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L’Institut Pasteur crée son premier musée … sur Google

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En collaboration avec l’Institut Pasteur et de nombreuses institutions françaises et internationales, les internautes du monde entier peuvent dès aujourd’hui explorer les plus grandes inventions et découvertes de l’humanité dans le nouveau projet interactif en ligne de Google Arts et Culture. Cette nouvelle exposition, intitulée Once Upon a Try, Histoires d’Inventions et de Découvertes, est lancée ce mercredi 6 mars 2019. 
L’art et la culture au service et pour le bien de tous ? Pas si sûr quand on sait que, par sa capacité à agréger et à exploiter toujours plus de nouveaux usages, plus de données personnelles, Google représente ainsi plus de 90% du marché européen de la recherche en ligne. Allons-nous vers une « hégémonie culturelle » sur internet ?
 
Ce mercredi 6 mars, Google Arts & Culture a révélé Once Upon a Try, la plus grande exposition en ligne sur les inventions et les découvertes jamais réalisée. Des collections, des histoires et des connaissances provenant de plus de 110 institutions renommées de 23 pays, dont l’Institut Pasteur, sont rassemblées. Elles mettent en lumière des millénaires d’avancées scientifiques majeures et les grands esprits qui les ont mises au jour.
Il s’agirait là de la plus grande collection en ligne de documents sur l’histoire des sciences et des technologies. En collaboration avec les conservateurs et archivistes de 110 institutions partenaires dont 12 en France, les ingénieurs de Google ont mis en ligne près de 350 expositions numériques, 200 visites virtuelles de lieux historiques et 200 000 documents numérisés parfois inédits. 
 
Ces documents (photos, lettres, dessins, vidéos) rendent hommage aux plus grands progrès de l’humanité dans les domaines de la science et de la technologie, aux histoires derrière les objets de notre quotidien, aux visionnaires qui ont façonné notre monde, ainsi qu’aux récits d’échecs épiques et d’accidents heureux. En France, nous avons travaillé étroitement avec l’Académie des Sciences, l’Institut Pasteur, le musée Curie, l’Institut National de la Propriété Industrielle, le musée Electropolis, le musée des arts et métiersLa Cinémathèque française, la Fondation Roland Moreno, le musée Nicéphore Nièpce, la Fondation Tara Expéditions, le Château de Versailles et la Cité de la Musique.
A part rencontrer Louis Pasteur, on peut aussi découvrir le couple Curie, ainsi qu’une foule de héros moins connus, tels que Clément Ader, l’homme qui lutte seul contre le changement climatique grâce à des glaciers artificiels ou Mary Anning, paléontologue pionnière qui a découvert le ptérodactyle. Les expositions mises en avant reviennent sur certaines histoires d’”accidents chanceux” et d’”échecs épiques”, comme la découverte des rayons X par Röntgen ou l’ingénieux sous-marin électrique d’Isaac Peral. Certains de ces inventeurs sont même parfois décédés pour leurs projets. Ce fut le cas de Marie Curie, la recherche du polonium l’ayant conduit à sa propre mort d’un empoisonnement radioactif.
En dépit de ces revers, l’activité humaine est un voyage sans fin, ponctué de découvertes exaltantes, à l’image de l’éclair de génie qui permit de comprendre la poussée d’Archimède. Les récits de pionniers comme Marie Curie et Roland Moreno ou encore Ada Lovelace sont une mine de conseils incommensurables, ils permettent de comprendre pourquoi il est important de savoir accepter et comprendre les échecs pour mieux rebondir. 
 

En tant que partenaire de ce projet, l’Institut Pasteur invite les internautes à se plonger dans le quotidien de son fondateur, Louis Pasteur, à travers la visite virtuelle du Musée Pasteur installé dans l’ancien appartement que l’illustre savant occupa, sur le campus même de l’Institut pendant les sept dernières années de sa vie. C’est l’occasion de découvrir l’histoire plus intime de ce scientifique, passionné de peinture dans sa jeunesse, dont les découvertes révolutionnaires du XIXème siècle servent encore de principes fondateurs à la science d’aujourd’hui.
 
Pour permettre cette visite virtuelle, une équipe de Street View a réalisé une numérisation des salles du musée, afin de proposer aux visiteurs en ligne de parcourir les appartements privés de Louis Pasteur ainsi que la crypte d’inspiration byzantine où il repose avec son épouse, des lieux étonnants peu accessibles au grand public.
 
Appartements privés de Louis Pasteur
A travers quatre expositions virtuelles, les internautes pourront redécouvrir l’œuvre scientifique de Louis Pasteur et notamment comment il en est venu à travailler sur la rage et à mettre au point le vaccin qui l’a rendu mondialement célèbre.
« Ce que nous souhaitons partager, comme l’a formulé Louis Pasteur, c’est l’alliance possible et désirable de la science et de l’art. Nous souhaitons certes faire redécouvrir son apport scientifique, qui est considérable, mais aussi montrer une facette souvent méconnue du grand public : Louis Pasteur, artiste et amateur d’art » déclare Muriel Hilaire-Soule, responsable du Musée Pasteur. « Aujourd’hui encore, de nombreux artistes s’inspirent des travaux actuels et passés des chercheurs de l’Institut Pasteur. Aussi, nous continuerons à enrichir la plate-forme avec de nouvelles histoires et objets pour les rendre accessibles au plus grand nombre. »
 
Grâce à Google Arts and Culture, chaque internaute peut désormais explorer plus de 400 expositions interactives qui rendent hommage aux plus grands progrès de l’humanité dans les domaines de la science et de la technologie, aux visionnaires qui ont façonné notre monde, ainsi qu’aux récits d’échecs épiques et d’accidents heureux.
 
Once Upon A Try invite également à plonger, via la technologie Street View, au cœur des lieux exceptionnels qui ont vu ces découvertes : dans les profondeurs souterraines du Grand collisionneurde hadrons du CERN ou dans l’espace à bord de la Station spatiale internationale. L’internaute peut consulter plus de 200 000 artefacts en haute définition, dont la première carte connue des Amériques datant de 1508 et des lettres d’Albert Einstein jamais publiées jusqu’à ce jour.
 
Le projet s’accompagne notamment de deux expériences d’immersion inédites. Les internautes peuvent (re)découvrir l’histoire du Big Bang, la naissance et l’évolution de l’Univers, à travers une expérience en réalité augmentée exceptionnelle réalisée en collaboration avec des physiciens du CERN experts des particules et racontée par l’actrice Tilda Swinton. Une autre expérience interactive, réalisée grâce aux technologies de machine learning de Google, invite les utilisateurs à explorer plus de 127 000 images d’archives de la NASA.
 
« Rendre accessible les informations et la connaissance au plus grand nombre est au cœur du travail réalisé par Google chaque jour. Nous célébrons avec “Once Upon A Try” les inventions et les découvertes qui ont façonné le monde, mais aussi les hommes et les femmes qui les ont révélées et les petites histoires derrière les grandes. Avec nos partenaires du monde entier, nous mettons en ligne des histoires inspirantes et parfois surprenantes qui révèlent que derrière chaque découverte, il y a un rêve, une idée, des tentatives, des échecs et des surprises. Nous espérons que cela encouragera les visiteurs à révéler leur propre instant de génie, » déclare Amit Sood, Directeur de Google Arts & Culture.
 

Vers un monopole culturel ?

La dépendance à Google touche quatre milliards de terriens ; c’en est devenue une addiction planétaire : impossible de rechercher quoi que ce soit sur internet, sans passer par la firme de Mountain View. Quand une grande institution nationale, l’Institut Pasteur, décide d’y installer son premier musée virtuel Once Upon a Try, ce n’est pas seulement une information technologique, culturelle ou scientifique. C’est une information de nature politique.
 
Google ne se contente en effet plus seulement aujourd’hui d’être un moteur généraliste de recherches. Il crée aussi des zones d’attraction de publics sur des segments entiers de l’activité humaine. C’est le cas de l’acquisition de la planète à travers Google Earth, du commerce avec Google shopping, du transport avec Google Car, et de la culture avec le lancement en mai dernier de l’offre payante YouTube Music (1) et de Google Arts & culture créé en 2011 pour mettre tous les musées du monde sur l’application. On peut ainsi visiter 1000 musées dans 70 pays différents, sans bouger de son fauteuil.
Mais on peut néanmoins déplorer que les reproductions ne sont pas téléchargeables, et que Google évoque une protection de ces images par le droit d’auteur, alors que nombre des œuvres concernées sont tombées dans le domaine public depuis belle lurette, pour une diffusion libre de la culture. Comme l’explique Libération dans un article sorti lors du lancement de Google Arts & Culture, « Aucune option ne propose de télécharger ces images en haute résolution, et il est impossible de les sauvegarder par un classique clic droit ( «Enregistrer l’image sous» ). Il n’y a donc aucun moyen de s’approprier l’œuvre et de l’étudier hors du cadre prévu par Google. « Donc si par exemple je suis professeur d’histoire ou d’histoire de l’art, je suis obligée de faire entrer mes élèves sur ce site pour leur montrer l’œuvre », résume Adrienne Alix, présidente de Wikimédia France, qui partage sa «vision critique» du Google Art Project dans un billet de blog . « Je ne peux pas la réutiliser à l’intérieur de mon propre cours, en l’intégrant totalement. Ni pour un exposé. » 
 
En septembre 2018, Google sortait « Art Selfie » en France : prenez-vous en photo et l’algorithme de machine-learning repère les visages qui ressemblent le plus à vos traits dans la base de données de peintures dont dispose Google. « Comparez votre selfie à des œuvres d’art proposées par des musées partenaires », décrit l’application Arts and Culture de Google. Aux États-Unis, l’appli, lancée en début d’année 2018, aurait généré plus de 70 millions de selfies, explique la firme. Mais que deviennent les photos prises par votre smartphone ? Certainement pas pour enrichir la propre base de données de millions de photos de visages de Google …, non ! puisque son business model repose avant tout sur les milliards de milliards de données personnelles qu’il récolte en permanence sur ses utilisateurs.
 
Dans sa stratégie de conquête des grands domaines d’intérêts, Google s’attache des collaborations. Celle de l’Institut Pasteur est un exemple supplémentaire de don de notre patrimoine scientifique, en complément de notre patrimoine culturel. Un monopole de la culture sur internet.
Pour paraphraser Henri Verdier(2), nous n’en sommes plus tout à fait aux temps héroïques où Internet était perçu avant tout comme une menace pour la culture, mais nous sommes encore bien loin d’avoir réussi l’union de tous les créateurs au service d’un authentique projet de civilisation…

 
 
L’exposition Once Upon a Try est accessible sur Google Arts & Cultureainsi que sur l’application iOS et Android. Sur les réseaux sociaux, les réactions peuvent être partagées avec #onceuponatry et @institutpasteur
 
Illustration d’entête : Google par Stéphane Kiehl. Stéphane Kiehl
 
(1) YouTube Music permet aux utilisateurs une recherche par bribes de paroles. Il suffira d’écrire un vers dans la barre de recherche pour trouver la chanson correspondante.
(2) Henri Verdier est entrepreneur et spécialiste du numérique français. Ambassadeur pour le Numérique, il fut également Directeur interministériel du numérique et du système d’information de l’Etat français et administrateur général des données.
 
Pour aller plus loin  :
 
– Article de France Culture sur le dernier ouvrage de Shoshana Zuboff « The age of surveillance capitalism » (Public Affairs Editor, Janvier 2019) /Non traduit
Edito de Laurent Joffrin – Libération, 06 Mars 2019
– Livre « Dans la Google du loup » de Christine Kerdellant – Edition Plon, 2017
 

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