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Adaptation au changement climatique : les écoles sont-elles prêtes ?

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A l’occasion de cette rentrée scolaire, un rapport d’Oxfam France sur l’adaptation au changement climatique en France montre que 1,3 millions d’enfants en maternelle – dans 7138 écoles – seront exposés à des chaleurs excédant 35° dans les classes d’ici 2030, soit dans 5 ans et demi. Ces conditions ont un impact direct sur les possibilités d’apprentissage des enfants et l’égalité des chances.

En France comme dans le monde, les conséquences du changement climatique se font déjà sentir, avec des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses, des sécheresses prolongées, des inondations dévastatrices et des tempêtes de plus en plus violentes. Pour y faire face, deux stratégies complémentaires émergent. Les politiques d’atténuation, d’une part, visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement de la planète.
Les politiques d’adaptation, d’autre part, consistent à s’ajuster aux changements inévitables pour en limiter les impacts sur les populations. Si la France tarde à mettre en œuvre des mesures assez ambitieuses en termes d’atténuation, elle ne se fixe pas d’objectifs clairs sur l’adaptation et ne prend pas de mesures suffisantes correspondant à ces propres objectifs. En avril 2024, le Haut Conseil pour le Climat dans une lettre au gouvernement a signalé notre impréparation aux conséquences du changement climatique : « La France est particulièrement exposée aux conséquences du réchauffement climatique, mais n’est pas prête à y faire face car les politiques d’adaptation souffrent d’un manque d’objectifs opérationnels, de moyens, et de suivi. » (1)

L’inaction ou la mal-adaptation face aux impacts du changement climatique fait peser un risque sur les droits humains. Avec ses impacts directs sur la production alimentaire, le logement, l’accès à l’eau et les écosystèmes, le changement climatique porte directement atteinte à la sécurité des personnes et à leurs droits à un environnement sain, mais met aussi indirectement en péril des droits fondamentaux, comme le droit à la santé ou à la dignité humaine et à l’éducation.

Accroissement des inégalités sociales et territoriales

Alors qu’en moyenne, en France, 55% des écoles maternelles françaises seront concernées par des périodes excédant 35° à l’intérieur des classes à l’horizon 2030, ces conditions sont inégalement réparties. D’ici à 2030, d’après les estimations hautes, 7 138 écoles maternelles – soit environ 1,3 million d’enfants de 2 à 5 ans – seront exposées à des vagues de chaleur supérieures à 35°C. Dans certains départements, ce sont la quasi-totalité des enfants qui sont concernés. C’est le cas de la Seine-Saint-Denis (100%), de Paris (100%), de la Gironde (99%) ou encore des Bouches du Rhône (98%). Les territoires d’Outre-mer sont également confrontés à ces vagues de chaleur de façon encore plus intense qu’en métropole (2).

Le droit des enfants à l’éducation s’en trouve menacé : perturbation des services éducatifs, des calendriers scolaires, retards dans les programmes, réduction des performances cognitives des élèves (-2% pour chaque °C supplémentaire). Ces impacts significatifs, liés aux vagues de chaleur, créent une rupture d’égalité des chances entre écoles non adaptées et écoles adaptées. Ils se croisent avec d’autres impacts tels que la menace des feux de forêts ou le recul du trait côtier par exemple, mais aussi avec d’autres critères de vulnérabilité, tels que les capacités économiques d’un territoire ou sa dotation en services publics de santé.

C’est l’augmentation en intensité des périodes de forte chaleur mais aussi l’allongement dans le temps, de mai à octobre, qui impact l’organisation scolaire. On voit donc que nous devons d’une part adapter nos infrastructures, investir dans des écoles isolées, mais aussi notre organisation sociale, en prenant en compte les inégalités sociales qui sont renforcées par le changement climatique.” explique Elise Naccarato, Responsable Climat d’Oxfam France.

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Afin de protéger les enfants des impacts irréversibles du changement climatique créé par les humains, il est urgent, d’une part de baisser nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement et d’autre part, d’adapter nos organisations et infrastructures aux effets qui sont d’ores et déjà inévitables. L’investissement dans la désimperméabilisation des cours d’école et la végétalisation des villes sont des leviers indispensables à activer dans les prochaines années.

Il est difficile de croire que dans un pays qui aime se définir comme une des premières puissances mondiales nous ne réussissions pas à protéger nos enfants des effets du changement climatique. Les enfants les plus précaires sont doublement pénalisés puisqu’ils n’ont pas de moyen de se protéger des vagues de chaleur ni à l’école, ni à la maison.” déclare Elise Naccarato.

Les écoles maternelles : les plus menacées

L’exposition au changement climatique d’établissements scolaires accueillant une population particulièrement vulnérable est celle des enfants de maternelle. En effet, les structures accueillant ou gérant les publics les plus vulnérables, comme ces écoles maternelles, nécessitent un point d’attention particulier. Si nous connaissons les effets globaux de ce qui nous attend, l’analyse de l’exposition à l’échelle de sites, en fonction des données géospatiales, est indispensable pour permettre un ciblage précis et des actions adaptées aux enjeux.

Face à l’aléa des vagues de chaleur, avec un niveau de réchauffement global à 4 °C, elles vont devenir à la fois plus fréquentes et plus intenses. En juin 2022, 12 départements ont été placés en vigilance « rouge canicule » par Météo France. Lors de la journée du 17 juin en particulier, le Ministère de l’Education a demandé aux parents, en mesure de le faire, de garder leurs enfants à domicile et de ne pas les envoyer à l’école, adaptant également leur programme d’activité.

D’ici à 2030, d’après les estimations hautes des modèles, 7 138 écoles maternelles seraient exposées à des vagues de chaleur supérieures à 35 °C. Ces écoles sont principalement situées dans les Départements des Bouches-du-Rhône (533, soit 98 % des écoles du territoire), de la Seine-Saint-Denis (405, soit 100 %), à Paris (323, soit 100 %), en Gironde (301, soit 99 %) et en Seine et Marne (290, soit 76 %).

Par rapport au nombre d’écoles sur le territoire, on observe que 43 départements auront plus de 75 % de leurs écoles exposées aux vagues de chaleur, parmi lesquels 11 départements auront 100 % de leurs écoles exposées (3)

Les vagues de chaleur vont ainsi être plus intenses pour de nombreux départements, mais aussi plus fréquentes : par rapport à la situation de référence où on comptabilisait en moyenne 3,67 jours « chauds » par an (4), le nombre doublera d’ici à 2030 avec 6,9 jours. Si tous les territoires seront concernés, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Corse seront particulièrement affectées. L’analyse globale cache en effet de fortes disparités entre territoires :

  • 15 départements devraient connaître au moins 5 jours chauds en plus par an soit 9,3 jours en moyenne (estimation moyenne) ;
  • 34 départements devraient connaître un nombre de jours chauds au-dessus de la moyenne soit 8,5 jours par an en moyenne (estimation moyenne).

Ainsi, si la première carte permet d’observer les départements davantage concernés par des pics de chaleur, la carte ci-dessous permet de visualiser les territoires qui connaitront un changement plus rapide que les autres en termes de fréquence d’occurrence des vagues de chaleur :

Source : EcoAct

 

On observe que d’après les estimations (médiane des modèles), les départements du Sud-Est de la France, et la Corse, connaîtront une évolution du nombre de jours chauds moyens plus forte que les autres, induisant une nécessité de s’adapter plus rapidement pour garantir aux habitants un confort thermique dans un climat différent.
Comme nous l’avons vu en 2022, les épisodes de forte chaleur peuvent survenir aussi bien en plein milieu de l’été, ou à des périodes précoces (dès mai), ou tardives (jusqu’à octobre), ce qui impacte d’autant plus les modèles d’organisation scolaires et familiaux.

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Les modifications de températures peuvent notamment impacter la santé des élèves et des enseignants (maux de tête, problèmes de concentration, fatigue…) et créer des inégalités dans les conditions d’apprentissage liées à la fermeture des établissements scolaires et à la capacité, ou non, des familles à garder à domicile les enfants.

Au-delà du risque de discontinuité de l’année scolaire, les fortes chaleurs risquent aussi de perturber les échéances des différents examens officiels (jusqu’ici programmés en début d’été). En France, la canicule de 2019 a par exemple contraint le gouvernement à repousser les épreuves du Brevet.

Par ailleurs, l’effet d’îlot-de-chaleur urbain, dont les caractéristiques varient d’un territoire et d’une ville à l’autre, est également un paramètre incontournable à prendre en compte, et à croiser avec les résultats d’exposition présentés plus haut.

Si l’on prend le problème des feux de forêts, la plateforme EcoAct confirme une augmentation généralisée de leur fréquence, en particulier dans les régions Corse, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Centre-Val-de-Loire et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, avec en moyenne 8 jours de plus de risques d’exposition à des feux de forêts. D’après leurs modèles, ce sont plus de 10 % des établissements de maternelle qui pourraient être exposés à un risque fort voire extrême : 699 écoles seraient exposées à un risque extrême d’incendie (c’est-à-dire au moins 3 mois par an au cours desquels les conditions seront très propices à un départ de feu) ; 797 écoles seraient exposées à un risque haut (c’est-à-dire entre 2 à 3 mois par an).
Là encore, le niveau de risque dans les écoles varie selon les départements en fonction de l’exposition des territoires mais aussi de la localisation géographique des établissements scolaires et les propriétés physiques des sites (température, humidité, vent).

Source : EcoAct

(Voir la plateforme EcoAct pour leur synthèse de l’exposition des écoles aux aléas climatiques par département)

Pour le danger de l’érosion côtière, d’après les projections, 9 départements ont des écoles exposées à un risque fort d’érosion côtière (plus de 100 mètres de recul de la côte) : la Réunion, Mayotte, Bouches-du-Rhône, Charente-Maritime, Gironde, Guyane et pour une seule école Ille-et-Vilaine, Morbihan et Nord. D’autres Départements sont également exposés à un risque modéré : Var, Pas-de-Calais, Vendée, Loire-Atlantique…

Source : EcoAct

Grâce aux coordonnées GPS des écoles maternelles et aux données satellitaires, via la plateforme ECLR, a pu être identifiée la localisation des écoles les plus exposées, permettant ainsi de se concentrer sur les établissements les plus vulnérables pour définir des actions d’ampleur.

Source : Cartes extraites de la plateforme ECLR : exposition des écoles au risque d’érosion côtière – EcoAct

Les points de couleur claire représentent les écoles pour lesquelles il n’existe pas de risque d’érosion côtière d’ici à 2050. A l’inverse, les points de couleur sombre sont ceux représentant les écoles exposées à un risque modéré/fort (recul entre -50 et -100 mètres du trait de côte) ou extrême (recul de -100 mètres du trait de côte).

Le phénomène d’érosion côtière est à même de dégrader l’environnement proche d’écoles situées à proximité de la mer. Le recul du trait de côte accroît la vulnérabilité des bâtiments au risque d’inondation, notamment lors d’évènements météorologiques exceptionnels comme la tempête Xynthia qui a touché la commune de Soulac-sur-Mer en 2010. Les bâtiments situés proches de zones d’érosion voient ainsi le risque s’accroître à mesure que le trait de côte se rapproche. Les inondations peuvent provoquer des dégradations importantes, allant jusqu’à rendre les bâtiments inutilisables, et mettre en danger la santé des élèves.

Focus sur les territoires d’Outre-Mer

Les territoires d’Outre-mer, tous insulaires à l’exception de la Guyane, sont les territoires français les plus exposés et les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique. Les écoles situées en Guyane, Guadeloupe, à Saint-Martin, La Réunion, Mayotte, et Saint-Pierre-et-Miquelon, sont particulièrement exposées aux différents aléas :
Ils seront tout d’abord touchés par des vagues de chaleur plus intenses que la métropole. En Guyane, ce seront 47 écoles exposées à des vagues de chaleur de +38 °C, et 14 écoles exposées à des vagues de + 41 °C ;
Au total, ce seraient 310 écoles particulièrement exposées à 42 jours supplémentaires de fortes chaleurs ;
Plusieurs territoires ont des écoles exposées à des risques forts voire extrêmes d’incendie (Saint-Martin, Martinique, Guadeloupe) ;
La Réunion et Mayotte présentent le nombre d’écoles exposées à un risque extrême d’érosion côtière le plus élevé, respectivement 17 et 11.

De plus, ces territoires sont particulièrement exposés aux risques de cyclones :

Toutes les écoles situées à La Réunion, en Guadeloupe, en Martinique et à Saint-Pierre et Miquelon sont exposées à ce risque.
La majorité des écoles de Mayotte sont exposées (88 %).
La Guyane en revanche est épargnée par les cyclones.

Les chiffres liés à ce risque font état de l’exposition historique, c’est-à-dire le nombre de cyclones ayant frappé ce territoire par le passé. Or, nous savons d’après les résultats du GIEC que ce type d’évènements tendra à devenir plus fréquent dans les années à venir. En effet, comme le précisait Valérie Masson-Delmotte, Directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe nᵒ1 du GIEC, lors d’une interview à l’AFP en 2017,  les effets du changement climatique peuvent en partie aggraver les phénomènes cycloniques, car plus la température de l’eau et le taux d’humidité sont élevés, plus un cyclone peut prendre de l’intensité. Or ces deux éléments sont rendus plus intenses du fait de l’augmentation de l’effet de serre.

Si de tels événements peuvent également subvenir en métropole (exemple de la tempête Alex en octobre 2023 qui a endommagé de nombreuses structures dans les Alpes-Maritimes), les territoires d’Outre-Mer demeurent particulièrement exposés aux aléas climatiques et aux risques de cyclones conduisant à la destruction d’infrastructures et à des menaces réelles sur la santé des habitants.

Faire entrer le système éducatif dans la transition climatique

Plan école 2030 / Ville de Montpellier

Chacun au sein de la société doit être conscient des enjeux pour les futures générations. L’éducation ne doit pas échapper à cette mobilisation nécessaire, une mobilisation pour le climat qui doit avoir une portée internationale. Pour ce faire, l’Internationale de l’Éducation a lancé un manifeste à l’intention des gouvernants en avril 2021 afin que des mesures soient prises pour éduquer, accompagner les établissements scolaires, les écoles, les enseignants, les personnels à faire du développement durable, du respect de l’environnement un enseignement incontournable pour les élèves, les jeunes.

En 2019, les organisations membres de l’IE à l’échelle mondiale ont reconnu que les enseignants et les syndicats de l’éducation avaient un rôle important à jouer dans la lutte contre l’urgence climatique et ont décidé de renforcer leurs actions en faveur de la justice climatique. Ce mandat déterminant des syndicats de l’éducation a donné lieu au lancement de la campagne Enseignez pour la planète, appelant au déploiement d’une éducation de qualité au changement climatique pour toutes et tous.

Si l’on souhaite que l’éducation au climat devienne une réalité, il importe que les secteurs de l’éducation et de l’environnement travaillent ensemble et que l’éducation soit prise en compte dans les politiques climatiques, notamment dans le cadre des COP.

« Au-delà de cela, toute la société car ce sont bien les adultes qui décident de l’avenir que l’on veut donner à notre planète ».

Au-delà de l’école, le rapport d’Oxfam révèle que 26 des 50 droits fondamentaux sont menacés par l’inadaptation au changement climatique en France.

(1) Haut Conseil pour le Climat, 2 avril 2024. Lettre au Premier ministre pour réaffirmer l’engagement climatique de la France avec une trajectoire lisible et mobilisatrice
(2) EcoAct. 2023. Vulnérabilité des écoles aux changements climatiques : quels besoins d’adaptation dans les territoires ?

https://eco-act.com/fr/blog/ecoles-changement-climatique/
(3) Tarn-et-Garonne, Guyane, Gers, Charente, Lot-et-Garonne, Vienne, Indre-et-Loire, Loiret, Val-de-Marne, Paris, Seine-Saint-Denis.
(4) Il s’agit ici d’une valeur par défaut : ces 3.67 jours correspondent aux 1 % de l’année où le territoire connaît des températures excédant le seuil de température (ce seuil varie selon le territoire).

Pour aller plus loin

Photo d’en-tête : Photo prise à Düsseldorf, Allemagne – Source : Getty

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patricia.fetnan@gmail.com
3 mois

Enseigner la Vie, tout simplement !
Et , « Verbe » à plusieurs sujets, NOUS, élèves et enseignants .
«  Maintenant nous serons le vivant qui tisse et qui bruisse » , de la part de plusieurs générations d’enfants, ecoleducerisier.wordpress.com, page Récits , depuis les bancs de la maternelle et , « Le poète, il va venir nous voir ? » , du côté des CM.
« La maison brûle », ! C’est le FEU que l’on doit arrêter .
Le Souffle de l’ Eau de Vie de la parole pour que la Terre ne s’arrête pas de vivre .

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