Un an après l’éclosion du scandale du #Dieselgate, il y a urgence à agir de manière pérenne pour le climat et pour l’air que nous respirons. Les élus locaux doivent accélérer la mise en œuvre des mesures visant à modérer le trafic routier et favoriser l’essor des mobilités alternatives. Le Réseau Action Climat présente les leviers d’action dans un nouveau guide sur les « Villes respire ». Le gouvernement doit, quant à lui, mettre en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête sur les tests qui se réunit aujourd’hui pour garantir le respect des normes CO2 et anti-pollution et supprimer l’avantage fiscal du diesel.
Photo : Projet Orproject – Conçue par le cabinet d’architectes anglais, cette ville-bulle permettrait à ses habitants de respirer un air sain
Premier secteur émetteur de gaz à effet de serre à l’échelle nationale, les transports sont aussi responsables de 60 % des émissions d’oxydes d’azote et une source majeure de particules fines. Chaque année, la pollution aux particules fines (PM2,5) cause 48 000 décès (soit 132 par jour), représentant la troisième cause de la mortalité, après l’alcool et le tabac en France [1].
Tous les territoires sont concernés par la pollution de l’air : en moyenne, l’espérance de vie à 30 ans est réduite de 15 mois dans les grandes villes, de 10 mois dans les petites et moyennes villes et 9 mois en zone rurale [2]. En agissant sur les causes de la pollution de l’air, les collectivités peuvent contribuer à sauver 34 000 vies par an [3].
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui un guide à destination des élus locaux. En plus de dresser un constat des problématiques liées aux impacts des transports sur la santé et les changements climatiques, cette publication présente les nouveaux leviers d’actions qui existent et sont à disposition des collectivités locales pour mieux réguler l’usage des véhicules motorisés et polluants qui causent de nombreuses nuisances en ville et privilégier les mobilités alternatives : par exemple, modérer le trafic routier au profit des mobilités alternatives (marche, vélo, voiture partagée, transports en commun). Alors que la moitié des déplacements automobiles fait moins de 3 km en France, il y a un vrai potentiel. Ce dernier est plus que jamais nécessaire pour reconquérir la qualité de l’air.
• Depuis la loi de transition énergétique, les communes et les intercommunalités peuvent interdire progressivement la circulation des véhicules les plus polluants (poids lourds, autocars, voitures, utilitaires) au sein de « zones à circulation restreinte ». Paris s’est déjà saisi de ce nouveau dispositif appelé « zone à circulation restreinte » dans le cadre de son plan anti-pollution et une vingtaine d’agglomérations pourraient lui emboîter le pas. [4]
• Les communes peuvent désormais généraliser la limitation des vitesses à 30 km/h en ville et baisser les vitesses sur les rocades, pour modérer et fluidifier le trafic routier, encourager les mobilités actives (marche, vélo). C’est la démarche mise en œuvre par la « métropole apaisée » de Grenoble.
• Ces nouvelles mesures s’ajoutent aux marges de manœuvre qui existent pour développer les zones à circulation apaisée comme la piétonisation et les zones à trafic limité. Nantes a ainsi créé une zone à trafic limité dans son centre, suscitant une montée en puissance du vélo et une baisse du trafic routier.
• Enfin, les collectivités doivent mettre en place une politique de régulation de stationnement cohérente avec les politiques de mobilité durable et de report modal à l’occasion de la réforme du stationnement.
Alors que certaines villes prennent les devants, d’autres font marche arrière et la majorité tarde à agir. Le Réseau Action Climat appelle les collectivités à se saisir de ces outils dès maintenant, en accélérant simultanément le développement des solutions de mobilité alternative et les démarches d’accompagnement pour la population locale.
Le gouvernement, quant à lui, doit donner suite aux recommandations du rapport final de la commission Royal qui se réunit ce jeudi 22 septembre. Il faut d’une part, approfondir les investigations vis-à-vis des constructeurs automobiles et exiger l’abaissement des niveaux de pollution des véhicules en circulation ; et d’autre part, accélérer la mise en place d’un système de contrôle des tests de mesure indépendant au niveau européen pour s’assurer que les normes de pollution soient bien respectées en conditions normales d’utilisation.
Enfin, l’engagement de mettre fin à l’avantage fiscal du diesel doit se traduire par une hausse des taxes sur le carburant dans le projet de loi de finance pour 2017. Les recettes pourront bénéficier aux transports collectifs et aux mobilités actives.
[1] Santé Publique France, Impacts sanitaires de la pollution de l’air en France : nouvelles données et perspectives, juin 2016. http://www.santepubliquefrance.fr/Accueil-Presse/Tous-les-communiques/Impacts-sanitaires-de-la-pollution-de-l-air-en-France-nouvelles-donnees-et-perspectives
[2] Idem
[3] Idem – si l’ensemble des communes réussissait à atteindre les niveaux de PM2.5 observés dans les 5 % des communes les moins polluées de la même classe d’urbanisation, 34 000 décès pourraient être évités chaque année.
[4] Les lauréats de l’appel « Villes respirables » http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Appel-a-projets-Villes-respirables,8553-.html. Il existe environ 200 « zones à basses émissions » en Europe avec des effets prouvés sur la qualité de l’air (voir l’étude de l’Ademe : les zones à basses émissions en Europe).
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