Aide alimentaire aux plus démunis : Stéphane LE FOLL annonce que les fruits et légumes retirés du marché pourront être donnés aux associations caritatives sous forme de produits transformés
Depuis le 11 août 2014, la Commission européenne a ouvert des mesures de gestion de crise destinées à stabiliser les marchés des fruits et légumes affectés par l’embargo décrété par la Fédération de Russie le 7 août 2014. Ces mesures consistent en une indemnisation des retraits de fruits et légumes du marché, à destination de la distribution gratuite, de la destruction, de la non récolte, ou de la récolte en vert.
Depuis l’annonce de ces mesures, un travail a été engagé entre le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, FranceAgriMer, organisme chargé de la gestion de ces aides européennes, et les représentants de la production et des organismes caritatifs, pour faire en sorte de privilégier l’utilisation de ces mesures à des fins de distribution gratuite vers les associations caritatives.
Le principal levier de développement identifié est la capacité à transformer les fruits et légumes afin d’en faciliter le stockage, la conservation et la distribution par les organismes caritatifs. En effet, les associations peuvent avoir des difficultés notamment logistiques à gérer la distribution de quantités importantes de fruits et légumes frais.
Dans cet objectif, une expérimentation, qui a mobilisé trois organisations de producteurs de pommes (COOPLIM, Blue Whale et Fruco Provence), un transformateur (Les vergers de Châteaubourg) et un organisme caritatif (Les Restos du Coeur), a ainsi été conduite en décembre 2014 et janvier 2015. Elle a permis la transformation de 314 tonnes de pommes en compotes livrées aux Restos du Cœur, les producteurs ayant bénéficié de l’aide financière dans le respect des règles communautaires.
Le succès de cette expérimentation conduit à ouvrir cette possibilité plus largement dans le cadre des mesures exceptionnelles de gestion de marché liées à l’embargo russe, qui ont été prolongées par la Commission européenne jusqu’au 30 juin 2015. Ainsi la décision de FranceAgriMer encadrant les mesures de crise jusqu’au 30 juin 2015 validée le 3 février dernier a entériné cette nouvelle modalité.
Ces dispositions ont vocation ensuite à être pérennisées dans le dispositif classique des « programmes opérationnels » après la fin des mesures spécifiques liées à l’embargo russe.
Stéphane Le Foll se félicite du travail mené avec les acteurs pour réussir l’expérimentation, et des possibilités désormais ouvertes pour mieux mobiliser un outil européen de gestion de crise au service de l’aide alimentaire à nos concitoyens démunis. (Source : CP Ministère Agriculture 5 Fév 2015)
Le gaspillage alimentaire en chiffres
Selon un rapport publié en 2011 par le ministère de l’Ecologie, les déchets alimentaires correspondent à « de la nourriture destinée à la consommation humaine, qui, à un endroit de la chaîne alimentaire, est jetée, perdue, dégradée ou dévorée par des ravageurs » et le gaspillage au « gaspillage évitable, c’est-à-dire la nourriture, qui à un certain moment avant d’être jetée, était mangeable : tranches de pain, pommes, viande, etc. ». Le rapport parle notamment à ce propos d’aliments jetés dans leur emballage encore fermé, de restes d’aliments contenus dans leur emballage, de restes de plats cuisinés des ménages, des cantines ou de la restauration collective et commerciale.
Les chiffres concernant le gaspillage dans le monde et en France sont, en effet, impressionnants. La FAO vient d’ailleurs de publier au mois de septembre de nouvelles données sur l’énorme coût financier que représente le gaspillage dans le monde. Ceux-ci sont d’autant plus dérangeants que, d’après l’agence onusienne, seulement un quart de la nourriture perdue ou gaspillée à l’échelle mondiale pourrait permettre de nourrir les 842 millions de personnes sous-alimentées dans le monde. Or, cette préoccupation n’est pas nouvelle puisque la Conférence mondiale sur l’alimentation avait déjà indiqué… dès 1974 que la réduction des pertes de nourriture après récoltes dans les pays en développement pouvait constituer un moyen de lutter efficacement contre la faim dans le monde. Il en est de même à l’échelle française alors que 3,5 millions de personnes recourent aux associations de dons alimentaires et qu’en 2012-2013, les Restaurants du cœur ont distribué 130 millions de repas à 960 000 personnes.
Quelques autres chiffres…
– Une grande surface jette en moyenne près de 200 tonnes de déchets par an, parmi lesquels des denrées encore consommables.
– 79 kgs de denrées alimentaires seraient gaspilléschaque année en moyenne par chaque ressortissant de l’UE.
– 89,3 millions de tonnes de nourriture seraient ainsi gaspillés au sein de l’UE. 42 % de ce gaspillage serait le fait des consommateurs.
– Au total, près de 50 % des aliments sains seraient ainsi gaspillés chaque année au sein de l’UE, alors même que 16 millions de ressortissants de l’Union dépendent de l’aide alimentaire fournie par les associations, selon la Commission européenne.
– La FAO, de son côté, indique que les pertes alimentaires par habitant en Europe et en Amérique du Nord s’établiraient à 280-300 kg par an alors que la production de denrées comestibles destinée à l’alimentation humaine est de l’ordre de 900 kg par an par habitant dans ces régions. En ce qui concerne le gaspillage des consommateurs en Europe et en Amérique du Nord, la FAO l’évalue à 95-115 kg par an et par personne.
– 9 000 000 de tonnes de nourritures seraient gaspillées en France. Ce chiffre s’établit à 10,4 millions de tonnes en Allemagne et jusqu’à 14,4 millions de tonnes au Royaume-Uni. Les ménages représenteraient 70 % de ce gaspillage en France.