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Pour notre planète, quelle serait la différence entre une hausse de 1 degré et demi et une hausse de 2 degrés ? On l’ignore, parce que les scientifiques ont à peine commencé à mener des recherches spécifiques de la cible de 1 degré et demi.
Il y a une « pauvreté d’analyses scientifiques » sur le degré et demi, lit-on dans une analyse publiée le 6 juin dans Nature Climate Change. L’équipe de l’Université Oxford souligne l’importance de l’enjeu, alors que cette cible a été soulignée à maintes reprises lors de la Conférence de Paris, en décembre.
Les conséquences d’une hausse de 2 degrés Celsius par rapport aux températures moyennes de l’ère préindustrielle sont elles-mêmes approximatives : entre les glaces de l’Arctique, les ouragans de l’Atlantique ou l’acidification des océans, personne n’est en mesure de tracer une frontière précise à partir de laquelle les choses commencent à se dégrader pour notre environnement. Mais un consensus s’est dégagé au cours des années 1990 et 2000 : la barre des deux degrés marque l’entrée dans une zone dangereuse. Déjà, avec « seulement » un degré Celsius d’augmentation — un seuil que nous venons d’atteindre — des experts de disciplines aussi diverses que la glaciologie, l’océanographie et la biologie, peuvent déterminer des conséquences tangibles. Qu’en sera-t-il quand la planète aura atteint le degré et demi ?
Les événements météorologiques extrêmes se produiront plus souvent. Mais que veut dire « plus souvent », si cela varie avec chaque type d’événement extrême et chaque région géographique ? Scénario pessimiste : selon Erich Fischer, de l’Institut des sciences du climat et de l’atmosphère en Suisse, un événement catastrophique qualifié jadis de « un par 1000 ans » doublerait à « un par 500 ans » avec un degré et demi, et doublerait encore à deux degrés.
Sécheresses accrues en Afrique, en Amérique centrale et dans le bassin méditerranéen, selon Carl-Friedrich Schleussner, de l’Institut Postdam de recherche sur les impacts climatiques, en Allemagne. Il prévoyait l’an dernier une baisse du débit des fleuves dans ces régions oscillant entre le tiers et la moitié.
Les experts disent depuis peu qu’avec le seuil des deux degrés, des régions entières du Golfe Persique et de l’Asie du Sud-Est seraient carrément inhabitables, à moins de rester perpétuellement dans une pièce climatisée. Mais à un degré et demi ?
Même interrogation pour une bonne partie des terres agricoles qui sont aujourd’hui indispensables à la survie d’une partie de l’humanité. Avec un degré, elles souffrent déjà, avec deux degrés, une bonne partie de leur productivité déclinera.
À un degré et demi, résume le journaliste Fred Pearce dans Yale E360, on empêche une partie du sol gelé de l’Arctique de dégeler, et on limite ainsi la libération de milliards de tonnes de méthane dans l’atmosphère. À deux degrés, c’est moins sûr.
Une seule chose est à présent claire au milieu de toutes ces incertitudes : notre planète atteindra au cours du présent siècle le seuil du degré et demi d’augmentation, peu importe la vitesse à laquelle nous cessons d’émettre des gaz à effet de serre. Toute la question est de savoir jusqu’à quel niveau nous laisserons l’augmentation se poursuivre ensuite.
Source : Agence Science Presse
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