiée pour écouter des extraits sonores de la pièce, consulter le livret, lire et laisser des messages à la Terre en contribuant à la floraison du jardin virtuel.
Opéra immersif et interactif « Séisme », les 10 et 11 février 2024 à l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie