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Apocalypse 1-14-21 : Au XXIè siècle, Danielle Burgart interprète en peinture l’Apocalypse

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Inspirée par l’iconographie de la tapisserie d’Angers, la peintre Danielle Burgart a travaillé pendant plus de deux ans sur le thème de l’Apocalypse, mettant en évidence les similitudes avec notre époque. Avec un thème récurrent, celui de l’animalité qui est en chacun de nous. Danielle Burgart la traque sans relâche dans des compositions à plusieurs degrés de lecture. Pour l’artiste, la vie est un combat permanent et une quête perpétuelle dans cette peinture exigeante. L’ensemble composé de grandes peintures sera exposé pour la première fois du 9 au 19 mai à L’espace Artistique de l’Anjou.

« Pendant longtemps, la tapisserie de l’Apocalypse n’était pour moi qu’un panneau sur l’autoroute qui mène à Angers. On y voit un ange soufflant dans une trompette. Rien de bien tentant… jusqu’au moment où la découverte de cette gigantesque tenture me provoqua un réel choc esthétique et émotionnel. Au sortir du musée, j’avais décidé « d’en faire quelque chose ». L’appropriation de la tapisserie de l’Apocalypse n’est pas une mince affaire. C’est un projet sur un temps long à mener avec une énergie positive pour éviter de sombrer dans un découragement existentiel. En effet, le texte de Jean nous parle de catastrophes, de destructions, de morts… Ses visions sur « le présent et ce qui doit arriver plus tard » sont douloureuses. C’est le texte d’une révélation qui parle de l’ancien monde arrivé à son terme et de l’imminence d’un monde nouveau.» Les 140 mètres de la tapisserie obligent à faire des choix. Son ossature est narrative, leur cohérence souvent opaque dans un mélange de réalisme, surréalisme, bestiaire fantastique. Toute la tapisserie ne peut pas entrer dans mon monde. Certaines parties sont trop statiques ou trop énigmatiques. Le choix se fait à l’instinct pour trouver le chemin qui relie cette iconographie à mon univers, celui de mes hommes hybridés de têtes d’oiseaux et en extraire les points de rencontre avec notre siècle : époque mouvementée, guerres, épidémies, changement climatique. Nous constatons chaque jour les signes de la fragilité de l’écosystème terrestre et nous savons désormais que l’humanité court le risque de s’autodétruire. Ce n’est plus la tradition religieuse qui parle, mais la science et l’actualité… Alors rêvons à l’imminence de ce monde nouveau où le fleuve de Vie, limpide comme du cristal, baignera le vivant. »

Le fleuve de vie

Apocalypse 1-14-21 – Au XXIè siècle, Danielle Burgart interprète en peinture L’Apocalypse

Inspirée par l’iconographie de la tapisserie d’Angers, l’artiste Danielle Burgart a travaillé pendant plus de deux ans sur l‘Apocalypse. Elle n’aurait jamais imaginé que cette aventure picturale allait prendre ce temps, cette émotion, ce désespoir, cette espérance aussi… Le texte de Jean est celui d’une révélation qui annonce la fin du temps, qui parle de l’ancien monde arrivé à son terme et de l’imminence d’un monde nouveau, dans un re-commencement radical. Une sorte de « reset » où seuls les justes seront admis. Ce récit résonne en nous, dans notre époque qui consume les ressources, qui soumet le vivant. Soyons attentifs… »car le temps est proche » dit le texte.

La chute de Babylone

Les 140 mètres de la tapisserie obligent à faire des choix. Danielle Burgart a appréhendé ce texte du 1er siècle, ces tentures du XIVème siècle, comme des tableaux contemporains du XXIème siècle. « Nous constatons chaque jour les signes de la fragilité de l’écosystème terrestre et nous savons désormais que l’humanité court le risque de s’autodétruire. Ce n’est plus la tradition religieuse qui parle, mais la science et l’actualité… » explique l’artiste.

Un remarquable travail d’appropriation

Saint-Jean

L’appropriation de la tapisserie de l’Apocalypse est un projet sur un temps long à mener avec une énergie positive. En effet, le texte de Jean nous parle de catastrophes, de destructions, de morts… Ses visions sur « le présent et ce qui doit arriver plus tard » sont douloureuses.

« La liberté de représentation, mêlant l’humain et l’animal m’a interpellée. Les thèmes évoqués aussi, par leurs similitudes avec l’actualité : temps de guerres, d’épidémies, de changements climatiques. » explique l’artiste.

« L’humain est mon sujet. Le modèle pose, fige une attitude, pour peu de temps… il y a urgence de saisir l’instant, de ne pas laisser échapper ce sentiment fugace que nous sommes tous pétris d’une même humanité. Le corps de l’individu qui pose devient alors ce corps qui parle, qui parle de nous, de notre condition humaine… Le corps n’est plus juste humain. Il a une tête d’oiseau, de faucon, posée comme par oubli. Par sa présence il devient hybride et m’amène à traiter du rapport à notre animalité, entre réel et imaginaire. A travers ce prisme je construire ma narration. »

L’univers burgartien

Martha Boeglin, Docteure en philosophie, explique le sens du travail de Danielle Burgart.

Réconciliation. Si je devais choisir un terme pour qualifier l’œuvre de Danielle Burgart, ce serait celui-là : réconciliation. Mais avant de parler de la réconciliation, voyons ce qui est en conflit. Les hommes à tête d’oiseau jalonnent l’œuvre de Burgart. Ils attirent le regard, ils interrogent, ils inquiètent, même, parfois – mais ils ne laissent jamais indifférent. En fait, ils sont le lieu où s’affrontent des forces antagonistes et cet affrontement les anime. Chaque entité, en effet, évoque son contexte d’origine : d’un côté des corps humains, virils, massifs, soumis à la loi de la gravité.

Cette pesanteur leur confère une stabilité dans le mouvement ; même dans des positions instables et douloureuses, ils semblent lourds et impassibles, déterminés et calmes. De l’autre côté, des têtes d’oiseaux – plus précisément, des oiseaux de proie. Le propre de l’oiseau est d’échapper à la pesanteur. Et cette juxtaposition corps d’homme- tête d’oiseau crée une tension de par cette pesanteur malmenée, dominante dans le corps, bafouée par la tête. Cette tension est renforcée par le fait qu’un oiseau de proie est doté d’un cou dont la mobilité permet à la tête une rotation de plus de 180° – et cette mobilité, elle aussi, contraste avec la masse de ces corps, qui confine à l’immobilité.

En outre, ces oiseaux ont une acuité visuelle grâce à laquelle ils voient un mouvement à quelques mille mètres ou plus – et d’ailes pour foncer dessus à 100km/h pour les plus lents. Acuité, vélocité, précision qui là aussi sont en opposition avec ces corps pesants dont on pressent la lenteur voire la gaucherie. Un être, l’homme à tête d’oiseau – deux entités – l’homme et l’animal. Au-delà des détails physiques qu’évoque chacune d’elles, c’est un monde – son monde, dont elle est extraite – que chacune convoque. Deux mondes qui cohabitent dans un même être, deux mondes qui tendent à s’exclure mutuellement : celui de l’homme et celui de l’animal. Deux mondes qui se rencontrent pour se heurter, s’entrechoquer, provoquant des frictions, des tensions, des déflagrations, presque. En fait, ces hommes à tête d’oiseau rendent visible le conflit dont l’humanité est le théâtre – conflit jamais résolu, jamais soluble : celui qui anime l’homme depuis qu’il s’est extirpé – ou a voulu s’extirper – de la nature pour la dominer. Le conflit où s’affrontent sa part sociale, civilisée, normée, et sa part, socialement refoulée, d’animalité – sa part de nature, spontanée et non maîtrisable.

L’être humain est le siège de ce conflit – conflit nié par la sacro-sainte croyance qu’il aurait dominé la nature et qu’il se serait libéré de son animalité. En dotant ses humains de têtes d’oiseaux, Burgart restitue à l’humain sa part refoulée, reniée, muselée – sa part animale. Elle la laisse advenir sans jugement ni parti pris pour l’un ou l’autre. C’est en les juxtaposant qu’elle laisse ces deux entités – homme et animal – se côtoyer, se frotter l’une à l’autre, s’affronter sans qu’elles ne parviennent jamais à l’équilibre. Elle donne au conflit un espace où se déployer. Mieux : elle lui donne un langage.

Ce langage donne une expression au conflit tel quel, sans chercher à le camoufler ou à le résoudre. Ce faisant, il le rend visible, ou plutôt l’exhibe. Il le laisse être – d’où l’impression de frictions, de tensions, même dans une scène aussi paisible que Le Fleuve de Vie, où dans ce paysage paradisiaque, les per[1]sonnages centraux – les humains à têtes d’oiseaux – continuent d’exhiber leur dichotomie. Dichotomie au centre de l’univers burgartien. Si l’œuvre de Burgart est une œuvre de réconciliation, c’est parce qu’elle réconcilie l’homme non pas avec l’animal, mais avec le conflit qui l’habite et qu’il a pourtant oublié, nié, refoulé. Ce conflit ne prendra pas fin – du moins tant que les deux partis existeront. Laisser-être ce conflit, l’accepter sans chercher à le résoudre, voilà la réconciliation. Voilà pourquoi les hommes à tête d’oiseau de Burgart restituent aux humains leur humanité : parce qu’elle laisse parler le conflit qui les habite et qui les constitue. Réconciliation de l’homme avec sa dichotomie.

Danielle Burgart

Artiste peintre depuis plus de trente années, Danielle a quitté Paris pour s’installer dans la Sarthe depuis quatre ans. Présente dans des collections publiques, elle expose dans des galeries en France et à l’étranger.

En 2023, elle a notamment présenté ses œuvres à la Galerie The Artistic Red Dot, au Grand Palais à Paris (Salon Comparaison), à la Biennale 109 à Paris et au salon 49 Regards à Angers.

Louis Doucet, Commissaire d’exposition, explique : « L’univers de Danielle Burgart est peuplé de corps placés dans des environnements insolites et dérangeants qui font penser à ceux des œuvres de Paul Delvaux ou de Max Ernst. Ses personnages, mi humains mi animaux, solidement modelés par des ombres et des lumières, sont figés en plein mouvement, muscles tendus. Inexpressifs, ils ne sont plus que des sortes de résidus visibles de l’être, seuls moyens de communication et de relation avec leurs semblables. Paradoxalement, ces corps sans identité précise se muent en champs de pure expression, dépassant largement leurs limites.
La tension suggère une violence latente, prête à exploser, mais sans volonté destructrice. Il s’agit, en quelque sorte, de la matérialisation de la part d’animalité ou d’inhumanité qui réside en chaque être et qui cherche à se dissoudre dans la sensualité de son environnement. Une sorte de rébellion intérieure concrétisée par la seule posture du corps, mais sans personnalisation ni psychologisation. Une métaphore de notre humanité. »

www.danielle-burgart.com/apocalypse

Exposition « Apocalypse 1-14- 21 » à L’espace Artistique de l’Anjou – Parc de Pignerolle, Route de Beaufort – 49124 – Saint-Barthélémy-d’Anjou

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