Entrer résolument dans la modernité sans renier ses racines : l’industrie agro-alimentaire alsacienne se fixe ce cap jusqu’en 2017. Son FoodLab en sera le fil conducteur : il associe l’évolution des tendances de consommation faisant émerger de nouveaux produits et l’adaptation des outils industriels…
Le terme sonnera sans doute suspect aux gardiens du temple de la cuisine française. Mais c’est justement dans le but d’allier modernité et respect de la qualité que l’Association régionale des industries alimentaires d’Alsace (Aria) lance cette innovation, qui ne semble guère rencontrer d’équivalent en Europe. Expérimenté par quelques entreprises en 2015 et 2016 dans le but de devenir pleinement opérationnel en 2017, le FoodLab sera un laboratoire de développement de produits et de packaging pour mettre au point de nouveaux aliments et coller aux nouvelles tendances de consommation. « Comme il associe les entreprises aux universités, centres de R&D, organismes de transfert de technologie comme le Critt agro-industriel Aerial et chefs cuisiniers et pâtissiers, il ne s’identifiera pas en un seul lieu physique, où tout se fera. On créera un lieu pour ce qui n’existe pas. Mais l’existant continuera de se développer là où il est aujourd’hui. Nous sommes dans une logique de réseau », décrit Sylvie Schott, la directrice de l’Aria.
Dialogue avec les fabricants d’équipements
Dans ce réseau, le « laboratoire de tendances » jouera un rôle-clé. Il appliquera à l’alimentaire alsacien les principes de test de nouveautés par un panel de consommateurs. En l’occurrence, les recettes nouvelles qui sortiraient de la réflexion commune des entreprises, de nutritionnistes, de chefs…
« Les habitudes de consommation évoluent vite. Il s’agit par exemple de répondre au vieillissement de la population. Ou, dans l’alimentation des bébés, de trouver aux entreprises régionales une place entre le fait-maison et les produits très industriels », précise Sylvie Schott.
« A partir de là, les entreprises pourront déterminer si leur outil de production doit évoluer en conséquence », poursuit la directrice générale. Sur ce point, elles pourront dialoguer avec les fabricants d’équipements, auxquels l’adhésion à l’Aria a été ouverte en 2013.
Une autre dimension de ce vaste projet concerne en effet les équipements industriels proprement dits : sont-ils adaptés aux défis prochains ? Quels sont justement ces défis ? L’Aria se propose de répondre aux questions par le lancement d’un programme « Usine alimentaire de demain » ou SMA (systèmes manufacturiers avancés) pour l’innovation et l’optimisation des process. Un diagnostic en cours auprès de 30 entreprises volontaires doit déboucher fin 2015 sur un programme collectif.
Ces projets forment l’épine dorsale du plan stratégique 2015-17 de l’association régionale, cluster réunissant 140 entreprises, soit l’essentiel de la filière qui pèse 5,6 milliards d’€ de chiffre d’affaires.
Savourez l’Alsace
Le volet commercial n’est pas oublié. L’Aria poursuit ses actions de soutien à l’export, point fort de la région puisque la filière alsacienne représente 11 % des ventes à l’étranger de l’agro-alimentaire français, à comparer à son poids de 4 % dans le chiffre d’affaires total. Elle propose aussi à ses adhérents d’investir un peu plus le champ du numérique.
Si la vente en ligne relève de l’initiative de chacune d’elle, l’association ajoute une dimension collective depuis décembre dernier sous la forme d’une plate-forme digitale commune pour les offres promotionnelles.
L’outil constitue en quelque sorte une carte de fidélité dématérialisée et mutualisée. Une première au bénéfice de marques régionales, alors que les grandes entreprises en sont coutumières. Pour reprendre le sens de la formule de ses promoteurs, cette plate-forme Savourez l’Alsace doit être « la bonne app’ ».
Sur ce chemin plein d’inconnues, l’alimentaire alsacien ne part pas le sac vide. Innovation et veille sur les nouvelles tendances de consommation sont inscrites dans les gènes de leur association régionale depuis sa création il y a vingt ans.
Le travail des dernières années a doté la filière d’une foule de données, en cours de regroupement dans un Observatoire des industries agro-alimentaires de la CCI Alsace. Une vingtaine d’entreprises pionnières ont suivi le programme d’innovation Noviaa.
« Il assure un accompagnement de la conception à la mise sur le marché », rappelle Sylvie Schott. De quoi tirer des enseignements précieux au bénéfice du plus grand nombre. (Source : ©Trace Ecrites News – Christian Robischon 13 janvier 2015)
Photo : Fabricante des biscuits traditionnels alsaciens en premier lieu les Bredele, la Maison Alsacienne de Biscuiterie de Colmar a fait trois ans de recherches sur les pâtes levées. ©MAB.