Les énergies solaire et éolienne, devenues compétitives, contribuent désormais au budget de la France. C’est ce qu’ont calculé les représentants du secteur, qui appellent l’État à redistribuer ces milliards d’euros pour soutenir le pouvoir d’achat des Français. Sur 2021 et 2022, ces deux énergies devraient permettre d’économiser et/ou apporter plus de 14 milliards d’euros aux finances nationales, selon des estimations présentées ce mardi 12 avril, dans un entre-deux tours présidentiel dont l’issue affectera aussi la transition énergétique.
Les renouvelables « ne coûtent pas, elles rapportent, » martèle Michel Gioria, délégué général de France énergie éolienne (FEE), qui dénonce les positions « à l’emporte-pièce » de certains politiques accusant l’éolien d’être « cher et inutile ».
La crise géopolitique et la flambée des prix de l’énergie révèle la dépendance énergétique de la France aux importations d’énergies fossiles. Or, la situation énergétique que traverse le pays va peser sur l’industrie, la productivité mais aussi sur les ménages Français dont 6 millions sont en situation de précarité énergétique. Les énergies renouvelables, en particulier l’éolien, via le mécanisme qui régit leur intégration au marché de l’énergie, permettent de générer des économies substantielles mais aussi des recettes nouvelles pour l’État, dans un moment où les pouvoirs publics doivent mobiliser des fonds pour protéger le pouvoir d’achat des Français.
Ces 14 milliards incluent 3,3 milliards que les producteurs de solaire et d’éolien restitueront à l’État pour trop-perçu pour 2021, et les 5,1 milliards prévus pour 2022 que l’État n’aura pas besoin de débourser. S’y ajoutent 6 milliards supplémentaires nets que verseront les exploitants d’énergies renouvelables électriques, dont 3,7 fournis par l’éolien à lui seul.
D’où vient cette manne ?
Pourquoi ? En France, les énergies renouvelables (ENR) sont soutenues par un système de complément de rémunération par rapport à un prix « cible ». Or ces énergies ont vu leurs coûts chuter, tandis que le marché de l’électricité explosait, une flambée des prix qui devrait se prolonger un certain temps. Phénomène inattendu, ce soutien est donc devenu source de revenus pour l’État : les exploitants reversent désormais la différence entre prix de marché et prix cible.
À ce rythme, l’éolien devrait avoir remboursé d’ici fin 2024 « tout ce qu’il a perçu depuis 2003 », soit 11 milliards d’euros, estime la filière, qui, pour ses estimations, a travaillé avec des analystes de marché et sur les prévisions d’évolution du marché de la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Le secteur suggère que l’État réaffecte ces crédits « pour qu’ils contribuent à protéger les plus vulnérables du choc énergétique », et aimerait aussi qu’il le fasse savoir. « Il faut remettre l’église au centre du village : c’est grâce aux ENR qu’on peut amortir l’augmentation de la facture électrique des Français », fait valoir Jean-Yves Grandidier, le président de Valorem.
« L’éolien participe activement à la préservation du pouvoir d’achat, à la maîtrise du prix de l’énergie, à notre indépendance énergétique, c’est un levier essentiel dont la France ne peut permettre de se passer », appuie Anne-Catherine de Tourtier, la présidente de FEE.
Si la France respecte la trajectoire PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) qu’elle s’est fixée sur l’éolien, l’État percevra une recette nette estimée à 18 milliards d’euros d’ici à 2035. Les énergies renouvelables permettent ainsi de faire baisser mécaniquement la facture d’électricité des Français, en participant au financement de la maîtrise des prix, mais représentent également une source de recettes pour l’Etat.
La filière souhaite surtout interpeler aujourd’hui les pouvoir publics : la filière éolienne dispose aujourd’hui d’environ 13,7 GW de projets en cours d’instruction qui permettront, à très court terme, d’augmenter substantiellement la participation de l’éolien aux finances publiques. Par ailleurs, En libérant ces projets pour accélérer leurs mises en service, la France sera en mesure d’assurer sa sécurité d’approvisionnement énergétique sur les 15 prochaines années ce qui renforcera d’autant l’indépendance énergétique de la France.
Avec AFP