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Océan

Appel à la COP21 : Ne pas oublier l’océan

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La semaine dernière, à vingt-quatre heures de la remise du projet d’accord, la question de l’océan n’était toujours pas prise en compte. In extremis, jeudi, dernier, le projet d’accord intégrait enfin l’océan comme acteur et victime du réchauffement climatique. Pour ne pas oublier le rôle de premier plan qu’il joue, Albert de Monaco entouré de plusieurs personnalités dont Ségolène Royal ont publié aujourd’hui un appel, en guise de rafraîchissement de la mémoire.
 
Celui qui avait failli être le grand oublié de la COP 21, l’océan, est pourtant un gigantesque mais fragile puits de carbone. Les mers couvrent 71 % de la surface du globe et absorbent plus de 25 % du CO2 et 93 % de l’excès de chaleur causé par l’activité humaine.
L’océan peut contribuer pour une large part à l’atténuation des effets des gaz à effet de serre. Isabelle Autissier, la navigatrice mais aussi Présidente de WWF, rappelle au journal Les Echos : « L’océan est l’acteur numéro un du climat. Il émet la moitié de l’oxygène que nous respirons. Il absorbe environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre, grâce au plancton, et capte 93 % de l’excès de chaleur lié à l’augmentation de l’effet de serre. »

LIRE DANS UP : Les océans attendent la COP21 avec impatience

Il y a urgence car le mal est déjà fait. La hausse de la température de l’eau se traduit, dans le grand Nord par une libération de méthane emprisonné jusque-là sous forme de galets au fond de l’océan arctique. Or, le méthane libéré dans l’atmosphère a un pouvoir réchauffant 23 fois supérieur au CO2.
L’Atlantique n’est pas seul concerné. Dans le Pacifique, le réchauffement accentue la dynamique d’El Nino créant les effets dévastateurs que l’on connaît et qui ne cessent de se multiplier et s’accroitre. Les catasrophiques incendies d’Indonésie en sont une des conséquences.

LIRE DANS UP’ : Crime climatique en Indonésie

L’océan est menacé de plusieurs maux : diminution de l’oxygène, réchauffement, acidification, tandis que sur les littoraux les hommes sont confrontés à la montée des eaux, à la pollution et à la diminution des ressources halieutiques. Devant cette immense fragilité, ces risques mais aussi cette espérance, Segolène Royal s’insurge devant la passivité et en appelle à une prise de conscience, maintenant : « L’océan n’a pas d’élus pour le représenter, on n’y fait pas campagne électorale : il n’y a pas de main à serrer ! Sous prétexte que cet espace n’est pas habité, certains industriels se permettent d’envoyer leurs pollutions sous la surface, c’est inadmissible ! »
 
A côté de la ministre, le prince Albert II de Monaco, résolument inscrit dans la tradition ouverte par son aïeul Albert Ier, le créateur de l’Institut océanographique prend l’initiative d’un appel solennel :
 

Appel à ne pas oublier l’Océan

 
« Le monde espère que les négociations commencées cette semaine à Paris permettront d’aboutir à un accord ambitieux sur le climat. Une question centrale domine : les gouvernements réussiront-ils à engager les mesures nécessaires pour assurer un avenir où le réchauffement planétaire ne dépassera pas 2 °C ?
 
Cependant, un élément primordial de l’équation reste souvent négligé. Alors que nous débattons sur les réductions d’émissions, les promesses d’énergie renouvelable, et la multitude de changements essentiels pour nos pays et nos villes, nous ne devons pas oublier de poser également notre regard sur l’océan.
 
Parce que l’océan est le principal moteur de nos systèmes climatiques et planétaires, et produit la moitié de l’oxygène du souffle que nous retenons collectivement ; il nous a silencieusement protégés d’effets beaucoup plus intenses et accélérés du changement climatique en absorbant 90 % de l’excès de chaleur et 25 % du carbone que nous produisons. On estime que les organismes vivants de l’océan capturent et stockent plus de 2 milliards de tonnes de CO2 chaque année ; un service écosystémique gratuit évalué à environ 148 milliards de dollars par an. C’est beaucoup plus que l’objectif du Fonds vert pour le climat, alors pourquoi l’océan ne figure-t-il pas aussi en haut de l’affiche de la COP21 ? Pourquoi les liens entre les niveaux de carbone atmosphériques et ceux de l’océan ne font-ils pas partie des facteurs clés qui façonnent nos stratégies d’actions climatiques ?
 
L’océan est notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique, mais son rôle fondamental n’est pas encore pleinement apprécié ou compris, et il est trop souvent relégué au second plan dans les négociations. Cela doit changer, et vite, car même l’océan a ses limites. Après des décennies de mauvais traitement et de négligences, l’océan connaît aujourd’hui un déclin alarmant lié à nos propres émissions de carbone, et devient plus acide, plus chaud et vidé de sa biodiversité. Et un océan malade a le pouvoir de couler nos espoirs d’atteindre l’objectif de 2 °C.
 
Nous lançons donc un appel pour que soient prises en compte trois demandes précises visant à rapprocher les décisions en matière d’océan et de climat : premièrement, un Rapport spécial préparé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) afin d’étudier en détail le lien entre océan et climat et de formuler des recommandations politiques ciblées ; deuxièmement, un soutien au nouveau projet de Conférence des Nations Unies qui se tiendrait aux Fidji en juin 2017, afin de promouvoir la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 14 sur les océans et les mers ; troisièmement, un plan d’action pour l’océan élaboré dans le cadre de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) proposant des orientations claires sur la manière d’intégrer l’océan dans les stratégies nationales d’adaptation et d’atténuation.
 
Les gouvernements ont besoin de savoir qu’il existe des mesures concrètes pouvant être prises dès maintenant pour renforcer la capacité de l’océan à résister aux multiples pressions humaines auxquelles il est confronté, en particulier celles causées par la hausse des températures et des niveaux de carbone. L’appel pour un rapport spécial du GIEC sur l’océan trouve un écho de plus en plus important. Initialement proposée par la Principauté de Monaco, l’initiative est aujourd’hui soutenue par beaucoup d’autres, notamment la Chine et l’Espagne. À l’occasion d’une récente conférence sur les océans au Chili, de nombreux pays ont plaidé pour qu’une plus grande attention soit accordée au rôle de l’océan dans le système climatique mondial. Il est temps de traduire cette préoccupation croissante en politiques et mesures concrètes.
 
Parce que l’océan permettra d’extraire de l’atmosphère, aujourd’hui comme chaque jour, 4 kg de CO2 par habitant de la Terre, nous avons le devoir de protéger la plus vaste étendue de notre planète bleue. Si nous n’agissons pas, cette capacité à assumer le fardeau du changement climatique sera fatalement compromise ; les experts avertissent que la capacité de l’océan à absorber le carbone pourrait chuter à seulement 20 % de sa capacité d’origine d’ici la fin du siècle. Il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour en ressentir les L’océan jouera un rôle crucial dans notre avenir climatique – pour le meilleur ou pour le pire. Il est grand temps qu’il joue également un rôle essentiel dans nos décisions climatiques. Rejoignez-nous dans la défense de l’océan. »
 
Cet appel est signé par : Albert II de Monaco ; Heraldo Munoz, ministre chilien des affaires étrangères ; Ségolène Royal, ministre française de l’écologie, du développement durable et de l’énergie ; José María Figueres, ancien président du Costa Rica, co-président de la Global Ocean Commission ; Teresa Ribera, directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
 
 

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