A l’heure où les accords transatlantiques sur les données sont remis en cause par la Cour de justice européenne et où des filières entières, en particulier l’automobile, peuvent être menacées par des manipulations logicielles, l’Institut de la Souveraineté Numérique lance la publication du premier numéro des « Cahiers de la Souveraineté Numérique ». Dans une démarche pédagogique, chaque cahier propose grâce à la mobilisation d’experts, l’examen d’un sujet ou d’une problématique liée à la souveraineté numérique.
Le premier numéro est dédié aux nouveaux enjeux européens de la souveraineté numérique: « Les démocraties européennes face à la tentation de la « boîte noire » «
Photo : Lane Hartwell, CC-BY-SA
Face à l’avènement des monopoles des géants de l’internet et d’Etats ayant assis leur souveraineté sur leur puissance économique, leur avance technologique et la maîtrise des réseaux de communications électroniques, la France et l’Europe sont-elles encore « maîtres de leur destin » ? La souveraineté a-t-elle encore un sens ? Serons-nous les perdants d’un nouvel ordre économique mondial ? Peut-on encore reprendre la main ? Comment préserver nos entreprises et nos emplois de la prédation des nouveaux monopoles de l’internet ? Quelles entreprises et quelle stratégie économique pour rivaliser avec ces géants et conquérir de nouveaux marchés ? Quel rôle pour l’Etat ? Quelle place et quels moyens pour la régulation ? Économie du partage ou nouvel impérialisme ? Quels leviers pour transformer les défis de la souveraineté en opportunités pour les entreprises ?
Telles sont les grandes questions abordées dans ce premier numéro par des personnalités de renom comme Jacques MARCEAU, Président d’Aromates, Fondateur des Assises de la Souveraineté Numérique et membre du Conseil scientifique de l’ISN, Corinne ERHEL, Députée des Côtes d’Armor, Pascal PICQ, Paléoanthropologue au Collège de France, membre du Conseil scientifique de l’ISN, Bernard BENHAMOU, Secrétaire général de l’ISN, Alain GARNIER, Président d’EFEL (Entreprendre en France pour l’édition logicielle) et CEO de Jamespot, Jean-Manuel ROZAN, Président QWANT, Thierry EVANNO, Directeur de la Cité de l’innovation et responsable des investissements Alcatel-Lucent,…
En l’espace de quelques années, l’Internet est devenu l’épine dorsale de nos sociétés ainsi qu’un levier majeur de transformation économique, sociale et culturelle. Les débats récents autour de la loi sur le renseignement ont aussi mis en lumière la nécessité pour nos responsables politiques d’acquérir une culture des enjeux technologiques. Ces débats ont en effet montré que les conséquences des choix technologiques restaient peu lisibles pour les citoyens… ainsi que pour leurs représentants. Or, cette appropriation des enjeux technologiques reste le seul moyen d’éviter que les mécanismes qui régissent les démocraties européennes ne deviennent à leur tour des « boîtes noires » pour les citoyens.
« La confiance sur Internet constitue la clé de voûte du fonctionnement économique de l’Internet et aussi l’épine dorsale du fonctionnement des démocraties »
En France, la loi sur le renseignement intervient deux ans après les révélations sur les mesures de surveillance mises en place par la NSA. Ces révé- lations ont aussi remis en cause les « piliers fondamentaux » de la confiance sur Internet. Or cette confiance constitue la clé de voûte du fonctionnement économique de l’Internet et aussi l’épine dorsale du fonctionnement des démocraties.
Ainsi, la création par la NSA de failles dans les algorithmes cryptographiques a généré de nouveaux risques pour l’ensemble des usagers de l’Internet. En effet, ces failles sont « agnostiques » et sont aussi accessibles aux agences de sécurité… qu’aux cybercriminels. Comme le note Snowden, les programmes de la NSA ont rendu encore plus vulnérables nos entreprises, nos infrastructures critiques… et nos données. Ainsi, comme le résume la revue de la Harvard Kennedy School : « Une mauvaise crypto est mauvaise pour vous et très bonne pour les « bad guys» ». Les conséquences économiques de cette crise sont telles que l’agence fédérale chargée d’élaborer les standards de chiffrement (NIST), a souhaité s’émanciper de la NSA. Dans le même temps, les industriels des technologies ont perdu d’importants contrats internationaux et se sont adressés solennellement au Gouvernement américain pour qu’il « mette fin de façon claire, nette et définitive à la surveillance de masse ».
« Il devient indispensable que les citoyens soient en mesure d’exercer leur souveraineté à la fois sur les infrastructures et sur les technologies ».
En France, la loi sur le renseignement a aussi révélé l’usage par les services de renseignement de « boîtes noires », ces algorithmes qui permettent de collecter et d’analyser les métadonnées des usagers de l’Internet.
Bernard Benhamou, Secrétaire général de l’Institut de la Souveraineté Numérique (extrait éditorial du n°1)
Les publications et les recommandations de l’Institut de la Souveraineté Numérique sont élaborées par des groupes de travail thématiques, composés d’experts, d’universitaires, de responsables d’entreprises, etc.
Ces groupes de travail thématiques visent à formuler des recommandations à l’attention des citoyens, des industriels et acteurs économiques, des institutions publiques, des élus et des décideurs politiques.
Les groupes de travail sont constitués sur recommandation du Conseil Scientifique de l’ISN, ou sur proposition d’un des membres constitutifs de l’ISN. Ces groupes seront amenés à auditionner des personnalités qualifiées.
S’abonner
Connexion
0 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents
Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments