Le régiment immortel – La guerre sacrée de Poutine, de Galia Ackerman – Editions Premier Parallèle – Réédition, paru en mai 2019 – 288 pages
« Avez-vous entendu parler du fusil de Tchekhov ? Il s’agit d’un principe dramaturgique énoncé par le grand écrivain russe, selon lequel tout détail mémorable dans un récit de fiction doit être nécessaire et irremplaçable. “Si, dans le premier acte, vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, écrivait-il, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au deuxième ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à faire là.”
Le Régiment immortel décrit ce “fusil de Tchekhov” qui, en 2019, était encore accroché au mur. Je décris dans ces pages la formation d’une nouvelle identité russe qui s’organise autour de la victoire remportée à l’issue de la “Grande guerre patriotique” (1941-1945), la création d’un nouveau récit national basé sur de multiples omissions et mensonges, la militarisation de la nation entière – à commencer par les enfants –, les aspirations impérialistes visant à élargir autant que possible la sphère d’influence russe, le culte païen du “peuple éternel et invincible” et la haine de l’Ukraine et de l’Occident. Ce fusil était devant nous. Il aurait dû nous sauter aux yeux. Pourtant, nos politiques n’ont rien vu venir, débattant sereinement avec Vladimir Poutine de la sécurité européenne, multipliant les échanges commerciaux et culturels, sans comprendre que la nuit noire allait bientôt s’abattre sur la Russie, capable d’entraîner dans l’abîme non seulement l’Ukraine, mais également nos autres voisins. L’Ukraine est à feu et à sang, le fusil a servi. »
Galia Ackerman, 2022
D’origine russe, Galia Ackerman vit en France depuis 1984. Docteure en histoire et chercheuse associée à l’Université de Caen, elle est spécialiste de l’Ukraine et de l’idéologie de la Russie post-soviétique. Elle a cofondé, en 2021, le journal en ligne Desk-Russie, dont elle est directrice de la rédaction.
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