Pour ceux qui acceptent de « penser autrement », voici un scénario du futur imaginé par Geneviève Bouché qui permet d’entrevoir des plans d’actions sociologiques et économiques à 30 ans. Scénario qui touche au plus profond et à la plus terre à terre des activités humaines : produire, vivre ensemble pour renouveler l’espèce et découvrir le monde pour le dominer et/ou mieux le comprendre.
Docteur en sciences des organisations (Université Paris Dauphine) et futurologue, ex-dirigeante d’entreprise, auteur, blogueuse, engagée dans des Think Tank, Geneviève Bouché est spécialiste de l’innovation et des nouveaux médias. Elle est vice-présidente, en charge des études, du think tank Le Club Jade. Cette conférence au TEDx La Défense 2012, est un scénario de mutation pour accéder à la forme de prospérité induite par de nouveaux paradigmes pour faire évoluer notre société en s’appuyant sur les convictions émergeantes des citoyens.
Le scénario proposé marque en réalité un changement de paradigme, peut-être de civilisation. Il touche au plus profond et au plus terre à terre des activités humaines : produire, vivre ensemble pour renouveler l’espèce et découvrir le monde pour le dominer et/ou mieux le comprendre.
Or produire est un acte dont la nature a changé. L’industrialisation a permis de produire en se servant de ressources distantes générant un surplus massif et des échanges conduisant à capter la richesse de l’autre ou à sa mise en dépendance. Cela a classiquement mis en jeu du Capital et des Hommes et des organisations d’inspiration militaire…
La mondialisation consacre cette tendance en y ajoutant la complexité. Aux facteurs Capital et Travail s’ajoute le Réseau. Le tout est générateur de fortes tensions, de souffrances et d’inefficacité et nécessite l’apparition de nouveaux modèles.
L’entreprise en réseau, de taille moyenne, plus adaptable devient un nouveau modèle. La formule du salariat est remise en cause, le contributeur entend suivre un parcours de vie où il pourra produire, apprendre, transmettre et innover … La consommation elle-même ne se centre plus sur la possession mais sur l’accès aux fonctionnalités …
Le modèle sociétal se dessine autour du noyau central de la famille avec un secteur marchand aujourd’hui dominant, un secteur régalien qui encadre et régule, un secteur du « vivre ensemble » (culturel, religieux etc …) et un nouveau secteur du pré-marchand.
Vivre ensemble et pré-marchand forment le terreau des autres secteurs appelés « factuels ». Le terreau nourrit le factuel alors que se pose aujourd’hui le problème du financement du terreau par les secteurs « factuels ». L’Etat n’a plus les moyens et le régalien est devenu un millefeuille invraisemblable et ce n’est pas le rôle du secteur marchand, alors ?
Les pistes de travail
Geneviève met en avant dans cette conférence trois axes de travail (mais elle en a beaucoup plus …) :
1) Les monnaies complémentaires décrites par Etienne Hayem sont une piste qui souffre, selon Geneviève, d’être efficaces pour un trop petit nombre de gens ou d’être trop peu soutenues quand elles s’attaquent à des communautés ou des situations plus larges et plus diverses. Elles restent une piste d’intérêt à condition d’être développées.
2) Le revenu de base : il s’agit de reconnaître une situation de fait ; une partie importante des populations perçoit un revenu sans que lui soit demandé un « travail » ; seulement, pour cela, plus d’une centaine d’organismes divers est mobilisée (selon moi dans la plus parfaite inefficience économique). Ce revenu de base permettrait à la fois une nette rationalisation, des parcours de vie féconds et le développement du terreau indiqué précédemment. Il viendra soutenir les talents émergents, moteur des affrontements « en réseau » déjà vifs.
3) Les débutances : il s’agit de l’inverse de la finance qui cherche un emploi rentable à des fonds excédentaires. Les débutances recherchent les moyens incontournables d’activités innovantes ou émergentes. On retrouve là l’échec plus ou moins marqué des sociétés européennes à se renouveler, à innover dans des activités dont on ne peut pas toujours prédire la fin marchande. Si vous ne me croyez pas demandez-vous pourquoi Google, Facebook ou même l’artiste JR sont « américains » et rappelez-vous ce que nous disait Jean-David Haddad du rôle de la Bourse à cette même conférence TEDx.
(Source : Didier Chambaretaud / Blog Le Dire et Le Faire, Le Faire et Le Dire 2012)