« Gaspiller, c’est agir contre la solidarité » ! Gaspillage alimentaire : qui met les pieds dans le plat ?
Lancé en 2013, le pacte national « anti-gaspi » entend réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025. Alors que 7 millions de déchets alimentaires sont générés chaque année dans l’hexagone, les Français semblent mûrs pour changer leurs pratiques. Profitons de cette 2ème journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire qui a lieu jeudi 16 octobre pour voir qui fait quoi en la matière
Dans la société ciivile : une ebullition de bonnes idées
Un sondage effectué en octobre 2014 par OpinionWay montre que 60 % des Français pensent que la solidarité alimentaire est de plus en plus une nécessité. (« Les Français et la solidarité alimentaire ») Et comme l’explique le « pape » de la lutte contre le gaspillage alimentaire Tristam Stuart, « Gaspiller, c’est agir contre la solidarité » .
Ce message, qui trouve un écho de plus en plus grand dans la population, explique le développement des épiceries solidaires, le succès des Disco Soupe, des Garspilleurs (qui se lancent dans un gaspip’tour), le retour du glanage ou l’adoption du doggy bag (ou Gourmet Bag)… dont le nombre d’adeptes progresse un peu plus chaque année, crise du pouvoir d’achat oblige.
Mais la grand surbouffe et le gaspillage ne sont pas le seul apanage des consommateurs. Pour France Nature Environnement, les progrès restent trop minces : si l’ONG apprécie la réunion de l’ensemble des acteurs de la filière autour d’un objectif commun, elle regrette le manque de données chiffrées fournies par les secteurs de l’amont (pertes dans les champs et les vergers, au cours de la transformation, en distribution et du fait des transports, etc.) qui « restent réticents à communiquer leurs propres informations, préférant s’intéresser, comme toujours, aux seuls consommateurs. Une mobilisation nationale qui doit dépasser les seuls effets d’annonce » précise-t-elle.
Chez les professionnels
Dans les faits, ma boîte mail cette année a reçu plusieurs communiqués m’informant essentiellement des efforts effectués par les supermarchés.
L’enseigne Carrefour, par exemple, s’est engagée cette année à sensibiliser ses clients à travers 15 de ses magasins en France entre le 10 et le 18 octobre. Dans les galeries marchandes, le public pourra découvrir des ateliers de cuisine de fruits bien mûrs, des dégustations de soupes et smoothies réalisés par des chefs, de l’information sur la lutte contre le gaspillage alimentaire et les économies qu’elle permet de réaliser. Quand on sait que l’enseigne possède 4779 magasins dans le pays, on se dit que le programme de sensibilisation a encore de l’avenir… Mais ce serait oublier la mise en place de ce site et omettre que l’enseigne a déjà révisé les dates de limites de consommation de plus de 300 références et supprimé les dates limites d’utilisation optimale sur des produits comme le sel, le sucre, etc. Comme spécifié ici, la marque donne ces articles invendus aux associations quand ils arrivent à trois jours de leur DLC (en 2013, l’équivalent de 68 millions de repas a été offert).
Monoprix (500 magasins en France), profite de l’occasion pour réitérer son engagement dans le pacte. Pour cette enseigne, cela passe par davantage de produits vendus à l’unité grâce à un conditionnement adapté (450 produits de la marque Monoprix sont vendus à l’unité ou refermables ou portionnables), par des offres promotionnelles plus ciblées pour les porteurs de carte, par la commercialisation de fruits déclassés de la marque « Quoi ma gueule ? » disponibles dans les 244 magasins disposant d’un rayon fruits & légumes. Monoprix édite aussi des brochures pour conseiller les clients sur les bons gestes à adopter pour éviter de gaspiller. Ici aussi, le don alimentaire est valorisé : depuis le début 2014, 123 magasins Monoprix et 2 monop’ participent au don alimentaire et 1,8 million de repas auraient été donnés depuis le début de l’année. La Fondation Monoprix a financé via appels à projets associatifs des véhicules réfrigérés pour le transport d’aide alimentaire (pour des associations comme ANDES, Autremonde, Août Secours Alimentaires, Le Refuge).
Chez Auchan (128 magasins en France), les efforts semblent plus timides: on souligne que 97% de la marchandise achetée par le magasin est vendue. « Pour optimiser ce chiffre, des réductions sont proposées plusieurs jours avant la date de péremption des produits » précise l’enseigne qui met aussi en avant la possibilité de se servir en vrac dans les rayons « self-discount », valorise ses efforts de signalétique et les opérations commerciales qui pendant 6 jours ce mois permettent aux consommateurs de bénéficier d’un produit offert plus tard pour un produit acheté maintenant (principe du « Buy one, get one free later »)… Les dons alimentaires effectués par la marque en 2013 représenteraient 13 millions de repas et 20 000 tonnes de déchets auraient été transformés en énergie par un processus de méthanisation.
Entendu que sur ce genre de problématique chacun doit faire sa part, reste à voir aussi ce qui se fait aussi en amont avant la distribution, et à promouvoir des initiatives comme celle initiée en Aquitaine avec le réseau Regal…
Source : ©Anne-Sophie Novel / Blog Même pas mal
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